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Liste des auteurs dont une ou plusieurs publications figurent sur ce site.
Sabina Spielrein est sur le devant de la scène, de nombreux ouvrages lui sont consacrés, son histoire alimente le cinéma et le théâtre. David Cronenberg s'empare du sujet dans l'un de ses derniers films : "A Dangerous Method". Mais qui est Sabina Spielrein, quel rôle a t'elle joué dans la période qui marque les premiers temps de la psychanalyse ?
Tout a commencé en octobre 1977 lorsque des documents manuscrits appartenant à Sabina Spielrein ont été retrouvés dans les sous-sols du palais Wilson à Genève, siège dans les années 1920 de l'Institut de Psychologie Jean Jacques Rousseau, lieu où elle a enseigné et conduit des analyses et des supervisions.
L'analyste jungien italien, Aldo Carotenuto, publie alors de longs extraits du journal et des lettres échangées entre Spielrein, Jung et Freud, dans un ouvrage traduit en français sous le titre "Sabina Spielrein Entre Freud et Jung".
Sabina Spielrein est amenée en urgence à l'asile psychiatrique Burghölzli de Zurich le 17 août 1904. Âgée de 19 ans, elle présente de nombreux symptômes "Rit et pleure dans un curieux mélange de comportements instinctifs; quantités de tics; rejette la tête en arrière, tire la langue ...(a)" qui relèvent de l'hystérie.
A cette époque la clinique psychiatrique de renommée internationale est dirigée par le professeur Eugen Bleuler. Elle regroupe près de 380 patients, dont s'occupent une dizaine de médecins et une centaine de surveillants / gardes malades.
L'hôpital Burghölzli à Zurich. |
A la fin de ses études de médecine, en 1900, Carl Gustav Jung intègre le Burghölzli en qualité de médecin psychiatre. Au moment de l'hospitalisation de Sabina Spielrein, Jung assure le remplacement du directeur Eugen Bleuler. A ce titre, il accueille la jeune patiente et réalise les jours suivants une anamnèse complète.
Les méthodes de l'école zurichoise de psychiatrie portent leurs fruits. Bleuler donne le ton "la patience, le calme et la bienveillance intérieure envers le patient, trois qualités qui doivent être absolument inépuisables(b)". C'est dans ce contexte que Jung mène ses entretiens auprès de Sabina, le traitement réussit, celle-ci quitte définitivement l'hôpital le 1er juin 1905 et entame des études de médecine. Figure dans son dossier médical la mention "La patiente quitte la clinique. Elle vit en ville de manière indépendante et va à l'université(c)".
La patiente Sabina Spielrein fait l'objet de nombreux échanges entre Freud et Jung, en témoigne leur longue correspondance. Les documents de Sabina Spielrein confrontés aux lettres échangées entre Freud et Jung éclairent les relations qui se sont établies dès la sortie du Burghölzli entre Jung et Spielrein.
A gauche Sigmund Freud, en bas à droite Carl Gustav Jung (1911). |
Jung exerce alors un suivi de sa patiente, mais très vite leurs échanges dépassent le cadre strictement thérapeutique : une relation passionnée s'instaure entre les deux protagonistes. C'est cette relation, courte et intense, qui est reprise, souvent amplifiée et exagérée, dans la plupart des productions qui s'appuient sur l'histoire de Sabina Spielrein.
Le dénouement est difficile, chacun se débat dans ses propres difficultés, auxquelles s'ajoutent pour ne rien simplifier, dans cette même période, les distensions entre Freud et Jung qui les mèneront à cesser toute relation à partir de 1913. De son coté, Sabina Spielrein correspond avec Jung jusqu'en 1918.
De gauche à droite : la mère Eva, Sabina, le père Nikolaï, ses frères Emil, Jean et Isaac. |
Elle entreprend dès sa sortie de l'hôpital psychiatrique des études de médecine. Sa thèse, publiée en 1911, "est une étude de cas convaincante et un réel travail de pionnier dans l'étude de la psychose. Ce travail prouve sa sensibilité linguistique et son talent pour saisir et déchiffrer les processus inconscients. Sur le contenu psychologique d'un cas de schizophrénie (dementia praecox) est aussi la première thèse d'orientation psychanalytique écrite par une femme(d)".
Psychiatre et psychanalyste à son tour, elle est l'une des premières femmes à intégrer le cercle uniquement composé d'hommes qui entoure Freud à Vienne, en 1911, où elle participe aux fameuses rencontres du mercredi. Elle exerce dans des conditions difficiles, se déplace à Berlin, Lausanne, Genève pour revenir dans son pays natal, à Moscou dans un premier temps et à Rostov sur le Don son lieu de naissance.
Elle publie en 1912 un travail remarquable "La destruction comme cause du devenir", anticipant les écrits de Freud quelques années plus tard dans son oeuvre "Au-delà du principe du plaisir". Sabina Spielrein a inspiré par ses réflexions et ses travaux (analyse de l'enfant), non seulement Jung et Freud, mais également Mélanie Klein, Anna Freud, Jean Piaget, Donald Winnicott...
Sabine Richebächer dresse un portrait de Sabina Spielrein (e) :
Elle énumère ensuite les domaines principaux où Spielrein est intervenue :
Christian Gaillard, analyste jungien qui oeuvre depuis de nombreuses années pour le rapprochement entre les analystes jungiens et freudiens, très touché par le vécu de Sabina Spielrein, écrit :
"J'étais impressionné, bien sûr, par le terrible destin de cette femme. Par la place qu'elle a tenté de prendre dans le débat, et parfois les combats, entre Freud et Jung. Par les difficultés, les heurts et les ruptures de sa vie entre sa Russie natale, Zurich, Berlin, Lausanne, Genève, Moscou, puis à nouveau Rostov. Et surtout, finalement, par son meurtre en Russie par les troupes nazies, et par la disparition presque complète de son oeuvre, presque jusqu'à nos jours.(f)"
Nous vous invitons à consulter cette biographie succincte ainsi que les ressources suivantes :
Une plaque commémorative a été posée sur la façade
de son domicile, au 83 de la rue Pushkinskaya à Rostov sur le Don, en sa
mémoire. Il est indiqué qu'elle était psychanalyste, étudiante auprès de Jung et de Freud. |
Sabina
Spielrein, une oeuvre pionnière, un destin singulier - Le Coq-Héron, no 197 2009
Textes issus d'un colloque qui s'est tenu
les 19 et 20 avril 2007 en Suisse.
Sabina
Spielrein Entre Freud et Jung
Journal, lettres, articles et premières interprétations.
Sabina
"la Juive" de Carl Jung
Documents inédits et analyse d'Alain de Mijolla.
Sabina
Spielrein - Sabine Richebächer
Ouvrage de référence, en allemand seulement.
Mon
nom était Sabina Spielrein
Documentaire de référence.
Biographie de Sabina Spielrein
A Dangerous Method de David Chronenberg : entretien avec Giovanni Sorge
Sabine Spielrein entre Freud et Jung
DVD Mon nom était Sabina Spielrein
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