On a longtemps cru que la correspondance entre Freud et Jung n'avait pas été conservée, alors qu'elle l'était, et avec le plus grand soin, par les deux interlocuteurs : en une liasse bien ordonnée dans le cabinet de Freud, et, par Jung, dans une "cache" personnelle dont il portait la clé sur lui.
La publication des lettres fut ensuite sans cesse différée, Jung se montrant d'abord franchement opposé, puis réticent et contradictoire. Il fallut de longues négociations avant que l'édition n'en soit finalement confiée à un "neutre", un universitaire américain, William McGuire, qui s'engagea à ne faire de commentaires qu'historiques.
Ce silence, ces atermoiements, cette prudence disent à eux seuls que l'enjeu de l'intense activité épistolaire (360 lettres échangées en l'espace de huit ans) n'est pas seulement ici la confrontation de deux pensées accentuant peu à peu leurs divergences, mais une relation où les préoccupations politiques touchant la reconnaissance et l'expansion de la "cause" s'intriquent avec les conflits inconscients des protagonistes : relation difficile, chargée d'ambivalence, entre deux hommes également déterminés et vigilants.
Le secret qui a longtemps retardé - refoulé - la publication d'un document assurément capital pour l'histoire des idées n'est que l'écho d'un roman dans lequel Jung et Freud on été passionnément engagés.
Une partie des lettres d'Emma Jung, adressées à Freud, figurent dans cet ouvrage.
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