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Le savoir acquis par la méthode scientifique nous rapporte ce qui est visible et mesurable de l’humain dans le moment de son présent ou de son passé (comme la théorie psychanalytique, par exemple) et par l’intermédiaire d’une relation unidirectionnelle.
Il n’y a pas ou très peu de réciprocité, de dynamique relationnelle dans ce contexte de recherche.
De la part du sujet étudié, il y a un comportement, des actions ou des paroles qui se manifestent ou s’expriment et de la part du chercheur, il y a une analyse appliquée grâce à une grille, à un référent théorique préétabli ou encore en référence à des concepts ou des lois qui se sont de surcroît cristallisés au point parfois de devenir dogmatiques dont il est interdit de critiquer même positivement en suggérant un simple questionnement sans être menacé de recevoir un petit coup de bâton de bambou!….).
Cette analyse explique le comportement ou le phénomène humain qui se montre. Il est ensuite évalué, mesuré selon la norme, les critères de ces référents. Si par malheur, le sujet démontre des comportements ou des paroles qui sont non conformes à nos présupposés scientifiques, philosophiques ou théologiques, il sera jugé péjorativement. Ce procédé étant ainsi ordonné dans un souci d’objectivité.
Ce que nous démontre là, la méthode scientifique est une vérité de l’être humain, mais une vérité statique à propos d’un sujet observé dans son état également statique, par un autre être humain tout également
statique.
Hors, l’être humain est avant tout un être vivant. Qui dit vivant, dit mouvement, transformation, évolution. Encore plus primordial : la vie suppose la relation. La vie est relation. Sans présence de relation, c’est la mort. Pas de relation avec un tu, pas d’existence d’un je.
La méthode et le savoir scientifique ne nous montre pas cela qui est l’essentiel de l’être humain et conséquemment ne nous donne aucun savoir utile pour vivre sa vie en transformation, en devenir. Elle nous donne un photographie en noir et blanc, un portrait artificiel de l’être humain alors que nous cherchons, nous revendiquons
même un cœur rouge de sang chaud qui bat!
Si l’essentiel de la nature humaine se crée dans et par la relation la relation avec lui-même, avec l’autre, avec le monde, c’est dans et à travers ce lieu de rencontre qu’il nous faut chercher la vérité et non dans la distance froide du scientifique qui ne voit que la semence enfouie en terre.
Heidegger nous dit :
« …croître signifie : s’ouvrir à l’immensité du ciel, mais aussi pousser des racines dans l’obscurité de la terre;
que tout ce qui est vrai et authentique n’arrive à maturité que si l’homme est disponible à l’appel du ciel le plus haut, mais demeure en même temps sous la protection de la terre qui porte et produit. »
(12)
Les bras tendus vers le ciel, mais les deux pieds bien ancrés en terre. Entre le ciel et la terre, il nous faut respecter leur mystère. (origine étymologique du mot mystique : gr. mustès
=mustikos : mystère, initiation toute intérieure au mystère).
Il nous faut regarder la vie qui fera grandir cette graine en une fleur. Il nous faut même déjà voir la fleur. Et pour ce faire, il nous faut entrer dans le courant de cette énergie qui se meut dans ce lieu, dans ce rapport à nous-mêmes, à l’autre, au monde.
Bin Kimura ( b.1931) un psychiatre
d’origine japonaise d’approche phénoménologique a présenté l’hypothèse d’un concept nommé entre, en
japonais : aida. Il le définit comme :
« L’espace déployé historiquement où le soi se rencontre lui-même, rencontre autrui et le monde en se fondant sur le flux vital. »
(13)
Il nous faut regarder au-delà de ce que nous voyons avec nos sens humains pour voir l’essence de l’humain.
Il y a une autre vie très puissante qui fait grandir la vie humaine que nous ne percevons pas avec nos petits yeux.
Penser, c’est voir disait Heidegger. Et j’ajouterais, voir, regarder, c’est aimer.
Il nous faut aimer l’être humain pour le voir dans sa vérité. Pour bien le voir ainsi, il ne faut ni avoir les yeux trop secs, ni trop remplis de larmes : dans les deux cas, on n’y verrait rien. Il nous faut des yeux juste larmoyants.
Il n’y a que notre cœur qui puisse faire couler des larmes.
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Colloque Anthropologie et Spiritualité, Université de Sherbrooke, Faculté de Théologie, d’Éthique et de Philosophie, Octobre 2004
Considérations épistémologiques
Considérations sur le devenir humain
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