1989 : la lettre de mars

La Femme traverse de nombreux états, suivant son âge, physique ou mental : jeune fille (autour de 17 ans), elle est Artémis/Diane : encore dans l'ignorance, elle séduit, court toujours, refuse la relation durable, profonde, chasse et fuit tous les hommes : l'animus conquérant est inconscient. Entre 17 et 25 ans, elle est Aphrodite/Vénus : s'épanouit dans le plaisir ; c'est la passion. Entre 25 et 40 ans, elle est Déméter/Cérès : met au monde, nourrit, récolte ; c'est l'abondance. A partir de 40 ans, elle tisse les liens entre humains, constate la relativité des choses : Hécate, elle préside au rite de passage entre la vie et la mort.

Chaque femme incarne une de ces facettes de la Grande Mère Cosmique, base de toute manifestation. Nous avons affaire à Elle pendant les périodes de souffrance afin d'y puiser des possibilités nouvelles, car elle est réservoir énergétique, possibilité de ressourcement qu'il nous faut d'abord trouver, mais ensuite apprendre à fuir : il pourrait nous engloutir, telle la baleine, Jonas.

La première étape du processus d'individuation est l'enfermement dans la fusion avec la mère (voir l'ouroboros) ; nécessaire au narcissisme sous peine de morcellement. Afin d'en sortir; apprenons à briser ce cercle enchanteur mais mortifère.

Quatre solutions s'offrent alors :

1. s'identifier à la mère par la violence sanguinaire (l'Amazone viriloïde), ou s'identifier à l'animus de la mère d'où naissent les héros (Jeanne d'Arc) ;

2. vivre entre femmes (homosexuelles, hyperféminines) ;

3. au-delà du sacrifice (mourir à la mère, c'est un peu mourir à soi), s'identifier à l'anima du père, c'est la solution la moins négative ;

4. s'installer dans la conjonction du masculin et du féminin (Logos + Eros) : c'est la solution positive.

La souffrance possède un aspect positif qui nous permet d'aller au fond de nous, elle est une fonction capitale d'éveil, créatrice de liberté. En nous aidant à nous détacher (par les déceptions), elle nous oblige à une meilleure compréhension de son origine, d'où une meilleure réparation de soi : la révolte-jugement n'a pas de sens car elle s'oppose à l'archétype de la Grande Mère Cosmique (bonne et mauvaise) ; elle nous demande de réduire en nous et autour de nous les sources de questionnement.

Alchimiquement vôtre,
Rolande Biès

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