Alchimie
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Article
Une et multiple, la femme selon C.G. Jung
3/5
par Rolande Biès
Quelle que soit la catégorie à laquelle appartient une femme, elle sera de nature plutôt extravertie ou plutôt introvertie.
L'Extravertie attend tout du dehors vers lequel elle se tourne incessamment. Elle parle plus qu'elle n'écrit : elle est verbomotrice. Elle a le contact facile ; il lui est nécessaire. Elle se plaît à tout ce qui relève de l'extérieur, quitte à verser dans le seul paraître, à s'en contenter. Cette attitude a besoin d'un correctif.
Voici un rêve : "Je suis chez moi, dit Françoise, dans la salle d'accueil ; mais ce chez moi est une auberge. Je me rends dans ma chambre ; une femme est couchée sur mon lit : 'Que faites-vous là ?', lui dis-je. - "Je viens vous protéger". Je n'en crois rien, je la gifle ; elle part en pleurant. Un petit garçon apparaît, puis une fillette aux mains sanglantes."
Ce rêve, plein d'enseignement, a aidé la rêveuse à transformer la vision qu'elle avait de sa vie et lui a soufflé la façon de s'y prendre. En effet, nous ne pouvons vivre tout le temps dans une auberge où passent sans cesse de nouveaux voyageurs, nous avons besoin d'intimité, où des amis choisis viennent à notre invitation, ou après s'être annoncés.
Notre chambre est un lieu encore plus intime. Une facette inconnue de la rêveuse est couchée, sans gêne, à sa place, assurant qu'elle est sa protectrice. En réalité, cette facette lui révèle qu'elle se conduit d'une façon incongrue : elle oublie de s'occuper de son mari pour se consacrer à beaucoup d'autres êtres qui lui sont étrangers, au risque de se disperser. La gifle marque le rejet de cette part d'elle-même. Le mal serait sans remède si n'arrivait le petit garçon. Le garçon est toujours entreprenant. C'est pour la rêveuse l'apparition d'un jeune animus qui l'incite à faire quelque chose pour elle-même, de quoi, probablement, créer avec ses mains, la femme ayant besoin de les occuper par des travaux qui laissent "phantasmer" l'animus.
Elle constate enfin que la fillette a elle-même les mains en sang. Aurait-elle été maltraitée ? Non, mais c'est l'animus négatif qui lui parle de façon sanglante (la femme a toujours une relation profonde avec le sang), de façon à ce qu'elle cesse de contrarier en elle quelque chose qui veut naître.
Cendrillon moderne, l'Introvertie préfère, quant à elle, rester à la maison. Peut-être par peur des autres. Elle attend le retour de l'époux, la naissance de l'enfant, la cuisson du plat, le séchage du linge. Elle attend, et elle est le temps, comme l'homme, au loin, est l'espace. La mort du père ou du mari libérera peut-être sa parole, mais sa nature profonde la prédispose à la vie intérieure.
Rêve : "Je suis chez moi, raconte Isabelle ; je refuse de sortir. De ma fenêtre je jette une bouteille vide sur la tête de mon prétendant. Mon père est à côté de moi ; il a un visage fermé des mauvais jours. La robe blanche que je désir pour me marier n'est plus celle que j'ai choisie : elle est de bure sombre, presque noire. Je m'achemine seule sur un chemin de pierres vers le couvent."
Un tel rêve a-t-il besoin d'être interprété ? Remarquons seulement que la femme ne quitte sa maison que pour une maison encore plus fermée ; elle ne se rend pas au couvent par vocation religieuse, mais par sentiment d'échec. La bouteille vide (c'est encore heureux !) est le symbole de la féminité, comme tout contenant. Elle en fait une arme offensive. Le père l'a rendue muette.
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