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Pierre Solié nous confie ses dernières pensées dans cette édition établie, préfacée et poursuivie par Michel Cazenave.
Le manuscrit de ce livre a été confié par Pierre Solié à son ami Michel Cazenave. Selon les instructions de Pierre Solié, Michel Cazenave l'a édité, préfacé, en ajoutant quelques textes qui précisent les contours de la personnalité de ce psychanalyste de renom que fut Pierre Solié.
A propos des dernières pensées de Pierre Solié, Michel Cazenave indique : "Ce ne sont pas là seulement les rêveries d'un homme devant l'épreuve finale, mais la façon la plus lucide dont il tente de s'y affronter, et ce qu'il avait retiré d'une vie de soins toutes dévoués aux autres."
Voici quelques extraits :
"La justification de la vie, c'est la vie.
Si elle est souffrance, il faut justifier celle-ci - par la
vie ! - et donc aussi par la mort !"
"Nous sommes venus ici par la volonté du hasard et de la nécessité.
Nous n'en partirons que par nécessité, mais avec un peu moins de hasard."
"La vie est un si frêle esquif que de temps en temps des lames de fond déferlent : l'éternité dans le temps, le néant dans l'être. Toute erreur contient sa vérité - c'est-à-dire son contraire."
"La santé est un état enviable, mais précaire, qui ne présage rien de bon."
"N'aurai-je passé ma vie à combattre des dragons, c'est à dire, dans la plupart des cas, des moulins à vent ?"
"Une psychanalyse consiste à rendre fou son patient : à lui faire prendre conscience de sa folie cachée, réprimée, interdite ..."
"Un mythe raconté par un fou, est un délire.
Par un poète, c'est une fable.
Par un savant, c'est une métaphore
et par un prophète une religion.
Est-ce peut être pourtant le même mythe."
"J'ai beaucoup guéri autour de moi - mais beaucoup moins en moi. Serait-ce là que se trouve le sacrifice à ce métier ?"
"Je connais des confrères qui ont guéri tout autant que moi autour d'eux, et qui semblent avoir guéri à l'intérieur d'eux-mêmes.
On est obligé, pourtant, d'y regarder de plus près. En fait, ce sont leurs proches qui en ont eu la souffrance - qui ont supporté le sacrifice.
Ce qui signifie aussi bien qu'ils ne s'étaient pas "soignés" du tout. Ils ont évité d'affronter leur dépression intérieure. Ils n'ont pas accompli le deuil de l'omniscience - de l'omnipotence illusoire.
D'ailleurs, ils n'ont même pas conscience du mal qu'ils ont fait vivre à leurs proches.
S'occuper du prochain, si souvent, cela consiste si bien à ignorer ces proches ! ..."
Dans la dernière année de sa vie, alors qu’il était atteint du cancer qui allait l’emporter - et alors qu’il n’y nourrissait aucune illusion - Pierre Solié n’a cessé de noter les "pensées" qui le traversaient par rapport à ces années de pratique, et à l’épreuve à laquelle il devait faire face.
Peu avant sa disparition, il avait confié ce manuscrit à Michel Cazenave, qu’il considérait un peu comme son frère cadet, en lui indiquant comment il devait traiter ces notes éparses, et en lui demandant d’ajouter certains textes de son cru qui permettraient de comprendre l’enjeu et les dimensions de son expérience de psychanalyste jungien.
Après des années de silence, c’est ce manuscrit que M. Cazenave s’est enfin décidé à livrer au public, considérant que P. Solié était l’un de ceux qui avait le plus profondément revisité l’œuvre de Jung, tout en restant ouvert à toutes les réflexions de notre modernité.
Pierre Solié (1929-1993), médecin généraliste, puis psychanalyste jungien, conférencier, est également l'auteur de nombreux articles et de nombreux ouvrages.
Plusieurs rencontres consacrées à Pierre Solié ont été organisées à l'Abbaye de Sylvanès.
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