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Notre habitude est de concevoir le temps selon un seul état, comme s’il était indivisible et ne pouvait jamais varier. Pour la relativité générale, il s’agit d’une complète aberration. On peut considérer le temps selon des états différents, quoiqu’en soi-même il ne puisse changer car il est le moteur de la Création de toute éternité. Alors rien ne sert de courir, il faut partir à point.
On ne peut rien en dire car elle n’est pas encore incarnée. C’est le Temps de Shiva, d’Ouranos, le Temps de Dieu ou du Tao, le Temps de l’Étant ou de l’Atemporalité… qu’importe son nom. Un événement cataclysmique s’est produit il y a quelque 13,7 milliards d’années selon la science : le big-bang. Pour l’Éternité, ce laps de temps est insignifiant mais à l’échelle humaine il est faramineux. Deux questions surgissent : le comment et le pourquoi ?
a. Le comment ?
Comment l’Espace-matière a-t-il pu jaillir de l’Éternité, sinon par une brisure de symétrie initiale opérée intentionnellement sur Elle-même et qui l’inversa en son contraire ? C’est le mythe du dieu s’immolant pour se faire chair, tels le Pángǔ (盘古) chinois, le Purusha hindou, l’Ymir nordique ou le Christ se sacrifiant pour l’humanité afin de racheter le péché originel.
Une version plus élaborée du sacrifice du divin met en jeu un Couple primordial autour de la vie, la mort et la renaissance. Dans le tantrisme, Shakti se tient à califourchon sur Shiva (on le dit mort) et soutire son sperme pour mettre en branle la roue de la Création par sa danse. Isis reforme le phallus d’Osiris pour pouvoir être fécondée par lui et engendrer le nouvel Horus. Aphrodite née des organes d’Ouranos jetés à la mer par Cronos procrée tous les êtres vivants.
Ces mythes formulent plus clairement la façon dont l’inversion de l’Éternité en son contraire s’est concrétisée grâce à l’intercession de l’énergie créatrice d’une Déesse-mère, l’infinitude de son espace hospitalier permettant l’essor de la vie. On visualise ainsi le passage de l’Étant aux étants, du noumène au phénomène, du transcendant à l’immanent. Hélas, la mort rôde…
On en déduit qu’au sein de ce dessein grandiose puisse exister une Intention primordiale qui se cherche elle-même dans la Création. Jung laisse souvent entendre que le Créateur désirait devenir conscient de Lui-même. Nous pauvres humains serions donc un des ces maillons (pas le dernier sans doute) dépositaires de ce projet. D’où l’oracle inscrit au portail de Küsnacht :
Vocatus atque non vocatus deus aderit
Invoqué ou non invoqué dieu sera présent
Cet oracle de Delphes fut prédit aux Lacédémoniens partant en guerre contre Athènes. Pour Jung il signifie : bons et/ou mauvais, heureux et/ou affligés, conscients et/ou inconscients, faibles et/ou forts, croyants et/ou mécréants, fidèles et/ou infidèles, tous les humains, qu’ils le sachent ou non, seront à jamais aimés par la Déité, et ce jusque dans le mystère de la mort.
L’Éternité s’inverse donc pour s’incarner en l’Espace sous la forme d’un Temps fécondant et ubiquitaire qui est partout à la fois et nulle part ailleurs qu’ici, à la façon quantique. Ces deux dimensions ne sont plus désormais désolidarisables, prises dans un même continuum (c.-à-d. une syzygie). Après l’Atemporalité voici la Temporalité qui, pour incarner l’Intention primordiale de l’Éternité, doit passer par son inverse : l’Espace-matière. Celui-ci met la Temporalité en orbitation pour l’incarner sous la forme d’un Temps cyclique.
L’Éternité s’incarnant en le continuum Espace-Temps
Le tableau de gauche représente l’Éternité : Aeternitatis. À droite, c’est la brisure de symétrie initiale à l’origine de la Création.
La lumière rouge et aveuglante (yáng) du paysage martien s’oppose à l’ombre douce et étoilée (yīn) du paysage terrestre.
La pierre en position verticale tel un phallus dressé symbolise l’Esprit du père qui désire rejoindre le biberon de verre vide, en position horizontale, symbole maternel, en attente d’une Annonciation, pour s’incarner en lui et le féconder de son lait spirituel.
De leur jonction naît la brisure de symétrie initiale qui va renverser ce Tout inconnaissable en gardant les mêmes éléments.
Le verre du biberon se change en sablier et prend la forme d’un X, c.-à-d. d’un
chiasma. C’est l’incarnation des deux dimensions de Temps et d’Espace, désormais en copulation, tel le continuum espace-temps. Avant cela, elles étaient fusionnées en le Tout.
Le sablier permet l’écoulement du temps incarné (chronorrhée) sous la forme d’une coulée de silice. Mais dans le vase ovoïde inférieur
brisé, elle se transforme en un niagara formant l’océan d’où sortira la vie. Le sablier aussi se tient en position verticale (introversion). Il contient dans sa partie supérieure la pierre (c.-à-d. l’Esprit du père), désagrégée en sable et finalement liquéfiée.
L’Esprit du père paraît donc avoir disparu corps et biens dans l’océan en position horizontale (extraversion). Il le faut car c’est à l’Espace de Le dévoiler par ses productions qui révèleront l’avancée du Temps. Celle-ci est possible via l’abouchement des deux triangles du sablier qui en se croisant forment la diversité des contraires. Le trilobite (le 3 sort du 2) est un clin d’œil de l’artiste.
Tout ce qui est matériel-maternel se voit donc soumis à la périodicité : le spin des particules, les électrons, les constellations, le système solaire, la terre, la rétroaction, le karma, les règles. Cet éternel retour assure la pérennité de la structure orchestrée par l’Espace qui implémente dans le concret le projet de l’Intention primordiale. L’incarnation du Temps se maintient via la morne répétition du quotidien, mais en fait la matière ne cesse d’évoluer suite à la tension énergétique existant entre les opposés (leur fusion sereine ne se conçoit bien qu’en l’Éternité).
C’est pourquoi unifier la mécanique quantique et la relativité paraît si inaccessible. Il s’ensuit que la gravité quantique est sans doute hors de notre portée. « Dieu joue aux dés » dans l’Espace, mais jamais dans le Temps. La raison en est que Dieu étant antérieur à tout est Soi-même l’Éternité qui, pour un motif à considérer, s’est incarné en un temps relatif porté par l’Espace. À la chapelle Sixtine, Michel-Ange peint la naissance d’Adam (le Temps incarné) par Dieu, mais il laisse encore subsister en Lui la naissance d’Ève qui se présente tel l’Espace.
Il arrive qu’au sein de cette structure le Temps ubiquitaire résurge aléatoirement, provoquant parfois une novation au niveau individuel, collectif, ou pour la Création tout entière. Pensons par exemple à l’explosion rapide du règne animal au Cambrien, à l’arrivée des mammifères ou à l’émergence de l’homme sur terre. Ce n’est plus le Temps cyclique strictement répétitif révélé par l’Espace mais le Temps vectoriel reflétant par ses avancées innovantes et créatrices l’Intention primordiale qui anime en sous-main la Création.
Fondamentalement imprévisible, il se manifeste à rebours du Temps cyclique prévisible sous la forme de crises intenses, individuelles, collectives ou pour toute la Création. Pensons aux cinq extinctions massives durant l’évolution du vivant et à la sixième actuelle provoquée par l’homme. À cet égard, l’impression dominante est que la Nature désire concrétiser l’Intention primordiale, dût-elle se tromper parfois ou bien retourner en arrière afin de mieux rebondir…
Lorsqu’on associe le Temps cyclique porté par l’Espace au Temps vectoriel qui parfois résurge au hasard dans la matière, on obtient le Temps hélicoïdal, une sorte d’hélice qui progresse en tire-bouchon, d’une incommensurabilité monstrueuse, pointée vers l’Intemporalité (opposable à l’Atemporalité), semblable à la question des fins dernières ou au point Oméga de Teilhard. Le phénomène humain a sans doute un rôle à jouer dans cette folle aventure eschatologique et abracadabrantesque, pourvu qu’il puisse lui donner un sens…
C’est un point singulier placé sur la trajectoire du Temps hélicoïdal, au carrefour du temps cyclique et du temps vectoriel. À l’inter-sexion de l’avant et de l’après, il se révèle entre la morne répétition d’un passé dépassé et le fol espoir d’une novation future. L’éternel présent de M. Éliade signifie le retour du même du Temps cyclique maternel mais il faut coupler celui-ci au Temps vectoriel paternel qui résurge du tréfonds de l’inconscient pour nous inscrire dans le Temps vertical glorieux de l’Intention primordiale en route vers la mort.
Hormis l’Éternité à jamais inconnaissable (sauf après la mort ?), les Temps cyclique, vectoriel et hélicoïdal vécus ici-bas s’intriquent pour former un seul Temps qui d’un côté maintient la permanence de la Création tandis que de l’autre une novation aléatoire la fait parfois évoluer.
Une approche culturelle de ces divers temps imbriqués se trouve dans la vision du Temps des anciens Grecs. Il y a d’abord Ouranos (l’Éternité), Cronos (le Temps incarné), Aïon (le temps éternellement cyclique) et enfin Kaïros (le temps du vif présent). (On doit saisir que l’Ouranos castré par Cronos est sans rapport aucun avec le complexe de castration freudien. Ces images archaïques traitent de l’Origine du Temps et du Monde, pas des craintes d’un moi individuel).
Suite à la castration d’Ouranos par Cronos et du jet de ses organes génitaux dans la mer il naît de son sperme (écume) la Déesse-Mère Aphrodite qui donne naissance à toutes les créatures.
Entre Ouranos invariant et Cronos changeant, surgit Aphrodite née de leur renversement. En tant que Magna Mater, elle accueille dans son Espace hospitalier le Temps qui s’incarne en de profuses créatures. Elle garantit donc la pérennité de la structure du vivant par le procédé de l’orbitation qui permet à intervalles réguliers le retour permanent du même (la répétition).
Au vrai, ce n’est qu’un quasi-même car le Temps vectoriel animé par l’Intention primordiale pèresiste à délivrer aléatoirement du sens, induisant la structure à évoluer par la destruction et la mort. Dans cent millions d’années, soleil et lune seront différents car notre astre brûle son hydrogène et notre satellite s’éloigne de la terre. Et de nous pauvres humains, qu’en sera-t-il ?
Les deux acteurs et attracteurs de l’univers sont désormais en place pour former une syzygie et entamer une danse fantasmagorique où la Beauté de l’Illusion a pour mission impossible de révéler la Vérité de l’Éternité inconnaissable qui veut se contempler dans ce miroir. Aphrodite est l’extraversion cyclique (axe horizontal) et Cronos l’introversion vectorielle (axe vertical).
L’union du temps cyclique implémenté par l’Espace (Aphrodite) au temps vectoriel résurgent (Cronos), qui fortuitement force la structure en place à s’organiser autrement (novation), va donner le Temps hélicoïdal que l’Antiquité appelait Aïon. Entre le passé et l’avenir, le Temps d’Aïon n’est ni quotidien ni familier (jour/nuit, saisons). Il déploie son action en de très larges spirales et sur des cycles de temps infinis, tels les kalpas, les éons ou les mois platoniciens.
Les figures courantes d’Aïon montrent un jeune homme torse nu entouré d’un orbe sur lequel on voit les 12 signes du zodiaque. D’autres le représentent avec une face de lion farouche, un serpent enroulé autour du corps (du côté dextrogyre ou du côté lévogyre) dont la tête finit sur le crâne du dieu. Il a une paire d’ailes et tient dans ses mains un sceptre, des clés ou la foudre. L’orbe zodiacal et le serpent spiralé disent tous deux l’union du Temps cyclique et vectoriel.
Aïon apparaît souvent avec une Déesse-Mère telles Tellus (la terre), Cybèle (la nature), Cérès (la fertilité) ou dans les religions à mystères (l’orphisme). Voir Aïon près de la Magna Mater n’est pas un hasard puisque c’est elle qui incarne le Temps cyclique. Comme l’indique le serpent à droite ou à gauche, Aïon est le Temps hélicoïdal qui sempiternellement déroule ses spirales dans l’infinitude spatiale des constellations du zodiaque. Mais, il n’est pas l’Eternité.
Il reste un dernier Temps, difficile à décrire précisément car il est insaisissable : le présent. Il n’offre d’habitude aucune vraie singularité tant il est fugace et anodin entre un état antérieur et un autre postérieur. On le laisse filer… Mais parfois la présence d’un présent distinct des autres impose à la conscience le choix d’une action efficace et décisive maintenant ! Ce n’est plus l’instant banal du Temps mais la vividité d’un à présent signifiant à saisir sur-le-champ.
Jadis, les anciens Grecs nommaient kaïros ce vif présent qu’il fallait happer au bon moment sous peine de ne jamais le voir se répéter au cours du Temps. On le figurait en jeune homme avec sur le haut du crâne une touffe de cheveux à empoigner promptement pour s’emparer de l’instant opportun librement offert, à condition bien sûr d’avoir assez de toupet pour le faire.
Il existe parfois dans la vie des instants propices à bien discerner ou des tournants décisifs à ne pas rater qui nécessitent d’avoir le sens de l’à-propos pour agir au bon moment. Kaïros est cet espace de temps pertinent qui concernait divers domaines : arts, médecine, guerre, morale, etc. Son action pouvait changer le cours des événements ou retourner une situation, cela ne tenant souvent qu’à un cheveu que le spécialiste savait repérer et tirer, grâce à son expérience.
Que kaïros symbolise l’efficacité d’un instant opportun signifie qu’il est lié peu ou prou à la fonction de sensation concrète qui nous permet de sentir le présent ici et maintenant. C’est le critère par excellence. Instant d’une action ponctuelle unique en son genre, il ne détient ni la causalité verticale et roide du Temps vectoriel de Cronos (passé-présent-futur), ni l’ampleur vertigineuse des cycles astronomiques, zodiacaux ou universaux du Temps hélicoïdal d’Aïon.
Les Japonais n’ont pas une conscience très aiguë du Temps en soi en rapport avec le sujet (cf. l’Âme japonaise). Ils n’aiment pas qu’une situation se prolonge trop dans la durée et préfèrent des instants brefs et intermittents à la pérennité du temps vécu. À l’inverse, le temps maternel cyclique est plébiscité sous la forme d’un retour public du même, formaliste et conventionnel.
Il existe en japonais la notion de ma 間 : le caractère représente une porte à deux battants 門 (yīn = l’espace génère) avec au centre le soleil 日 (yáng = le temps féconde). Ce sinogramme entre en composition avec celui du temps (jikan/時間) et de l’espace (kûkan/空間). Jadis, le temps (時) était donné par la cloche du monastère (寺) en fonction du soleil (日). Le caractère de l’espace (空) renvoie pour sa part au ciel, au vide, à un blanc, à une absence fondamentale.
Quant à ma, comme sa graphie le suggère, il désigne d’abord un intervalle entre deux choses (l’espace) ou deux moments (le temps). Ma se réfère donc au présent vécu ici et maintenant, c.-à-d. là où l’on se tient présentement. Le là où (ici) est très valorisé au Japon : c’est tel lieu, tel endroit, telle enceinte (ba.sho/場所) où se déroule notre existence. Le présentement (maintenant) évoque le fait d’être là (i.ma/居ま) à tel instant situé à l’intervalle du passé-futur.
Ma joue le rôle d’une zone tampon au sein du continuum spatiotemporel à quatre dimensions. Il manifeste certes une présence, une incarnation, mais il doit être absolument contextualisé. Il ne renvoie donc pas au concept universel abstrait du présent (nommé officiellement genzai/現在 existence actuelle), ne s’opposant ni au passé ni au futur. Ma est plutôt une suspension, une respiration, une pause, une attente, un silence signifiant dans le cours des choses et du temps.
À la jointure de l’espace et du temps ma est un intervalle vacant en lui-même, situé au mi-tan du temps et au mi-lieu de l’espace, attendant qu’un sens lui soit enfin attribué par les humains. C’est aussi un entre-lien articulé aux relations sociales dans un certain environnement. C’est pourquoi ma et kaïros incarnent un moment singulier se reflétant dans les arts élaborés par la culture : peinture, musique, danse, théâtre, architecture, art de la guerre, art floral et culinaire.
Il existe donc une parenté entre le kaïros grec et le ma japonais car tous deux renvoient à un entre-deux temporel inscrit dans un milieu spatial, c.-à-d. dans un espace de temps incarné en le présent. Kaïros et ma sont des moments particuliers qui suspendent le cours du continuum spatiotemporel afin d’actualiser un vide révélant brièvement ici-bas la présence de l’Éternité qui, figée un instant dans le continuum espace-temps, devient soudain perceptible aux sens.
Le Japon et la Grèce antique semblent posséder des traits psychologiques et une configuration de caractère assez similaires (cf. notre article). La comparaison entre kaïros et ma montre que la sensation comme fonction de révélation du Temps importe à ces deux cultures. Toutefois, une approche plus spéculative du Temps par la pensée fut longtemps négligée au Japon qui resta longtemps isolé du monde, ce qui ne favorisa guère l’importation de concepts nouveaux.
En contrepoint du kaïros grec et du ma nippon, qui tous deux renvoient à la présence ici-bas de l’à présent, c.-à-d. à la manifestation d’un temps révélé via la fonction de sensation, il faut aussi évoquer le rôle joué par la fonction d’intuition dans la course incompressible du Temps.
Parmi les quatre fonctions psychologiques dans l’architectonie de la psyché, l’intuition est la première de toutes mais aussi la plus mystérieuse dans son mode opératoire. Irrationnelle, elle délivre des messages sibyllins (cf. la pythie de Delphes) ou bien elle reste coite jusqu’au bout.
Toutefois, elle paraît posséder une sorte de prescience des objectifs et des directions à prendre au long cours, dût-elle d’abord détruire pour construire. Elle aurait le pouvoir de pressentir vers quelle direction l’Intention primordiale doit se diriger, s’efforçant de l’accomplir depuis l’Origine (à cet égard, intention et intuition sont paronymes en français). Compte tenu de ses facultés, on pourrait la voir comme le vecteur invisible et secret de l’évolution (passé > futur).
Le hic pour l’intuition c’est qu’elle doit déléguer à la sensation (son inverse) la concrétisation de ses projets visant à développer la matière, le vivant, la psyché... Ces deux fonctions étant irrationnelles et opposées, il est facile de les confondre ou d’intervertir leur mode opératoire. Ainsi, on peut voir dans kaïros et ma la marque de l’intuition alors qu’il s’agit de la sensation.
Au niveau individuel, l’intuition téléguide l’être dans ses choix de vie pour le faire advenir au plus intime de lui-même, c.-à-d. son âme. Soyez ce que vous avez toujours été, disait Jung. On ne peut mieux décrire la vérité portée secrètement en chacun de nous par l’intuition dans son rapport à l’Éternité. C’est donc l’acceptation consciente d’une destinée qui nous ressemblera.
Comme elle oblige l’être à avancer au sein du temps vers sa vérité individuelle, elle le conduit aussi le plus sûrement à son trépas. Mourir est notre destin. Mais ignorer cette sentence nous condamne d’emblée à l’inanité. L’intuition nous force à aimer la mort pour désirer l’au-delà !
La mort dans les rêves est représentée tel un festin, un voyage, un départ, jamais telle une fin en soi. C’est une renaissance en un monde autre qui de nous espère avoir conscience du sens final de la vie. Il faut croire en notre âme pour être ce que notre destinée fut de toute éternité.
Jean-Claude JUGON - Décembre 2018
Cet hommage à Jean-Claude Jugon retrace son parcours et ses travaux de recherche.
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