1990 : la lettre de décembre

Geneviève a reçu ce rêve : "Je suis devant une librairie pleine de monde. La devanture suivante est encore celle d'une librairie, mais immense et déserte. Je ressens un malaise profond : "Pourquoi la petite est-elle pleine, et la grande si vide ? ..." Devant, un vieil homme malade, au visage ovoïde, non ridé ; vêtu d'une chemise il dit : "Où est Chartres ?" Je réponds : "Derrière moi" ... Je sais pourtant que Chartres n'est pas là. Subitement, beaucoup de monde : nous sommes très serrés."

Interprétation : La librairie est symbole de savoir, donc d'avoir, et non d'être. La vie réside dans le petit, le dedans, et non dans ce qui est grand, extérieur. Ici nous constatons l'exaltation de la petitesse, de l'humilité, et l'abaissement de la grandeur : c'est l'opposition entre "Dieu" et "le monde".

Comme tout oeuf, le visage ovoïde porte germe de la vie à venir. Il y a en effet contraste entre "le vieil homme" et l'aspect plein de promesse de son visage : l'animus de Jeune-Vie-Eve demande à rajeunir. Il est condamné à mourir à lui-même en ce sens qu'il est voué à transformation.

Chartres est l'espace, la terre de la Vierge Noire. "Derrière moi" indique que tout cela se situe dans l'inconscient. La Chartres du dedans n'est donc pas la Chartres géographique. Être RELIE à sa vie intérieure fait qu'on est dans le monde, - sans lui appartenir. Si, d'autre part, on se sent serré, c'est que l'intensité de cette vie intérieure entraîne l'élargissement, la "dilatation" ; c'est le moment de la re-création de soi.

La vie ne peut se renouveler qu'en se reliant au plus profond de nous, et en aidant les autres à se relier au plus profond d'eux-mêmes. Est-ce si difficile lorsque l'on vit ce "jour de nativité" qu'est Noël ? ...

Rolande Biès

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