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Liste des auteurs dont une ou plusieurs publications figurent sur ce site.
Le
Vide Spirituel
Pierre Willequet
Pierre Willequet décrit le vide spirituel qui hante notre époque et esquisse de nombreuses pistes qui conduisent vers un meilleur développement de l'homme contemporain.
Attention : ce livre a fait l'objet d'une réédition enrichie sous le titre Une effarante vacuité. |
Ce livre nous invite à un véritable voyage, il s'inscrit dans notre quotidien et s'adresse à chacun de nous, en voici quelques extraits :
Les promesses de l'âme n'ont rien à voir avec un surcroît
d'intelligence
P159 On peut ainsi constater que les promesses de l'âme n'ont rien à voir avec un surcroît d'intelligence, de maîtrise ou de virtuosité. Elles ne s'intéressent pas à l'acquisition d'aptitudes cognitives ou conceptuelles. Elles ne sont pas non plus de l'ordre d'une meilleure gestion de l'existence en termes d'efficacité ou de rapidité. Rien de cela ne les concerne.
Au contraire - et c'est sans doute une des raisons pour lesquelles on s'en inquiète si peu actuellement
-, elles ne se préoccupent aucunement des facteurs ni des modalités fonctionnelles de l'existence. De ce point de vue, elles sont parfaitement
inutiles, comme on peut décréter, selon le même point de vue, l'inutilité du théâtre, de la beauté ou de la musique.
En voulant "faire entrer" l'animal dans un concept
nous le détruisons en tant qu'animal
P191 [] en essayant de vouloir "faire entrer" l'animal dans un concept
- le mal, le sexe, le désir - nous le détruisons en tant qu'animal, en évitant la confrontation avec ce qui le fait totalement "autre" que ce qui nous est donné de vivre dans le cadre rassurant d'une existence répétitive. Nous en évinçons la vitalité, l'horreur et la dangerosité, ce qui ne règle rien et n'empêche nullement son retour sous des formes de plus en plus violentes.
Le serpent, le loup, le tigre, le gorille, visiteurs nocturnes, viennent au contraire nous irradier de leurs puissances, tout autant dans leurs forces que dans leurs formes. Ainsi, c'est comme s'ils amenaient à eux, écartelaient, transmuaient les crispations conscientes auxquelles nous tenons tant, et qui maintiennent le sujet dans un univers bétonné de certitudes et a priori de plus en plus solides, quand ils ne sont tout simplement pas pétrifiés.
Vidéos : Pierre Willequet présente cet ouvrage sur le site des Editions Romaines
Le siècle ne croit plus à l'âme
P207 [] le siècle ne croit plus à l'âme. Ou, tout au
moins, n'y a plus goût. cette époque tapageuse, grimaçante, cette époque mettant en avant, de façon constante, ses aptitudes technologiques, sa passion pour l'investigation, le progrès, la science, sa capacité à exploiter les choses de manière de plus en plus efficace, construit un environnement qui ne s'y intéresse tout simplement pas.
Hyperactivité, exaltation du faire sont de véritables tocs
P209 [] l'espèce de frénésie, l'agitation incessante dans laquelle évolue notre civilisation, cette "poussée vers" qui en sous-tend chaque fragment, chaque instant, constitue une des formes que peut prendre aujourd'hui cette essence motrice de l'âme. Motricité qui, effectivement, se traduit par une nervosité permanente, une totale incapacité au "rester", à l'inaction, à l'attente, et qui prend le visage inquiétant d'un bouger, d'une palpitation addictive - particulièrement sensible dans les grandes cités qui, lorsqu'elle s'amenuise, inquiète plus qu'elle ne rassure.
Il faut aujourd'hui bouger. Et celui qui ne se reconnaît pas dans le "mouv'" est dépassé, ringard. Mort pour le monde. Il n'est d'ailleurs pas du tout certain que l'on puisse s'arracher de cette drogue aussi facilement que cela. La toxicomanie motrice, l'hyperactivité, l'exaltation du faire sont des symptômes sociétaux, de véritables tocs, dont chacun s'abreuve dans une magistrale inconscience.
L'insidieux état dépressif grignote journellement du terrain
P210 [L'] abattement ne se manifeste d'ailleurs pas nécessairement par une atonie individuelle, mais bien par ce pénible sentiment de perte de sens où se retrouvent, par exemple, nombre de salariés confrontés à l'agitation effrénée évoquée plus haut. Agitation perçue comme insensée, au double sens du terme :
elle ne possède aucune direction, ni ne procure la moindre impression de signification.
Double peine, donc, qui affecte la psyché de celui qui s'éveille le matin sans savoir à quoi va servir, ou de quoi pourrait être nourrie la journée s'étirant devant lui, et dans laquelle il ne sait plus comment se situer, si ce n'est par soumission aux choses. L'insidieux état dépressif grignote journellement du terrain ; il exprime sans aucun doute l'absence d'orientation animique du sujet contemporain, confronté à des tâches de plus en plus éloignées du substrat vital censé le parcourir.
Pour un oui ou pour un non, les individus sont prêts à passer à
l'acte
P239 L'irritation latente que l'on peut sentir dans la plupart des lieux publics - transports en commun, autoroutes, centres commerciaux - relève très probablement de ce schéma qui, à mon sens, est préoccupant. Car elle indique une fois encore que le seuil de tolérance au mal-être n'en finit pas de baisser. Et que, pour un oui ou pour un non, les individus sont prêts à passer à l'acte, à en venir aux mains pour des motifs qui, souvent et après-coup, leur apparaissent futiles. Une fois encore, cette intolérance grandissante doit être entendue, analysée et traitée comme un symptôme. Elle n'est pas inéluctable.
La notion du "corps-machine" cartésien semble perdurer
P277 [] la notion du "corps-machine" cartésien semble perdurer et apparaît déterminante dans nos conceptions et de nos comportements les plus quotidiens. En effet, le corps est encore systématiquement perçu, notamment dans le monde du travail, comme une sorte d'instrument ou de mécanisme dont la fonction première est de transporter le cerveau.
Il se réduit souvent à une espèce de véhicule permettant au cortex et à l'ensemble de ses "nobles" facultés de se mouvoir, alors que lui sont assignées les basses œuvres, la production d'une myriade d'objets et, de temps à autre, l'éprouver d'un peu de plaisir. En bref, il est à leur service pour l'ensemble des actes qui lui sont prescrits, ouvrier docile, plus ou moins bien construit, plus ou moins efficace, dont la finalité est d'être l'agent du psychisme et de ses exigences.
C'est bel et bien le "sens commun" fait désormais défaut
P315 [] si "le sens" s'est un jour "perdu" pour nous autres, femmes et hommes d'Occident, c'est bel et bien le "sens commun" qui, actuellement et souvent, fait désormais défaut. Autrement dit, un sens qui pourrait inscrire tous et chacun dans une communauté spécifique, possédant ses propres orientations, non discutables par un individu particulier. Nous nous sommes extirpés, définitivement extraits de cette situation, notre individualité se refusant d'en assumer le joug.
La civilisation occidentale a ainsi donné naissance à une sorte de mutant, une mutation psychogénétique ayant forgé ce que l'on pourrait appeler le sujet autodéterminé, auto-engendré ou, pour le dire plus simplement, le sujet narcissique.
La liberté psychique proposée par le " vide" analytique
est fondamentale
P269 La liberté psychique proposée par le " vide" analytique est, à ce titre, fondamentale et rejoint très précisément ce qu'exige la spiritualité en vue de son déploiement. Ainsi, la démarche constitue bien, et véritablement, un exercice spirituel au sens plein du terme
- à condition, bien sûr, que le praticien n'envahisse pas, verbalement ou en pensée, la totalité de l'espace pour y fourguer des présupposés renvoyant unilatéralement à sa propre subjectivité, à sa formation professionnelle ou à son idéologie.
La religion et l'univers chrétiens sont représentés par un homme martyrisé
P322 Rappelons que la religion et l'univers chrétiens sont, partout dans le monde, essentiellement représentés par un homme martyrisé et cloué sur une croix. Cet homme est soit mort, soit agonisant. Il a été détruit, flagellé, percé de toutes parts par une volonté
humaine, une intention humaine. Et c'est bien cette représentation-là qui sous-tend notre appartenance au christianisme, bien plus que celle de la résurrection, par exemple.
C'est bien le crucifié qui orne, depuis la nuit des temps, le ciel de nos églises et de nos lieux de culte. Ce n'est pas le Christ en gloire, ni Jésus nouvellement-né, mais un homme détruit, un homme abîmé, un homme tué, mutilé par ses semblables, un homme qui meurt incompris, seul, dans l'effroi du destin d'une indicible violence qui nous sert de repère et d'emblème...
Docteur en Psychologie et diplômé de l’Institut C.G. Jung de Zurich, auteur de nombreux ouvrages, il exerce en France près de Genève. Il participe au programme de formation des analystes proposé par L’antenne romande de l’Institut Jung de Zurich.
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