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Le Bossu dans les contes, les mythes et la littérature

Pour tous ceux qui sont familiers de l'oeuvre de C.G. Jung, Barbara Hannah et Marie-Louise von Franz, ce livre est une précieuse étude. Le thème du bossu, du nain, de l'infirme est exploré à travers de multiples contes, mythes et récits littéraires. 

Les aspects historiques démontrent l'universalité et l'enracinement profond des personnages. Au fil de la lecture, le lien est établi avec nos rêves et nos imaginations. Il nous ramène à notre humaine condition, à ses questionnements, aux réponses qui prennent leur source au plus profond de chacun de nous.

Les extraits ci-dessous donnent une indication de la diversité et de la richesse de cette étude.

Les nains sont très proches de l'âme des enfants

"Les enfants les aiment, leur vouent un culte secret et recherchent leur présence dans des lieux tranquilles, derrière des pierres, dans les racines des arbres et dans de petites grottes. Ils construisent de petites maisons avec de la mousse et des brindilles dans l'espoir que les nains les habitent.

L'amour que portent les enfants aux objets et aux jouets de très petite taille est en fait un amour du monde des nains. Souvent, les enfants agissent eux-mêmes comme des nains et, quand le nain en eux peut danser avec allégresse, les idées foisonnent, se renouvellent, les habitent. Une violente dispute peut devenir un jeu amusant et passionnant grâce à l'aide du nain.

Quand les enfants agissent spontanément, le résultat est toujours profondément vivant. Leurs dessins et leurs bricolages sont très expressifs et colorés s'ils ont un contact immédiat et naïf avec le nain, avec cet être mystérieux, ingénieux et créatif." (p 13) 

La totalité prend en compte nos semblables et notre environnement

"Comme Jung l'a souvent souligné, la totalité n'est pas seulement une affaire personnelle, mais elle prend aussi en compte nos semblables et notre environnement.

La vieille Mère Nature n'est donc pas seulement à l'origine de la destinée de chacun, elle personnifie aussi ce principe secret et suprapersonnel qui engendre une destinée humaine, qui réunit "par hasard" les êtres humains et les objets, qui provoque des événements et apporte une connaissance : c'est un aspect de ce que Jung a nommé la synchronicité." (p 34)

Les apparitions cauchemardesques

"Il semble que l'apparition cauchemardesque ne recèle pas seulement des aspects personnels et significatifs de l'âme humaine, mais qu'elle véhicule aussi des contenus compensatoires importants pour la vie spirituelle collective.

La connotation érotique qui en résulte, souvent forte, exprime un besoin inconscient et pressant de se relier à d'autres êtres humains ; elle peut disparaître quand on se tourne consciemment vers le problème soulevé et qu'on mobilise toutes ses forces pour le comprendre.

Un contenu psychique se manifeste souvent sous la forme d'une forte pulsion sexuelle quand il n'est pas vécu de façon consciente par la personne concernée : c'est une propriété particulièrement étonnante, propre à la sexualité.

La plupart du temps, ces contenus sont fortement chargés d'énergie créatrice : quelque chose doit être formé, découvert ou compris. La pulsion sexuelle disparaît quand la personne concernée commence à entrevoir le contenu psychique et spirituel qui se situe en arrière-plan." (p 40)

Le dieu égyptien Bès

"Bès est ici un dieu protecteur de la renaissance, une divinité qui apporte la santé et la vie. Ces deux inscriptions importantes donnent une dimension insoupçonnée au modeste dieu nain. Les deux objets, appuie-tête et bâton magique, accompagnaient un défunt dans sa tombe ; les bâtons magiques étaient destinés uniquement aux femmes et aux jeunes filles.

Dieu Bès Bès, dieu protecteur du petit temple d'Hathor à Philae - Illustration page 64

Dans de nombreuses tombes d'enfants, on trouve Bès accompagné de déesses hippopotames. Ils soignent les douleurs et les maladies de cœur provoquées par l'étreinte de la mort, ils recomposent le visage — ainsi que la conscience de soi — égaré et blessé par l'obscurité, et ils protègent les morts dans leur périlleux périple dans l'au-delà, comme nous le dit le Livre des Morts.

Le défunt est lié au destin d'Osiris (souvent, les défunts reçoivent le nom d'Osiris). On ressent parfois le profond chagrin d'Osiris dans les hymnes qui lui sont consacrés. On a l'impression que son déchirement intérieur et sa douleur étaient si forts qu'il ne voulait plus vivre. Il reçoit donc de l'aide de toutes parts pour qu'il s'éveille à une vie nouvelle." (p67)

Représentations de bossus dans les cultures précolombiennes

"Des représentations de bossus semblent assez fréquentes dans d'autres cultures précolombiennes. Parmi les plus anciennes connues à ce jour figurent les célèbres personnages «dansants» du mont Alban, gravés dans le jade. Ils datent de l'époque olmèque (800 à 300 avant J.-C.) et forment l'une des œuvres d'art les plus belles et les plus mystérieuses de cette ancienne culture.

Les danseurs du mont Alban Les "danseurs" du Mont Alban - Illustration page 133

Ce sont des personnages masculins nus dont les mouvements semblent pleins de vie. Ces cent quarante personnages composaient la frise ou le socle d'un temple en forme de pyramide. Au-dessous d'eux, on voit des personnages grotesques, infirmes ou hermaphrodites, des hommes âgés et des bossus, qui semblent danser et tordre leurs membres.". (p 132)

Nains bossus dans la littérature du Moyen-Âge

"Il est frappant de voir le grand nombre de nains bossus qui figurent dans les œuvres littéraires du Moyen-Âge français.

Certains jouent le rôle d'un fou ou d'un amuseur à la cour des rois ou des nobles, mais la plupart servent un chevalier ou une dame et les accompagnent dans leurs déplacements. Parfois, ils apparaissent mystérieusement, donnent au héros des indications qui facilitent sa quête ou lui imposent une tâche. Dans la réalité, certains souverains ont eu des serviteurs difformes. [...]

Leur fréquence indique toutefois que l'attirance pour le côté grotesque et ridicule qui prévalait au Moyen-Âge — on s'amusait même à voir danser des gens difformes et estropiés — était une fascination provenant des couches profondes de la psyché." (p 145)

Nains, infirmes et bossus dans la cour du roi

"Pour le roi, la présence à sa cour de nains, d'infirmes et de bossus représente un lien avec la terre, l'ombre, l'aspect primitif, l'existence humaine ordinaire ; à un niveau plus profond, c'est une relation avec l'esprit de la terre, avec l'esprit de réalité.

À la cour, le bouffon bossu passe souvent pour être sage ; il dit la vérité et expose la réalité." (p 137)

Le problème de la spiritualité chez la femme

"Dans la vie d'une femme, le problème de la spiritualité se fait souvent jour lors de chagrins d'amour ou à travers la sexualité, ce qui peut provoquer des troubles, voire même des tragédies. [...]

... quand une femme laisse simplement «voguer» en elle ses fantasmes et ses pensées, sans regard critique, elle entre dans une rêverie passive dont elle «jouit», et les conséquences de ce phénomène spirituel intérieur sont comparables à celles que provoquerait un homme extérieur.

Barbara Hannah décrit comment une telle passivité face aux aspects masculin et spirituel attire un animus diabolique. Le côté spirituel de la femme devient alors un diable séduisant sous l'emprise duquel elle succombe parce qu'elle en profite." (p 154)

Peur et haine à la racine du racisme et du nationalisme

"Une population entière peut être menacée dans son existence même, car on la considère comme «étrangère» ou «différente».

Ce sentiment est hélas fortement constellé aujourd'hui; il exprime la peur d'être submergé et envahi par sa propre ombre malsaine et imprévisible, aussi bien que par une inquiétante ombre collective ; c'est la crainte de ne plus être maître chez soi.

Le diable est alors, comme le Mercure, «celui qui pénètre partout» ; la population qui doit porter cette projection le craint à juste titre, car il agit avec force et provoque le racisme et le nationalisme, qui prennent leurs racines dans la peur et la haine.

Le véritable danger est l'aspect démoniaque et inhumain de notre propre nature psychique, qui semble toujours projeté et qui nous rend inhumain quand il nous saisit." (p253)

Quasimodo, l'œuvre de Victor Hugo

"On peut mettre en relation un épisode de la vie de Victor Hugo avec Notre-Dame de Paris. A l'âge de huit ans, il a fréquenté une école religieuse espagnole où il était très malheureux : c'étaient un moine sévère et un bossu en habit de fou qui s'occupaient de lui !

En lisant sa description de Quasimodo, on a l'impression qu'il a d'abord cherché à dépeindre un personnage agressif et malveillant, mais que les grandes qualités humaines, artistiques et religieuses de Quasimodo l'ont touché et se sont imposées à lui.

J'ai le sentiment que Notre Dame de Paris est l'œuvre la plus spontanée et la plus vivante de Victor Hugo, pleine de gaieté et d'ironie malgré la cruauté de certaines scènes." (p 214)

Présentation de l'ouvrage par l'éditeur

Personnage tragique comme Quasimodo dans Notre-Dame de Paris, burlesque comme Pulcinella de la Commedia dell'arte, dieu bienveillant sous les traits de Bès en Égypte ou serviteur bouffon et privilégié des rois dans les cultures précolombiennes, le bossu assume aussi le rôle dimportun ou de tourmenteur dans les comptines ou de sauveur dans certains contes. Parfois, cette ambivalence, ces attributs paradoxaux le rapprochent de la figure du nain à qui il ressemble.

Ces diverses facettes sont étudiées par Monica Malamoud qui spécifie : "La bosse n'est pas uniquement un symbole de fardeau à porter, de maladie et de malédiction. Avec sa forme de boule, elle représente aussi une image de la terre." et même de la "totalité". Car, si le bossu porte le poids de l'existence terrestre sur son dos, il crée aussi le lien entre l'existence sur terre et l'aspiration spirituelle. 

Monica Malamoud

Monica Malamoud (1933-2017) a été liée à des membres de la famille de Jung dès son enfance. Plus tard, elle s'est intéressée à la psychologie junguienne, elle a assisté aux conférences et séminaires de l'Institut C.G. Jung de Zurich, elle a été en analyse avec Barbara Hannah.

Avec son mari, René Malamoud, lui-même analyste junguien, elle a activement participé à la création de la Stiftung fur Jung'sche Psychologie (l'association de Marie-Louise von Franz) et à la publication des œuvres de Marie-Louise von Franz, avec qui une grande amitié s'était développée. Dès les années 1960, elle a entamé des recherches personnelles, notamment sur le personnage du bossu.

Editions La Fontaine de Pierre - Traduction Michel Baccheta - 15 x 22 x 1,7 cm - 290 pages
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