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La psyché du corps
Denise Gimenez Ramos
La dimension symbolique de la maladie
Denise Gimenez Ramos présente et développe plusieurs cas cliniques de patients atteints de maladies organiques et pris en charge en psychothérapie.
L'auteur part du constat qu"Inconscients que nous sommes, nous nous en tenons toujours à une conception où les descriptions minutieuses et détaillées de dissections ou d'études physiologiques l'emportent sur la perception des sentiments et des sensations subjectives et symboliques du corps.
Et l'on peut considérer que cette différence entre le corps décrit et le corps vécu est l'un des facteurs essentiels dans notre difficulté à élaborer un langage commun entre médecine et psychologie. Ces deux champs de connaissances sont dissociés depuis tant d'années et nourrissent de tels préjugés à l'encontre l'un de l'autre que cela ne contribue qu'à les retarder.
Il en est de même de la psychosomatique, dernière née de ce mariage. Elle souffre de la même névrose, dans la mesure où elle tente de ramener les pathologies à une causalité psychologique, reproduisant en ceci l'approche réductionniste et biomédicale.
L'auteur insiste sur la complexité des relations entre la psyché et la matière. "La physique quantique nous a appris que matière et énergie sont deux aspects différents d'une même réalité dont les propriétés physiques ne peuvent être examinées qu'en tant que probabilités statistiques. Cette indéterminabilité est, en réalité, un effet de la relation entre la matière-énergie et l'esprit de l'observateur.
La théorie quantique interroge donc les principes de causalité et de déterminisme. Cela entraîne de profonds changements tant en sciences humaines et en biologie, qu'au plan de la théorie de l'évolution et en psychologie. Au regard de cette conception, la force vitale (tout comme la force gravitationnelle) ne peut être appréhendée de manière réductive. Seuls les effets de ces forces peuvent être mesurés, alors que leur essence n'est pas démontrable.
Si le niveau moléculaire est utile pour l'étude des événements physiques, c'est cependant au niveau quantique que matière et psyché se rencontrent. La science moderne laisse entendre que la connaissance est de nature compliquée. Elle met d'ailleurs de côté l'idée d'un monde objectif consensuel et normatif. L'idée du normal et de l'universel est ici remise en question."
L'une des illustrations qui figurent dans l'ouvrage, thérapie par le jeu de sable. |
Denis Ramos questionne : "Pour quelle raison, face à un conflit, une personne réagit-elle par une névrose, tandis qu'une autre le fait par une maladie somatique? C'est une question à laquelle on est loin de répondre. Pour autant, plusieurs hypothèses ont été émises. Il convient ici de faire également la part entre les causes qui occasionnent le symptôme et celles qui viennent de la structure, ou de l'organisation psychique, qui réagit de façon somatique à un conflit. Des centaines d'études sur le stress sont à inclure dans la première catégorie.
En synthèse, l'une des hypothèses à considérer est que les manifestations psychosomatiques peuvent être évitées lorsque des organisations névrotiques apparaissent. La structure névrotique crée une protection, sous forme de symptôme névrotique, face au conflit ou face à la douleur émotionnelle, alors que dans les troubles physiologiques, une régression à des formes plus primaires de relations entre corps et esprit se produit. La communication verbale des états affectifs est en général déconnectée de ses symptômes, déconnectée du corps. Il s'agit ici d'une forme archaïque de symbolisation dans laquelle c'est le corps qui parle."
"Dans ce contexte, il convient de relever l'observation que font en général les psychologues et les médecins, à savoir que chez les patients psychotiques, les maladies du système immunologique, principalement le cancer, seraient moins fréquentes. C'est comme s'il y avait une alternance entre la maladie mentale et la maladie physiologique."
"Au début du processus analytique, aucun des patients n'associait la survenue de sa maladie avec un conflit affectif. Si le dynamisme de l'instinct se trouve dans la partie infrarouge du spectre et, de ce fait, non accessible à la conscience, un contact direct avec cette dimension est impossible. Autrement dit, donner une directive ou orienter la conscience en ce sens était inutile. Les patients n'avaient pas accès aux mécanismes physiologiques qui les perturbaient.
[...] Aussi, les patients ne percevaient-ils pas ce qui était en train de se consteller sur le plan psychique lorsque les symptômes physiques apparaissaient. Mais en travaillant sur les contenus psychiques qui se manifestaient parallèlement avec leurs symptômes physiques, les patients prirent progressivement conscience de ce rapport."
La traduction de cet ouvrage a été assurée par Catherine de Lorgeril, membre de la S.F.P.A. |
Trois hypothèses guident sa démarche :
Denise Ramos précise "comment la démarche analytique utilisée avec des patients souffrant de symptômes physiologiques permet une très nette amélioration de leur état de santé. Et même s'il n'y a pas d'amélioration au niveau physiologique, compte tenu du caractère irréversible de la maladie, l'étude montre bien comment le patient, lorsqu'il comprend son processus individuel et lui attribue une signification symbolique, se sent apaisé et présente une évolution favorable de son état tant au plan moral que dans sa capacité de résilience."
Denise Gimenez Ramos est docteur en psychologie clinique et est à la tête du département d'études de troisième cycle en psychologie clinique à la Pontificia Universidade Catholica de Sào Paulo. Ancienne vice-présidente de l'Association internationale de psychologie analytique (IAAP), elle est membre de son comité exécutif et présidente du sous-comité académique.
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