Accueil
Liste des auteurs dont une ou plusieurs publications figurent sur ce site.
Ginette Paris, jungienne et professeur au Pacifica Graduate Institute de Santa Barbara en Californie, nous livre des histoires de psy dans son ouvrage Au-delà de la honte et de l'orgueil.
Dès les premières lignes l'auteur indique que "ce livre raconte comment il est possible de vivre avec une plus grande justesse ce qui constitue notre vérité. Il s'agit de se trouver à l'aise dans la niche existentielle qui est la nôtre. On peut appeler cela une éco-psychologie."
Elle poursuit : "L'épigénétique a révolutionné ma pensée de psychologue. J'ai pris au sérieux l'idée que les idées, les symboles, les amis, les partenaires, les livres, la musique, le décor, la diète, les films... tout, absolument tout, ce qui constitue notre environnement a le pouvoir de produire une reconfiguration synaptique et même de modifier certains gènes plutôt que d'autres. On devient quelqu'un d'autre. Quelle aubaine !
Je sais bien qu'on naît une seule fois et qu'on meurt une seule fois. Pourtant, je sais aussi que psychologiquement, vie et mort sont des expériences qui se répètent à chaque tournant décisif de la vie. A chaque fois qu'on sent la mort rôder, le cerveau comprend l'urgence de se mettre au travail, pour produire de nouvelles connexions."
Ginette Paris ajoute que "les neuroscientifiques appellent ce genre de sursaut, un «saut évolutif». C'est un grand paradoxe que les grands traumas de l'humanité (glaciations, famines, guerres, épidémies) ont tous été l'occasion d'un saut évolutif du cerveau humain. Les humains ont évolué quand il le fallait absolument, sous peine d'extinction. Quand tout va bien, pourquoi changer ? Le cerveau est économe de son effort."
Et elle établit le lien avec "le trauma personnel [qui] offre la même opportunité à l'individu. La destruction des vieux modèles de relation laisse de la place pour ce qui veut naître. Le principe de mort est en somme un excellent décapant pour le grand nettoyage qui précède toute renaissance. Quand la mort rôde, la possibilité d'un changement radical est augmentée.
Ce livre n'a pas pour but d'expliquer les concepts des neurosciences, mais plutôt de résumer les attitudes psychologiques qui déclenchent le saut évolutif."
En qualité de psychologue et de thérapeute l'auteur précise que "la psychologie est encombrée de théories verbeuses et inutiles. Elle est rabaissée par les facilités du New Age, par les naïvetés des gourous du développement personnel, par les illusions d'un chamanisme pour touristes (le narcotourisme) et par une pseudo-spiritualité qui se vend comme la diète à la mode.
Heureusement, le verbiage de la pop-psychologie ne résiste plus aux avancées des neurosciences. Toutefois, ces dernières sont coupables de médicaliser les états d'âme, qui relèvent non pas de la pathologie mais de notre humanité. Pour qu'une psychologie soit fondatrice de civilisation, il faut l'alliance entre neurosciences, philosophie et psychologie. En tant que psychologue, c'est cette alliance qui m'intéresse.
Le processus d'individuation, tel que décrit par Jung, c'est la même chose que le saut évolutif. C'est aussi identique à une approche qu'on peut qualifier d'écologique, puisqu'il s'agit de trouver sa niche, entre l'ombre et la lumière, l'orgueil et la honte. Mais comme les neuroscientifiques continuent d'ignorer non seulement Jung, mais les humanités, ils s'enferment dans leur jargon indigeste. Pourtant, les littéraires (parmi lesquels j'inclus Jung) offrent une langue évocatrice qui a la capacité d'émouvoir, donc d'inciter au changement."
Pour l'auteur "personne ne choisit un beau matin de devenir plus conscient et de démarrer un processus d'individuation. On le fait parce qu'on est brisé et qu'il faut «changer de niveau», comme le font les humains depuis toujours lorsque confrontés à un trauma collectif, guerre, glaciation, famine, épidémie.
Après trente ans de pratique et d'enseignement de la psychologie, et face aux découvertes les plus récentes sur la neuroplasticité du cerveau, il m'est devenu évident que la psychologie des profondeurs n'a nullement besoin de se placer en compétition avec les neurosciences. Sa compréhension de la puissance symbolique est ce qui leur manque pour éviter de traiter toutes les misères comme des problèmes de chimie du cerveau."
Les solutions médicales ont leurs limites : "Partout où la solution médicale est la seule offerte, elle contribue au désespoir, car alors l'échec du chimique s'ajoute au vide de sens. Lorsque notre vie et nos relations sont insoutenables et qu'on est à bout, les antidépresseurs, les anxiolytiques, l'amitié de la voisine, les vacances à la campagne, un film vraiment drôle et absolument tout ce qui fait du bien, y compris le chocolat noir et quelques bons gros romans, peuvent tous contribuer à nous aider à survivre dans la tempête.
Je ne juge pas ce qui soulage car pour éviter de couler, même une petite pilule peut parfois servir de radeau. Mais le but d'un radeau est d'atteindre la rive pour reprendre pied.
Je vais tenter dans ce livre de démontrer l'avantage, pour la psychologie des profondeurs, surtout celle de Jung, à
retourner dans le champ des humanités et mettre fin à son imitation pitoyable de la méthode scientifique pour devenir
ce qu'elle est vraiment : une quête de sagesse.
Dans les sociétés d'opulence, où la détresse psychologique est en montée fulgurante, la médicalisation du mal-être ne suffit plus. C'est la vie intérieure qu'il faut enrichir, glorifier. Et cela n'appartient pas à la science, mais à la culture."
Important : Cet ouvrage a fait l'objet d'une première parution sous le titre la Sagesse des Larmes aux éditions De l'Homme. Il fait l'objet ici d'une nouvelle traduction.
cgjung.net © 1998 -
Haut de page