Interview de Marie Louise von Franz
Marie Louise von Franz s'exprime sur les ondes de France Culture alors que son livre "Les rêve et la mort" vient de paraître, voici un extrait :
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"Jung a donc eu raison d'insister sur le fait que, pour une personne qui vieillit, il est très important « de se familiariser précisément avec la possibilité de mourir. Une inéluctable interrogation se pose à lui et il lui faudrait y répondre. A cette fin, il devrait pouvoir disposer d'un mythe de la mort, car la raison ne lui offre rien que la fosse obscure dans laquelle il est sur le point d'entrer. Le mythe — poursuit Jung — pourrait mettre sous ses yeux d'autres images, des images secourables et enrichissantes de la vie au pays des morts. Qu'il y croie ou qu'il leur accorde seulement quelque crédit, il a en cela autant raison ou tort que celui qui n'y croit pas. Mais tandis que celui qui nie s'avance vers le néant, celui qui obéit à l'archétype suit les traces de la vie jusqu'à la mort. Certes l'un et l'autre sont dans l'incertitude, mais l'un va à l'encontre de son instinct tandis que l'autre marche avec lui, ce qui constitue une différence et un avantage d'importance en faveur du second » (C.G. Jung, Ma Vie page 348)".
"L'analyse d'hommes et de femmes d'un certain âge fait apparaître dans leurs rêves une grande richesse de symboles, car ces personnes se préparent intérieurement à la mort qui approche. De fait, et C.G. Jung a insisté sur ce point, il est incontestable que la mort, en tant que fin abrupte du corps, n'a qu'une importance relative pour le psychisme inconscient. Tout se passe comme si la vie de l'âme, ou le processus d'individuation de chacun, se poursuivait normalement. Mais on trouvera aussi dans ce livre de nombreux rêves qui annoncent symboliquement la fin corporelle et qui insistent, très explicitement, sur la poursuite de la vie post mortem."
"Le processus d'individuation est, littéralement, une préparation à la mort. En fait, rêves de mort et rêves d'individuation ne se distinguent en rien les uns des autres dans leur symbolisme archétypique". L'auteur ajoute "plus un homme aura accepté de prendre conscience de ce combat des contraires en lui avant même l'approche de la mort, plus grande sera sans doute son espérance de connaître une fin apaisée". Elle poursuit "En fait, notre expérience des rêves offre rarement une image lumineuse de l'au-delà, et les scènes que nous voyons en rêve sont souvent angoissantes. Ce qui me semble décisif, c'est donc le degré de maturité d'un être humain avant sa mort: en d'autres termes, le fait que cet être, homme ou femme, ait trouvé ou non une relation avec son Soi".
Marie Louise von Franz conclut "Les rêves de personnes confrontées à la mort montrent tous que l'inconscient, c'est à dire notre monde instinctif, ne prépare pas la conscience à une fin totale, mais bien plutôt à une transformation et donc à un mode de continuation du processus vital que notre conscience ordinaire ne nous permet pas de saisir". L'auteur ajoute : "La grande incertitude demeure, celle que ressentent aujourd'hui, consciemment ou non, un très grand nombre d'hommes devant la mort, et l'on en viendrait presque à envier ceux qui regardent venir la mort solidement ancrés dans leur foi !"
Avant-propos & introduction
Le « secret » du cadavre et le « tombeau d'Osiris »
La végétation : l'arbre, l'herbe, le grain, la fleur
Le premier mariage dans la mort
Le sombre chemin de la naissance et 1'« esprit de découragement »
La mort considérée comme « l'autre », effrayant ou secourable
La traversée du feu et de l'eau
Le sacrifice, ou « élaboration », du corps ancien
L'identité variable du moi, les âmes multiples et leur « fixation » dans le « fruit »
La véritable résurrection considérée comme la réunion des éléments séparés, unis à nouveau dans la « pierre »
Le corps subtil et ses variantes
Une hypothèse nouvelle de Jung
Conclusion, notes, bibliographie et index
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