Le dixième numéro 10 (automne 2021) de la Revue de Psychologie Analytique (@RPA) aborde les thèmes suivants :
- la possible application de la psychologie analytique dans le champ de la sociologie,
- les soins psychiques de personnes présentant un déficit intellectuel,
- la relation corps-esprit,
- la profondeur de la pensée de Jung.
14,9 cm x 21 cm x 1 cm – 160 pages
Édité par la Revue de Psychologie Analytique
Au sommaire
Aperçu Préliminaire de la Socioanalyse Jungienne : Une Théorie Émergente
Dorte Odde & Arne Vestergaard, Danemark, traduit de l’anglais par Claude Juvin
L’article présente un aperçu préliminaire sur ce que nous appelons une socioanalyse jungienne – une théorie émergente qui réunit la psychologie analytique, les théories de la complexité, les théories sociologiques, la socioanalyse et la psychanalyse, l’analyse de groupe et les théories de l’affect.
Notre hypothèse est que la théorie et la pratique jungiennes doivent plus s’occuper des (et se focaliser sur des) contextes sociaux, de la socialité et de l’influence des développements sociétaux. Mais, d’un autre côté, nous pensons que la psychologie analytique, principalement la théorie de l’individuation et la fonction transcendante de Jung aussi bien que la perspective de sa théorie complexe de la psyché, peuvent s’étendre à une perspective « socio » et pas seulement « psycho ».
L’article présente cinq hypothèses fondatrices pour une socioanalyse jungienne :
- Une socioanalyse jungienne exige une psychologie complexe.
- L’(in)conscient est social et la socialité a une dimension d’(in)conscience.
- Une socioanalyse explore les champs sociaux « de l’intérieur » avec des petits groupes.
- Une socioanalyse permet (et est activée par) l’émergence de métaphores et d’images d’affects.
- Les champs socio-culturels ont une force d’individuation.
Socioanalyse Jungienne, le Social Dreaming et la Complexité Émergente de l’Europe
Dorte Odde & Arne Vestergaard, Danemark, traduit de l’anglais par Claude Juvin
Cet article présente les éléments centraux de ce que nous avons appelé la socioanalyse jungienne une théorie émergente combinant la psychologie analytique, les théories de la complexité, les théories sociologiques, la socioanalyse et la psychanalyse, le social dreaming, l’analyse de groupe et les théories de l’affect ; elle est basée sur cinq hypothèses.
Une socioanalyse jungienne se développe sur une approche de la socialité en forme de processus, et non sur une approche systémique. Dans cet article, nous nous focalisons surtout sur l’une des hypothèses, à savoir que la socioanalyse jungienne explore les champs sociaux « depuis l’intérieur » avec des petits groupes, considérant les processus de groupe comme un moyen d’obtenir une compréhension psychologique et culturelle d’entités sociales plus larges.
Nous donnons un exemple de cette approche avec la présentation de deux expériences de social dreaming au Danemark, centrés sur l’Europe en transition. Nous montrons que le résultat le plus important n’est pas lié au contenu spécifique des rêves, mais plutôt à l’engagement dans le processus lui-même du social dreaming aboutissant à des images d’affects transformatrices.
Cet article se termine par des réflexions sur la façon dont ces expériences de social dreaming façonnent une socioanalyse jungienne, visant la possibilité de réunions intersubjectives ou de moments présents, qui ouvrent à une compréhension plus profonde, de l’intérieur du groupe, contrairement à une approche systémique.
Les soins psychiques aux personnes avec une déficience intellectuelle selon la perspective jungienne
Annick Cudré-Mauroux, Suisse
La question des soins psychiques pour les personnes avec une déficience intellectuelle est au cœur de cet article. Elle demande de se confronter aux difficultés que ces dernières peuvent rencontrer au niveau expressif, émotionnel, symbolique mais aussi traumatique et relationnel.
En se basant sur une logique développementale du processus d’individuation, l’analyste peut guider leur accompagnement. L’utilisation de la méthode expressive indirecte du jeu de sable permet de contourner leurs difficultés de communication et les activations des mécanismes de défense. Afin d’illustrer la richesse que peut offrir une telle méthodologie, une étude de cas est présentée.
Esprit et corps, ce qu’en dit Descartes
Elizabeth Urban, Londres, traduit par Christian Raguet
Dans cet article, l’auteure examine la place de Descartes dans la réflexion actuelle sur le dilemme corps-esprit. Son hypothèse de départ est que, dans l’histoire des idées, les questions posées peuvent être aussi importantes que les réponses reçues.
L’interrogation primordiale de Descartes était « Comment avoir une certitude ? » et sa recherche le conduisit au cogito ergo sum. Cette réponse souleva aussitôt la question de savoir si l’esprit était séparé du corps ou unifié avec lui. Ceux qui soutiennent aujourd’hui que le cerveau et la subjectivité sont unifiés affirment que le philosophe a « séparé » l’esprit du corps ; ils évoquent l’« erreur de Descartes ».
Cet article note que les détracteurs de Descartes ne reconnaissent pas sa contribution à la pensée occidentale, qui a été d’introduire les Lumières et de donner une place à la subjectivité humaine. De plus, l’examen de la correspondance de Descartes avec la princesse Élisabeth de Bohême montre que Descartes croyait en fait à l’unité de l’esprit et du corps, bien qu’il ne puisse pas concilier cela, rationnellement, avec la certitude, issue de son expérience personnelle, qu’il s’agissait de substances distinctes.
Ainsi, Descartes se trouvait face au même dilemme que celui de penseurs et de chercheurs contemporains, un différend qui n’est toujours pas résolu.
L’âme est-elle « profonde » ? Entrer dans le fragment 45 d’Héraclite et en suivre le mouvement logique.
Wolfgang Giegerich, Berlin, traduit de l’anglais par Marcel Gaumond et Christian Raguet. Avec une introduction de Marcel Gaumond.
Amorçant sa réflexion sur l’âme à partir d’un propos tenu par le philosophe Héraclite sur l’âme, l’auteur fait ressortir le fait que, vu l’impossibilité d’approcher l’âme (psyché) directement, nous n’avons d’autre choix que celui d’en saisir la réalité par ses manifestations. « Nous avons compris, dira-t-il, que la psychologie est l’étude de la réflexion dans le miroir et non l’étude de ce qui s’y reflète. »
Aussi convient-il mieux de parler de la « profondeur de la pensée (lógos) sur l’âme » plutôt que de la « profondeur de l’âme ». Ce qui nous amènerait à une modification radicale de notre rapport au monde de la vie psychique et à un nouveau statut de la conscience.
S’inspirant, au départ, de la notion de « réalité psychique » proposée par Jung pour étayer sa propre Weltanschauung, il différencie celle-ci tant de celle de Jung que de celle d’Hillman dont il fut l’ami et le collaborateur.
Un éditorial et une revue des livres et des revues complètent ce numéro.
Revue de Psychologie Analytique (@ R P A)
Cette revue francophone à vocation internationale, de niveau universitaire, est ancrée dans la pensée jungienne et ouverte à d’autres approches de la psyché humaine. Voici les numéros présentés sur le présent site :
- Revue de Psychologie Analytique no 12 (été 2023)
- Revue de Psychologie Analytique no 11 (été 2022)
- Revue de Psychologie Analytique no 10 (automne 2021)
- Revue de Psychologie Analytique no 9 (automne 2020)
- Rencontre entre psychologie analytique et recherches universitaires les 29 et 30 août 2018.