Cet ouvrage sous-titré « et autres essais sur la psychologie féminine » regroupe des textes majeurs d’Erich Neumann. Il souligne : « L’homme et la femme doivent se relier consciemment au côté féminin comme au côté masculin de l’autre. »
La Compagnie du Livre Rouge / Imago
Traduit de l’allemand par Véronique Liard
Quelques extraits de l’ouvrage :
Les opposés masculin-féminin
« [La] capacité relationnelle de l’humain oscille […] entre des pôles que les notions de « proximité » et d’« éloignement » peuvent peut-être qualifier au mieux. Au-delà de cette capacité relationnelle qui englobe les opposés masculin-féminin, il existe une autre forme suprême de relation à un partenaire, que l’on pourrait appeler la « relation intégrale ».
Il ne s’agit plus uniquement d’une rencontre entre deux personnes de sexe opposé, mais d’une rencontre entre deux êtres pour qui le partenariat englobe la totalité de leur individualité bisexuée, dont les aspects et les caractéristiques liés au sexe ne représentent qu’une partie. » P.32-33
Un aspect de l’anima
« L’anima, pour le « masculin supérieur », devient « magicienne » séductrice et sorcière. [l’homme] la rejette parce qu’il a peur de ce féminin irrationnel. Le masculin, d’une part, est prêt à dénoncer le féminin comme un élément qui le retient dans le terrestre, et d’autre part, à l’accuser de mettre en danger la stabilité de son existence, puisqu’elle le trouble et le séduit.
Les hommes-esprits de tous bords surtout, caractéristiques du patriarcat, condamnent le féminin parce qu’il les rive au mariage, à la famille, et les oblige à s’adapter à la réalité ; le féminin les déstabilise quant à leur « vocation » qu’ils aiment concevoir, de la manière masculine ascétique qui est la leur, comme une performance « supérieure » et « intellectuelle ». » P.38
La seconde moitié de la vie
« Les dépressions et les peurs, les névroses et les crises, survenant chez les adultes et chez ceux qui ont justement du succès, sont souvent dues à la perte de sens et à la peur de rater ou d’avoir raté sa propre vie, ainsi qu’à la peur de la maladie, de la perte de force vitale ou de la mort réelle. » P.48
Relation de l’homme au côté féminin et de la femme au côté masculin
« L’homme et la femme doivent se relier consciemment au côté féminin comme au côté masculin de l’autre. Sur un plan humain, cela entraîne une multitude de complications et de problèmes, car l’anima féminine de l’homme est émotionnelle et, pour lui, dans un premier temps, inconsciente.
Il ne parvient que par des détours douloureux à saisir que certains éléments essentiels, qu’il a d’abord perçus comme féminins et étrangers chez sa partenaire, font en réalité partie de sa propre nature.
Ces problèmes nécessitent des efforts considérables non seulement chez l’homme, mais aussi chez la femme. Car, de son côté, en prenant conscience de l’aspect féminin de l’homme, elle s’expose à la dissolution de l’image idéale qu’elle se faisait du masculin. » P.93
Reconnexion à l’inconscient
« La reconnexion à l’inconscient est donc, pour le masculin en particulier, d’une importance capitale. Mais chez lui, cette reconnexion se fait par l’intermédiaire de l’anima, son côté féminin, et en réalisant la conscience matriarcale qui lui correspond.
Le rétablissement des liens avec le monde psychique de L’anima pour le masculin et avec le monde psychique de l’animus pour le féminin aboutit à une synthèse, à une nouvelle connaissance que l’on qualifie d’illumination par opposition à un savoir conscient unilatéral. » P.146-147
Le moi aux étapes matriarcale et patriarcale
« … A cette activité réduite du moi à l’étape matriarcale correspond aussi l’attitude, privilégiée par le féminin et opposée à l’activité du moi-tête, d’une conscience qui observe. Il s’agit plus chez lui d’une perception qui accompagne de manière attentive plutôt que d’une activité intentionnelle de la conscience qui penserait et jugerait.
Il ne faut pas confondre la conscience matriarcale observatrice avec la fonction « sensation » de la conscience masculine du moi, ni avec la distanciation de la conscience masculine qui mène à la science et à l’objectivité. Car cette conscience matriarcale est dirigée par des intuitions et des sentiments fondés sur des processus semi-conscients qui permettent au moi de s’orienter, les tendances émotionnelles étant fortement parties prenantes. » P.136-137
Table des matières
Introduction
La peur du féminin
La genèse de la peur
L’importance de la relation originelle avec la mère
Le dragon, symbole du féminin
Les différentes formes de la peur du féminin
La peur du féminin chez l’enfant
La peur du féminin chez l’homme
La peur, au-delà du mariage patriarcal
La peur du féminin chez la femme
L’essence de la peur
Les stades psychologiques du développement féminin
D’abord l’Ouroboros
Le stade originel
La phase d’autoconservation
L’Ouroboros patriarcal
Le passage par le patriarcat
L’abandon de soi
La libération de la captive
L’union patriarcale
La femme dévalorisée
Au-delà du patriarcat
La rencontre
L’individuation féminine
La lune et la conscience matriarcale
Un symbole polysémique
La lune, masculine et féminine
La signification spirituelle de la lune
La conscience matriarcale
La lune et l’inconscient collectif
L’esprit lune
Le cœur et la conscience matriarcale
La lune guérisseuse
La femme et la conscience matriarcale
La sagesse de la lune
Les dangers de la conscience matriarcale
L’archétype de la terre et les temps modernes
L’archétype de la Terre
Une Terre dépréciée
La révolution copernicienne
Les Fils de la Terre
La Terre-Mère, le monde de l’intérieur
La situation de l’homme moderne
La profondeur des ténèbres
La lumière de la Terre
L’Esprit de la Terre
Tolstoï et Rilke
La Terre et l’enfant
Sur la flûte enchantée de Mozart
De la Nuit à la Lumière
La Reine de la Nuit
Déméter et Koré
La voie initiatique
L’union des opposés
Une structure ternaire
Le symbole de la flûte enchantée
Le septuple cercle solaire
Présentation de l’ouvrage par l’éditeur
Dans cet ouvrage pionnier, s’inscrivant dans le cadre de la psychologie analytique de C.G. Jung, Erich Neumann dénonce le caractère unilatéral de notre civilisation édifiée sur la méconnaissance, et par suite, la peur du féminin. Il préconise une réparation de cette ignorance fondamentale, une «thérapie culturelle», et appelle à un nouvel équilibre entre les genres, pour le plus grand bien de notre vie commune en société.
Référence de l’ouvrage : Année de parution 2022 – ISBN 978-2-38089-058-7 – 14 x 22,6 x 1,9 cm – 248 pages.
Erich Neumann est né à Berlin en 1905. Il rencontre sa femme Julia à l’âge de 15 ans et se marie quelques années plus tard. Les deux, juifs allemands, fuient le nazisme et s’installent en Palestine dès 1934, à Tel-Aviv. Analystes jungiens, ils participent à la fondation de la première société de psychologie analytique en Israël.
Erich Neumann obtient son doctorat de philosophie en 1927 et devient médecin en 1933. Il reviendra fréquemment en Europe à l’issue de la Deuxième Guerre mondiale, donnera de nombreuses conférences à l’Institut Jung de Zurich et aux rencontres d’Eranos organisées par Olga Froebe-Kapteyn. Ami proche de Jung, il est l’un des fondateurs de l’Association Internationale de Psychologie Analytique (IAAP).
Erich Neumann meurt en 1960 des suites d’un cancer, son épouse Julia en 1985, dans un accident de circulation.
Ouvrages d’Erich Neumann
Correspondance C.G. Jung – Erich Neumann