Neuf chercheurs, parmi lesquels des jungiens, ont participé à huis clos à un colloque portant sur le sujet « L’Image, entre nuisance, inanité et nécessité ».
© Maxim Kantor (explications)
Ce XIIe colloque de Bruxelles a été organisé par Edith Allaert-Bertin. Il a eu lieu dans le magnifique cadre du Domaine Solvay à La Hulpe du 20 au 24 mai 2019.
Les participants
Daniel Baumann, architecte, membre du Patronat et président de l’Institut Jung Zurich de Kusnacht jusqu’en 2012 (modérateur des débats)
Ignace Berten, théologien
Édouard Collot, psychiatre, psychothérapeute, écrivain
Eddy Devolder, écrivain, poète et peintre
Bertrand Éveno, éditeur, entre autres, du Livre rouge de Cari Gustav Jung
Christine H. Hardy, docteur en psycho-ethnologie, théoricienne des systèmes et chercheuse indépendante sur la conscience, écrivain
Véronique Liard, professeur d’études germaniques à l’université de Bourgogne-Franche Comté (Dijon)
Thierry Michel, cinéaste
Pierre Willequet, docteur en psychologie, psychanalyste diplômé de l’Institut C. G. Jung, écrivain
L’Image, entre nuisance, inanité et nécessité
Le livre ci-dessous regroupe les discussions tenues lors du colloque durant lequel les perspectives de chercheurs issus de divers domaines ont été confrontées : un écrivain, un architecte, un théologien, un psychiatre, un éditeur, une théoricienne des systèmes, une germaniste, un psychanalyste et un cinéaste.
Cet ouvrage est richement illustré, on y trouve de nombreuses photos qui sont autant d’exemples à l’appui des propos tenus par les conférenciers.
Quelques extraits ou points importants
La complexité du monde technique
Bertrand Eveno, éditeur du Livre rouge de Jung, donne le ton :
« La complexité du monde technique, numérique et robotisé a une ombre, laquelle s’exprime par les orgies désordonnées d’images. Le socle sociotechnique de notre monde avance à toute vitesse, comme un cyclone. […]
L’ancrage stable de la psyché est devenu une tâche presque impossible, la conscience est enténébrée et désorientée, les individus et leur psychisme sont sans aucun point fixe qui puisse, dit Jung, être « opposé au flot variable des réalités sans cesse changeantes». » p.120
L’image intérieure est essentielle
Véronique Liard, théoricienne de Jung et traductrice de nombreux ouvrages, souligne la difficulté d’interprétation des images :
« Jung souligne à quel point il est difficile d’interpréter les images que nous offre l’inconscient, de les mettre en mots, et ce en raison de l’imperfection du langage humain. Si Jung parle en images, c’est, écrit-il, par incapacité à trouver les mots adéquats. […]
Dans le Livre rouge, Jung avoue avoir interprété les images avec de «pauvres mots». Bien plus tard, dans Ma Vie, il écrit avoir noté ses imaginations «dans une langue malhabile… emphatique», qui correspond «au style des archétypes qui parlent de façon pathétique et redondante», style qui lui était alors pénible.
Il semble donc clair que l’image intérieure est essentielle, souvent première, antérieure au langage. » p.144
L’expérience de Pierre Willequet
Pierre Willequet a effectué plusieurs séjours au Pérou pour y être introduit aux pratiques de la médecine traditionnelle amazonienne. Il indique que :
« C’est là que mon expérience rejoint avec force les conseils de Jung relatifs à ce qu’habituellement on nomme «le mal»… »
et il précise le cadre de son travail :
« Ce travail a été abordé par moi, et continue de l’être, d’un point de vue phénoménologique. Ce qui revient à dire que cette plongée dans le monde invisible, tel qu’il est révélé ou, tout au moins, activé par ces substances ou ces pratiques, est tout d’abord envisagé sur son versant scientifique et relatif à l’étude du fonctionnement psychique lorsque celui-ci est activé par certaines substances relevant d’une tradition médicale ancestrale.
Mon approche relève donc, essentiellement, d’une dimension exploratoire, même si, au cours de ces années, de nombreuses dimensions ou aspects « thérapeutiques » l’ont accompagné. » p.184-185
Maxim Kantor
Ignace Bertren, théologien, analyse les peintures de Maxim Kantor. Celle présentée en tête de cet article s’intitule Newspaper-Journal, 2004 et figure à la page 328. Pas moins de 69 peintures sont reproduites et analysées.
Le regard d’un cinéaste
Est inclus dans cet ouvrage un DVD qui présente le travail du cinéaste Thierry Michel, l’un des participants au colloque.
Les conférences
Eddy Devolder : Le génie du lieu (introduction)
Daniel Baumann : L’esprit de ce temps et l’esprit des profondeurs vécus au travers des images
Eddy Devolder : L’image, matière de l’ombre
Edouard Collot : Place de l’image au sein des états de conscience
Bertrand Éveno : Origine et composantes de l’orgie d’images caractéristique du monde moderne ; signification et perspectives au regard de l’anthropologie jungienne
Véronique Liard : Le malaise social, hier et aujourd’hui. L’importance de l’image
Pierre Willequet : Le mal et quelques-unes de ses représentations
Thierry Michel : Oui, les images contribuent à l’évolution de l’humanité
Christine H. Hardy : De la Sophia à /anima mundi : l’image de dieu féminine en résonance avec l’hyperdimension des Soi
Ignace Berten : Critique politique, compassion et spiritualité dans l’œuvre de Maxim Kantor
Esperluète Éditions – 2023 – 396 pages – ISBN 9782359841633 – 14,5 x 22,1 x 2 cm
Dans la même série Danger et nécessité de l’individuation et Jung et l’élan créateur.