Le thème central de ce cahier est Brûler, exploré sous divers angles par différents auteurs. Il aborde l’usage du feu dans des contextes variés, son importance dans le développement humain, ainsi que son rôle dans les conflits et les fanatismes de nos sociétés.
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24,6 cm x 17 cm x 1,3 cm – 156 pages
Contenu du numéro Brûler
Éditorial
Christian Marnette.
L’explosion du désir chez un adolescent et la honte qui le consume
Robert Tyminski
À travers l’expérience clinique de Toby, l’auteur met en garde contre le risque d’embrasement sur les réseaux sociaux. Notamment à l’adolescence quand les désirs non ou mal maitrisés se transforment en honte brûlante et destructrice.
Brûlé et vivant. The Fabelmans
Sophie Braun
Dans un film autobiographique de 2022, Steven Spielberg raconte la naissance de sa passion pour le cinéma en un véritable hommage à la folie, au feu, à sa famille, à sa mère et à la créativité.
L’adolescence brûle
Francisco J. López Cánovas
L’article présente une synthèse des symptômes les plus fréquents, ayant amené les adolescents à consulter dans la période post-pandémique au COVID-19. À partir de ces symptômes, l’auteur mène une réflexion autour de l’image du feu comme métaphore de l’état actuel du psychisme adolescent, qui consume la matière vivante et la transforme en cendres, et qui est de surcroît contagieux par contact, à travers des dynamiques culturelles que l’article tente de mettre en évidence.
La pratique de la relation analytique avec les adolescents peut être enrichie par la prise de conscience et l’approfondissement de ces dynamiques culturelles, de leurs mécanismes et leurs modalités d’exercice et par la proposition d’une attitude en consultation qui les prenne en compte, favorisant ainsi le processus d’individuation de l’adolescent.
Du feu au lac, une lecture symbolique des rêves de Dora
Yann Lauté
Au-delà des interprétations psychanalytiques classiques, une lecture jungienne du cas Dora, s’appuyant en particulier sur les deux rêves mis à l’honneur, permet de mettre en évidence le processus d’individuation à l’oeuvre chez cette adolescente devenant jeune adulte, à un moment critique de sa vie de femme.
Les principaux archétypes (animus, ombre et soi) servent de boussole au travail du psychanalyste afin de déterminer ce qui, de l’inconscient s’exprimant sous forme de symboles oniriques individuels et/ou collectifs, voire de synchronicités, gagnerait à être intégré par le moi en vue d’une harmonisation psychique et existentielle.
Ça brûle – Tu brûles
Dominique Guilbault
Du regard dans son rapport à l’image. De l’image « qui se venge de qui ne l’observe pas », de celle qui nous « brûle », de celles qui de nos jours nous envahissent par leur nombre – au point de nous faire disparaître – nous obligeant à les reconquérir… Sachant par ailleurs que d’une part le regard tue et que d’autre part le voyage n’est pas sans péril.
La brûlure du religieux, de cendres et d’amour…
Claude Horviller
Le feu est associé au divin. Par sa nature il confère aux divinités puissance et bras destructeurs, mais cette représentation ne cesse d’évoluer et c’est désormais la parole qui prime lorsqu’il est question de la présence de Dieu. Les autodafés, et les bûchers évoquent toujours des survivances de religions païennes. Et, dans le Cantique des Cantiques, comme une promesse, l’amour est comparé à la flamme de Dieu.
Brûler en Islam
Foudil Benabadjii
La religion musulmane proscrit la crémation et interdit même formellement cette pratique. En effet, dans le Coran est indiqué que le corps d’un défunt est aussi précieux que celui d’un vivant. Il faut rendre son corps intact.
La flamme est l’avenir de l’homme
Yann Boissière
La plupart des autorités juives s’opposent à la crémation, considérée comme étrangère aux traditions du judaïsme. La crémation rappelle l’horreur des sacrifices humains antérieurs au peuple hébreu, l’inhumation par contre respecte la dignité du corps, qui a abrité l’âme du défunt et qui est appelé à la résurrection.
Le feu est aussi vecteur de révélation, par exemple dans l’épisode anti-naturel du buisson ardent, et rapproche les humains de Dieu par la fumée des anciens sacrifices au temple : la racine du mot « sacrifice » en hébreu signifie « rapprocher ». L’expiation qui en résulte échange ainsi une possession contre un sens, qui déprend l’homme de lui-même en l’ouvrant au Tout Autre.
La mémoire du feu
Maria Carolina Concha, Sylvia Cova, Luis Pulgar, David Alfonzo
L’Association Vénézuélienne de Psychologie Analytique (AVPA) et son Institut de formation n’ont jamais cédé à l’action destructrice de la crise qui ravage le Venezuela depuis plus de deux décennies.
Toutefois, la force sous-jacente qui anime membres et candidats à poursuivre demeure en partie inconsciente. L’analyse collective d’un rêve, partagé lors d’une de nos réunions de groupe, apporte des images qui pourraient dévoiler la nature profonde de cette force inébranlable. Après avoir recueilli les associations, amplifications et réflexions de douze intervenants, ainsi que de notre petite équipe de travail, un symbole unique et multiple à la fois fait émergence. Dans l’alliage du feu, de la joie et de la musique se trouverait la force qui nous anime et qui prend soin de notre groupe.
Le feu sacré, quand il brûle
Brigitte Vienne
Le feu sacré peut détruire comme le feu physique et amener à des dérives mortifères individuellement et socialement. Les feux de l’enfer brûlèrent les hérétiques et les sorcières et de façon plus générale, les dérives possibles du feu de l’enthousiasme risquent d’aboutir à une possession par laquelle l’individu peut brûler ses vaisseaux et les drapeaux et effigies qu’il avait adorés.
L’attachement exclusif et inflexible à un objet spécifique ou à une structure de pensée brûle, tout comme les formes radicales, excessives, inadaptées ou extrêmes de cultes et de croyances. L’impossibilité de toute compréhension symbolique évite la confrontation à l’ombre, ce qui empêche l’accès à la capacité transformatrice du contact archétypal du feu sacré et barre la voie au processus d’individuation.
Le dernier feu de l’année de Colette
Christiane Fonseca
Dans ce passage de « Sido », Colette déploie toute sa sensibilité poétique pour suggérer les différentes facettes du dernier feu de l’année : il évoque le soleil printanier qui fait jaillir les fleurs dans la nature ; il fait surgir dans sa mémoire son enfance sauvage et silencieuse ; enfin, il éclaire le sourire mélancolique de son amie et la beauté de son corps qu’elle dénude sous les flammes qui dansent joyeusement.
Parsifal, ou le chemin vers le Soi
Jean-François Alizon
Pourquoi Jung a-t-il lu et relu Parsifal ? Pourquoi Wagner a-t-il réécrit la légende du Graal à la fin de sa vie ? Cette réécriture peut être lue comme une grande imagination active, où l’auteur retisse toute sa vie.
Né sans père, comme Parsifal à qui il s’identifie, il transmute la puissance de la Grande Mère dans la figure du vase sacré, en se confrontant à son ombre, son anima et à la puissance du Soi, quarante ans avant Le Livre rouge. Au centre de l’opéra, la scène du Vendredi Saint, en parallèle avec celle de la crucifixion de Jung à la fin du Liber primus, montre la place centrale du sacrifice dans la relation au Soi.
Éthique institutionnelle et relation archaïque
Nicolas Elias
Comment une identification à une trop bonne mère peut geler un projet de vie.
À partir des travaux d’Erich Neumann sur la relation archaïque et d’Edgar Morin sur la notion complexe d’éthique, l’auteur considère les réponses de l’institution à la dépendance du patient selon qu’elle peut ou non interroger son ombre institutionnelle, ainsi que sa propre immaturité.
Bloc-notes
Delphine Renard
Revue des revues
Laurence Lacour
En complément
Lire le coup de cœur Un processus d’individuation à écouter et à voir de Rachel Huber en lien avec l’article Parsifal, ou le chemin vers le Soi de Jean-François Alizon
A lire également
- Entretien autour des Cahiers Jungiens de Psychanalyse avec Reine-Marie Halbout, à l’occasion de la sortie du no 152, février 2021
Présentation des numéros suivants des Cahiers Jungiens de Psychanalyse sur le site EFJ :
- Jung dans le monde, no 159 – 2024
- Brûler, no 158 – 2023
- Esprits de la nature, no 157 – 2023
- Contagion/Contamination, no 156 – 2022
- Des fins, no 155 – 2022
- Au commencement, no 154 – 2021
- Intimités, no 153 -2021
- Nature(s), vivre la terre, no 152 – 2020
- Souviens-toi de ton futur, no 151 – 2020
- Images, représentations et mondes virtuels, no 150 – 2019
Ouvrages :