Sous le titre Esprits de la nature, ce numéro des Cahiers jungiens de psychanalyse (Printemps-Été 2023) poursuit les recherches du cahier précédent. Ce numéro explore nos liens avec les plantes, les animaux, la Terre, mais également la relation aux mondes invisibles.
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24,6 cm x 17 cm x 1,4 cm – 172 pages
Contenu du numéro Esprits de la nature
Éditorial
Laurence Druet, Reine-Marie Halbout, Ève Pilyser.
Le rêve surgit comme un animal
Reine-Marie Halbout
Dans son enfance, Carl Gustav Jung a vécu au contact de la nature. ette expérience a forgé son rapport au monde et son respect pour les animaux. Très jeune, il a pris conscience de la cruauté de certains traitements qui leur étaient infligés, notamment à des fins d’expériences scientifiques, ce qu’il a dénoncé jusqu’à la fin de sa vie.
Dans son travail clinique, comme dans ses analyses de rêves, les animaux sont essentiels. Pour Jung, leur présence vivante nous ouvre l’accès à notre vie instinctuelle en même temps qu’à celle de notre âme.
Dans cet article, plusieurs récits cliniques se feront l’écho de cette réanimation. Écologiste des premiers temps, Marguerite Yourcenar s’est inscrite dans la voie du respect de la nature et du monde animal. Comme cela a été le cas pour Jung, sa vie et son oeuvre en témoignent.
Vision alchimique de la nature et exploration des profondeurs
Françoise Bonardel
Éprouvant dès son plus jeune âge le besoin de vivre en accord étroit avec la nature, Carl Gustav Jung a plus tard trouvé dans l’alchimie la philosophie de la vie la plus proche de ce que l’exploration de l’inconscient lui avait appris quant à un « art de voir » respectueux des phénomènes naturels, physiques et psychiques.
Plus proche en cela de l’hermétisme antique et de l’alchimie médiévale que du naturalisme savant de son temps, Jung n’a cessé de scruter, avec une attention scrupuleuse et à ce titre quasi « religieuse », la psyché de l’homme moderne aux prises avec l’inconscient.
Souvent qualifié de « visionnaire » en raison du caractère prémonitoire de certaines de ses visions, Jung le fut plus encore pour avoir permis à la psyché de « voir selon la nature », et de retrouver ainsi un dynamisme vital et spirituel qui constitue aussi une oeuvre de culture.
L’accueil du nouveau-né : du monde des esprits à celui des parents
Ève Pilyser
Relevant des différences marquées dans les modalités d’accueil du nouveau-né, entre les peuples occidentaux et ceux issus des sociétés traditionnelles, l’auteure met en exergue l’éventail des aménagements parentaux dans la gestion de l’ambivalence et des mécanismes de projection à l’encontre du nourrisson.
Face à toute naissance, quand l’Occident tend à occulter la figure de l’ancêtre, celle-ci domine sous son potentiel vengeur dans le monde des esprits cher aux cultures indigènes. Émerge la question de la dette vitale – liée au risque de l’infanticide – articulée à celle de la responsabilité des parents à s’inscrire à leur juste place au sein de la chaîne transgénérationnelle. Condition nécessaire à l’enfant, quelle que soit sa culture, pour qu’il bénéficie d’une transmission pleinement constructive et évolutive.
Les esprits de la nature
Christiane Fonseca
Les esprits de la nature existent dans toutes les cultures, depuis les temps les plus reculés. Ils font partie le plus souvent d’un monde invisible, sacré dans certaines traditions, qu’il s’agisse du retour des morts dans l’oeuvre de Jung, du souffle des éléments dans les conceptions alchimiques, du monde de la nature dans les cultures chamaniques, de la survivance des sociétés animistes ou de la magie des créatures féeriques.
Pastorale sandienne : pour une éc(h)ologie au féminin
Marie-Claire Vallois
Reconnue de nos jours comme une des pionnières du « réalisme vert » en littérature, mais aussi une des premières à donner vie au « réalisme magique » écologique dans Contes d’une grand-mère, George Sand ouvre la voie, par ailleurs, dans son oeuvre autobiographique, Histoire de ma vie, à ce qui se trouve classé, de nos jours, sous le registre de l’ « écopsychologie ».
Dans ce livre, Sand remonte au récit archaïque de sa relation à la mère, qui l’initie à l’amour et la connaissance de la nature. Fille d’un oiseleur parisien, celle-ci, comme une antique fée/sorcière, lui donne la « clé magique » des mystères de la terre-mère que les écologistes modernes ne craignent pas de nommer, par solidarité, et en écho aux discours des peuples autochtones, Gaïa, la Grande mère.
Les pieds nus
Laurence Druet
Naître quelque part
Véronique Bouhafs-Blanchard
À partir du parcours analytique d’un nomade en errance, l’auteure explore le champ de la spatialité, guidée par le couple divin Hermès-Hestia. Les naissances et renaissances qui ponctuent cette traversée se nourrissent de sensations en lien avec la nature, de vécus d’ancrage et de l’éprouvé d’un lieu en commun avec l’analyste : une connexion acausale qui relie les partenaires analytiques au vivant, source de tous les lieux.
L’expérience du paysage est approfondie dans ses dimensions individuelle et collective : au coeur de la tension entre un « ici » familier et l’horizon lointain, elle est un passage vers la rencontre avec l’autre et le monde. Participant à la construction identitaire de l’être humain, révélant sa continuité avec la nature, elle permet à chacun d’éprouver des moments d’unité et de dialoguer avec l’âme du monde, ce dont témoignent les artistes.
Défaites et victoires de la relation de l’être humain avec la Nature à la lumière de C. G. Jung
Véronique Liard
La nature est omniprésente dans l’oeuvre de Jung. La première partie de l’article donne un aperçu du lien que l’homme Jung a entretenu toute sa vie avec tous les domaines du vivant.
Puis l’interrogation porte sur le lien entre Nature et Civilisation. Avec l’évolution de la science et l’industrialisation, l’homme civilisé s’est-il éloigné de la Nature, dont les premiers hommes étaient encore proches, au point de préférer son confort à la protection de l’environnement ?
Peut-on alors simplement parler d’une victoire de l’être humain sur la Nature ? Dans la mesure où, pour Jung, notre psyché est une partie de la Nature, peut-on affirmer que l’être humain est maître de sa propre nature ? La méconnaissance persistante qu’il a de lui-même ne fait-elle pas écho à l’ignorance des méfaits infligés depuis si longtemps à la Nature ?
Penser l’enfantement dans une perspective émancipatrice ? Phénoménologie et psychanalyse
Clarisse Picard
Les pensées féministes, malgré l’importance de leurs travaux, ne sont pas venues à bout du phénomène de la subordination des femmes dans les tâches de soin et d’éducation des enfants, et dans l’ensemble de la société.
Dans le même temps, nous assistons à un processus progressif mais continu de rupture entre le corps et la subjectivité des femmes, et la conception, la grossesse et la naissance des enfants, en raison des développements des techniques reproductives. Considérant cette tension paradoxale, l’autrice propose de revenir à l’endroit même où s’exercent cette subordination en même temps que cette rupture annoncée afin de considérer si les femmes mères ne pourraient pas y trouver, à la fois, des moyens de se réapproprier leurs enfantements et des leviers potentiels d’émancipation et de renaissance, sur le plan personnel comme sociétal.
À cette fin, elle décrit, du point de vue d’une femme singulière, et dans une perspective émancipatrice, l’itinéraire phénoménologique et psychanalytique de l’enfantement par lequel cette femme devenant mère naît à soi même en donnant naissance à son enfant. En co-constituant le sens universel de l’enfantement et son devenir mère philosophe, cette femme singulière opère un véritable changement de paradigme de nos représentations de la mère et de la structure métaphysique des sexes.
La faune de nos rêves
Caroline Rosain-Montet
Après l’évocation des préoccupations contemporaines autour de Gaïa et de leurs divers enjeux sociétaux, politiques et psychiques, l’auteure s’attache à montrer, à travers de nombreuses vignettes cliniques, l’importance et le rôle de l’animal dans nos rêves.
Se présentant sous toutes sortes d’espèces, parfois inattendues, il vient révéler de façon très sensorielle, des aspects négligés de la personnalité, des facettes de l’anima/animus, ou encore des chemins que l’âme aimerait suivre et que le moi résiste à emprunter.
C. G. Jung animiste
Antoine Fratini
Le nom de C. G. Jung est lié aux champs d’études les plus disparates, comme la psychiatrie, la psychanalyse, la religion, la spiritualité, l’ésotérisme, l’alchimie, l’anthropologie, l’orientalisme, la franc-maçonnerie… mais certains préjugés,
surtout culturels, ont jusqu’à présent empêché d’en voir le versant animiste pourtant évident.L’auteur propose d’investiguer dans cette direction en développant les thèses avancées dans son ouvrage sur ce sujet.
Bloc-notes
Delphine Renard
Revue des revues
Laurence Lacour
Juillet 2023
A lire également
- Entretien autour des Cahiers Jungiens de Psychanalyse avec Reine-Marie Halbout, à l’occasion de la sortie du no 152, février 2021
Présentation des numéros suivants des Cahiers Jungiens de Psychanalyse sur le site EFJ :
- Jung dans le monde, no 159 – 2024
- Brûler, no 158 – 2023
- Esprits de la nature, no 157 – 2023
- Contagion/Contamination, no 156 – 2022
- Des fins, no 155 – 2022
- Au commencement, no 154 – 2021
- Intimités, no 153 -2021
- Nature(s), vivre la terre, no 152 – 2020
- Souviens-toi de ton futur, no 151 – 2020
- Images, représentations et mondes virtuels, no 150 – 2019
Ouvrages :