La voix du Soi propose une voie pour que l’animus négatif cesse d’empêcher la conjonction du masculin et féminin.
Le patient enseignement du Soi
Le fait qu’à un stade relativement précoce , au rêve 34, entre en scène le personnage du Sage, montre que l’animus négatif peut régresser, laissant le champ libre aux manifestations de l’animus positif.
Rêve no 34 : l'afficher
La prosternation révèle, au sein de la psyché de la Rêveuse, un mouvement d’acceptation d’une initiation par le Soi. Apparaît alors une possibilité d’écoute et de compréhension des avertissements et des conseils de cette force organisatrice qui souhaite la conjonction entre le masculin et le féminin. Cette conjonction sera possible seulement si la Rêveuse est une vraie femme.
Le travail du Soi se manifeste à la fois, par des représentations scéniques et, à des moments clés, par des phrases parfois sibyllines mais toujours impressionnantes.
A partir du Rêve 40, les femmes enceintes reviennent dans plusieurs situation dont elle a oublié les circonstances et, au rêve 62, ce n’est plus l’homme qui a la puissance mais la femme. En effet, quand la femme enceinte n’est plus là, le géniteur a un malaise et on dit qu’il faut aller chercher la femme.
Rêve no 40 : l'afficher
Rêve no 62 : l'afficher
La femme, il faut aller la chercher très loin, aux racines du féminin, comme le montre le rêve 63, où il est dit que la mère va progressivement préparer la psyché à l’acceptation de nouvelles règles, d’une nouvelle manière d’accepter la féminité.
Rêve no 63 : l'afficher
Au rêve 48, la Rêveuse s’était déjà impliquée dans la recherche de la féminité quand elle avait dit je vais la chercher. Il s’agissait d’une grande fille muette, symbolisant la féminité incapable de s’exprimer, que la Rêveuse tentait de ramener vers une maison, cernée par des soldats, à travers un bois plein d’ombres menaçantes.
Rêve no 48 : l'afficher
L’inconscient raconte aussi de belles histoires où tout va bien. Au rêve 55, par exemple, un prix est décerné aux deux animus, réconciliés sous l’apparence de deux jumeaux. Mais le fait que la scène se passe dans une boîte de nuit, montre que nous restons au niveau de l’inconscient, et qu’il s’agit d’un rêve programme, induisant peu ou pas de transformations dans la vie réelle.
Rêve no 55 : l'afficher
Les paroles du Soi
Les paroles du Soi, le plus souvent prononcées par la Grande Voix, sont des éléments essentiels de l’histoire de la Rêveuse, en particulier quand il s’agit de montrer les erreurs et les possibilités de correction. Ces voix semblent vouloir passer en force. Elles projettent de secouer les habitudes de l’organisation consciente, à laquelle on veut faire savoir qu’il existe un autre point de vue. Une interprétation et une amplification au niveau symbolique sont le plus souvent indispensables pour comprendre le sens du message.
Par exemple, au rêve 13, donc assez tôt dans la série, une voix qui dut être impressionnante dit : le nombre terrifiant des vingt. Pour donner un sens au discours du Soi il est intéressant de savoir que le vingt est associé par la tradition catholique, ou ésotérique, à la différenciation fondamentale des pôles antagonistes, en particulier l’esprit et la matière. 1 Saint Jérôme considérait le nombre 20 comme néfaste et J. Boehme l’appelait le Diable, c’est à dire le monde matériel opposé au monde spirituel.
Rêve no 13 : l'afficher
La Voix intervient à nouveau pour rappeler qu’il y avait la source de la féminité. Presque à la fin de la première partie, au rêve 72 qui se situe avant l’intervention de l’analyste, elle pose le problème mis en évidence par ces rêves initiaux, en prononçant les mots : la chambre chaude et maudite.
Rêve no 72 : l'afficher
Si on s’en réfère au sens général de cette première suite de rêves, on comprend que cela signifie que le sexe de la femme, assimilé à un lieu infernal, est maudit. Pour s’en défendre, on doit en faire un objet de violence et de soumission. On ne peut s’empêcher de penser ici, à toutes les tortures infligées par l’inquisition à de soi-disant sorcières.
Après le début de l’analyse, la Voix va encourager encore une fois la Rêveuse, avec force, à retrouver toute la puissance de sa féminité en disant et répétant : Le clitoris est l’antre de l’univers . Ceci se passe au rêve 83, annoncé par le rêve 78 où c’est le passage par le sexe féminin, le doigt posé sur le clitoris, qui libère la parole du mari. Ce clitoris associé à l’antre, rappelle la chambre chaude du rêve 72 qui, maintenant, n’est plus maudite mais au contraire sacralisée comme pouvant être le réceptacle de l’univers.
Rêve no 78 : l'afficher
Rêve no 83 : l'afficher
Certains pourraient dire que le clitoris est un peu comme un phallus. il s’agirait là d’allégations à partir du point de vue masculin dominant. Le clitoris appartient à la femme et n’a rien à voir avec un phallus. Il est très essentiel à la jouissance féminine et donc spécifique de la féminité.
Après ces paroles, il semble que le Soi ait terminé son discours sur ce sujet, car celles qui suivent seront plutôt destinées à favoriser la conjonction, et à éclaircir la relation de la Rêveuse avec le divin.
L’animus positif
Avant que la prédominance de l’animus négatif dans la psyché de la Rêveuse ne prenne fin, il aura été à l’origine de projections de figures martyrisant la féminité. Nous avons au rêve 16 le bourreau inquisiteur, au rêve 77 la main terrible qui supplicie et au rêve 87 la frayeur devant l’être immense masculin. Ces rêves sont générateurs d’une angoisse telle que l’on voudrait être n’importe quoi, sauf une femme. Tous ces obstacles seront surmontés et, comme pour l’incarnation, nous aurons des dénouements.
Rêve no 16 : l'afficher
Rêve no 77 : l'afficher
Rêve no 87 : l'afficher
La séparation, ou plutôt la fin de la prépondérance, de l’animus négatif tragique, intervient au rêve 121. Un Bouddha assis représente probablement l’animus positif, qui est alors en position d’exercer sa fonction d’aide et son travail d’ambassadeur du Soi. C’est lui qui va, en donnant à la Rêveuse un alcool très fort qui lui brûle tout l’intérieur, procéder à la purification des scories de son ancienne identité ambiguë.
Rêve no 121 : l'afficher
L’inconscient, par l’intermédiaire de cet animus positif, explique comment, par faiblesse, un animus négatif tragique violent, discutailleur et toujours en train de pleurer a été très longtemps gardé comme une des composantes de la psyché. Finalement, et là se situe l’heureuse issue de ce conflit, il a récemment été mis à la porte. Il reviendra peut-être, mais très affaibli, et ce départ était la condition rendant possible le rêve 144, aboutissement de tout un processus d’évolution.
Rêve no 144 : l'afficher
La Rêveuse va devenir véritablement elle-même et assumer sa nature féminine sans occuper une position inférieure. Au contraire, c’est elle, la femme, la fille du père lui-même racine du masculin qui, avec son accord, va s’occuper du groupe, et diriger l’orchestre sans être obligée de s’affubler d’un déguisement masculin.
Nous avons observé le processus d’acceptation par la Rêveuse de son incarnation et de sa féminité, mais cela n’était qu’une condition préalable à la belle histoire, celle souvent racontée dans les livres . Il s’agit d’obstacles surmontés, du mariage des anciens ennemis, de ceux qui s’aimaient et que séparaient leurs familles. Sont aussi racontés des problèmes de place dans la société, de différences de religions.
Sur le plan onirique qui nous occupe ici, l’histoire narre surtout les difficultés de la réunion des pôles opposés féminin masculin, dont le mariage est indispensable pour que soient ainsi réunis les éléments de la totalité.
Les dénouements de l’histoire
L’histoire racontée par la série va cheminer vers plusieurs dénouements.
Un des dénouements est du style roman feuilleton. Au rêve 146, ils sont beaux, amoureux, et roulent dans une belle voiture vers le bonheur.
Rêve no 146 : l'afficher
Un autre dénouement, à la vision 150 et au rêve 152, propose une représentation-tableau dont certains éléments semblent directement issus de la symbolique alchimique. Ces rêves seront étudiés ultérieurement.
Vision hypnagogique no 150 : l'afficher
Rêve no 152 : l'afficher
C’est une belle image, statique, à laquelle nous préférerons pour l’instant la scène d’aboutissement du rêve 151. Il y a de l’action, et les protagonistes ne sont plus des héros de roman mais la Rêveuse et son mari. Ils sont mis en scène, dans un jeu érotique pendant lequel ils copulent joyeusement. La Rêveuse perte des oreilles de lapin ! C’est un songe révélateur de l’intégration, au niveau conscient, d’une possibilité d’associer l’incarnation et la sexualité à un sentiment de joie et d’amusement sans craindre d’être jugé ou d’être ridicule.
Rêve no 151 : l'afficher
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Notes :
- CF R. Allendy, Le symbolisme des nombres, p. 366 ↩