Selon Carl Gustav Jung l’homme fait partie de la nature dans laquelle s’enracine son esprit.
La psyché s’enracine dans le biologique
Pour comprendre le modèle de la psyché jungienne, il faut se pénétrer de l’idée qu’elle s’enracine dans l’ordre biologique et que, pour Jung, toute organisation est calquée sur la vie éternelle de l’espèce ce qui explique qu’il puisse écrire dans Les racines de la conscience :
« La psyché n’est en aucune manière un chaos fait d’arbitraire et de hasard, mais une réalité objective qui est accessible à l’exploration au moyen des méthodes des sciences naturelles. » (p. 563)
A la recherche d’une unité corps et esprit
C.G. Jung chercha vainement une « psychologie qui eut considéré l’homme comme une totalité », corps et esprit, et trouva son chemin de Damas quand il rencontra la psychiatrie car :
« En elle seule pouvaient confluer les deux fleuves de mon intérêt et se creuser leur lit en un parcours commun. Là était le champ commun de l’expérience des données biologiques et des données spirituelles que j’avais jusqu’alors cherché en vain. C’était enfin le lieu où la rencontre de la nature et de l’esprit devenait réalité … C’est le sentiment d’une “nature dédoublée”, qui me porta comme une vague magique … » (Ma vie, p. 134, 135.).
Un sentiment immuable de faire partie de la nature
Ce besoin qui, chez Jung, est presque un ressenti, de construire un modèle de la psyché inspiré par la vision d’une Nature se déployant vers la conscience, s’exprime ainsi dans Les racines de la conscience (p.522).
« En égard à la structure du corps, il serait surprenant que la psyché fût le seul phénomène biologique à ne pas révéler des traces évidentes de l’histoire de son développement, et il est également vraisemblable que ces signes sont précisément dans le plus étroit rapport avec le fondement instinctif. »
Le philosophe Spinoza, bien avant lui, met l’accent sur le lien entre l’homme et la Nature :
« Il est impossible que l’homme ne soit pas une partie de la Nature, et qu’il évite de subir d’autres changements que ceux qui peuvent se comprendre par sa seule nature et dont il est la cause adéquate (proposition IV de l’Éthique ). »
Impulsion donnée par l’énergie psychique
Tout en conservant l’importance de l’énergie sexuelle dans la libido, Jung a déterminé deux pôles entre lesquels il existe une différence de potentiel : le pôle sexuel, ou plus exactement le pôle instinctuel, et le pôle de l’esprit.
C’est la tension entre ces pôles qui est à l’origine d’intensités, ou de valeurs d’ordre psychologique, qu’il appelle l’énergie psychique. Les contenus et la mesure de cette énergie sont absolument indéterminés et seule l’expérience peut en mesurer les effets au niveau des sentiments et des affects.
Qu’entend Jung par l’esprit ?
Marie-Louise von Franz, la plus intime collaboratrice de Jung, nous donne le résumé le plus simple de ce que, pour lui, signifiait l’esprit. On peut lire dans son ouvrage : C.G. Jung, son mythe en notre temps :
« L’esprit, déclare Jung en résumé, signifie donc originellement un complexe fonctionnel vécu au stade primitif comme une présence invisible, comme un souffle. Quand survient un phénomène psychique ressenti comme appartenant à notre être propre, nous l’appelons notre propre esprit.
Si par contre le phénomène psychique paraît nous être étranger, c’est à nos yeux un autre “esprit” que l’on peut considérer en définitive comme un aspect non encore intégré de l’inconscient. Cet aspect spirituel de l’inconscient possède une énergie propre ; il engendre, indépendamment des excitations sensorielles externes des images et des idées spontanées dans l’espace intérieur et les ordonne d’une manière pleine de sens. » ( p. 98 à 101.)
Une partie des textes et des citations sont extraits de la page Jung à la recherche de la totalité psychique.