Ce que Jung voulait dire quand il parlait de dialectique et de totalité.
Le vocable dialectique
C.G. Jung utilise certains vocables d’une manière non conventionnelle. Pour donner un exemple des fréquents malentendus dus à une lecture très fragmentaire et à des conclusions hâtives prenons le mot dialectique.
Il l’utilise aussi bien comme titre d’un de ses ouvrages, Dialectique du Moi et de l’inconscient, que pour donner un nom au processus de la relation entre l’analyste et l’analysant et entre l’analysant et les contenus émergeant de l’inconscient, contenus dont la compréhension est facilitée par l’analyste.
La curieuse détestation de Hegel
Jung réagit assez vivement à toute allusion au sujet d’une quelconque influence de Hegel sur sa pensée, et ceci jusqu’à la fin de sa vie. C’est ainsi qu’on peut lire dans une lettre écrite deux ans avant sa mort :
“Hegel… peut être considéré comme un psychologue raté… La dialectique hégélienne, je peux le dire en toute tranquillité n’a pas exercé la moindre influence sur moi, autant que je le sache. J’ai utilisé le terme allemand Auseinandersetzung dans le sens de la langue courante. Étant un empiriste et non un penseur en philosophie, j’ai choisi des termes qui ont leur source réelle dans l’expérience.” (1959, Correspondance, tome 5, p. 112.)
Il existe toujours une tension avec les opposés
Pour Jung, il existe toujours une tension entre les opposés. On est confronté avec un « vis-à-vis avec lequel il faut compter » et « processus dialectique » signifie système de relation et d’interaction.
La totalité selon Jung
La totalité selon Jung, est la totalité psychique vers laquelle on peut cheminer “humainement”. Il s’agirait d’une psyché globale, au sein de laquelle les contenus conscients doivent être complétés par les contenus de l’inconscient. (c.f. Un mythe moderne p. 73).
Cette démarche idéale peut sembler utopique mais elle est potentiellement réalisable :
“Deviens celui que tu as été depuis toujours ! C’est à dire efforce toi d’atteindre à cette totalité à cet épanouissement de toi même que nous font perdre les circonstances d’une existence consciente et civilisée, à cette totalité que chacun porte potentiellement en lui même depuis toujours. » (Un mythe moderne p. 181)
L’intuition d’une Totalité inconnaissable
Jung évoque aussi une Totalité inconnaissable dont il semble avoir l’intuition, mais au sujet de laquelle il se refuse à affirmer quoi que ce soit, car elle relève pour lui du transcendant invérifiable. Cette Totalité, dont il eut une sorte de “vision” en 1916, et qu’il assimilait alors au Plérôme des Gnostiques, serait celle d’un Dieu unissant en lui tous les contraires avant la différenciation.
Chacun est unique par son individuation et en relation avec l’ensemble de la Nature
Jung privilégia une approche de la totalité où chacun est à la fois unique par son individuation et en relation avec l’ensemble de la Nature. La totalité de la Vie, y compris celle de la vie de l’esprit, serait alors faite d’un seul et même substrat.
Une partie des textes et des citations sont extraits de la page La relation de Jung avec l’idée de totalité.