Le sujet rhus toxicodendron est un vaillant petit coureur, toujours prêt à bondir, jusqu’au jour où il se fait une entorse, ou qu’il tombe perclus de courbatures, épuisé.
Peut-être alors pourra-t-il se pencher enfin sur son être intime afin d’y découvrir pourquoi il a fait tant d’efforts et tenter de s’approcher du sens de son existence.
La plante Sumac vénéneux
Le Sumac vénéneux fait partie de la famille des Anacardiacées. C’est un arbrisseau buissonnant de 1 à 2 mètres, à rameaux souvent rampants ou grimpants qui pousse surtout aux États-Unis et au Japon et qui s’est acclimaté en France.
Les feuilles sont grandes, alternes. La face inférieure des feuilles se couvre de taches d’un exsudat noirâtre, constitué de latex desséché (urushiol). Son contact provoque à très faible quantité des dermites de contact, des vésicules, des pustules sur la peau. Les feuilles du sumac sont extrêmement rubéfiantes et vésicantes.
Rhus toxicodendron homéopathique
On trouve la pathogénésie de rhus toxicodendron chez Hahnemann dans son Traité de matière médicale. La teinture mère est préparée à partir des jeunes rameaux feuillés de la plante.
On peut dire que le leitmotiv de rhus toxicodendron est le mouvement. C’est un symptôme clef, particulièrement dans la modalité d’amélioration par le mouvement. Rhus toxicidendron a horreur de ce qui peut l’empêcher d’avancer, de l’immobilité et de tout ce qui peut la provoquer.
L’agitation physique et anxieuse le caractérise. Il ne cesse de changer de position et il doit bouger.
Douleurs multiples
Dans un contexte pathologique, le sujet présente des douleurs articulaires, musculaires, des tendons, des ligaments et des fascias.
Il s’agit de douleurs tiraillantes avec raideur articulaire, douleurs d’entorse, avec un endolorissement généralisé.
Ces douleurs sont aggravées :
- au froid, à l’humidité, à la pluie,
- au premier mouvement,
- à l’effort trop prolongé.
Elles sont améliorées :
- au mouvement continu,
- au frottement, à la friction,
- à la chaleur, en s’étirant.
Le sujet a des craquements articulaires et parfois il ressent un engourdissement des membres.
C’est un remède de foulure, d’entorse, de lumbago. Ils peuvent survenir à la suite d’efforts trop violents, d’avoir porté des charges trop lourdes, d’un surmenage physique ou d’un traumatisme. C’est aussi un remède de névralgies.
Autres symptômes
Les manifestations peuvent aussi se localiser à l’appareil respiratoire, sous forme de rhume, de toux. Elles peuvent également se localiser à la gorge, avec sensation de sécheresse et on peut observer une aggravation en avalant la salive avec des douleurs piquantes en avalant.
On peut trouver des diarrhées. La diarrhée survient après avoir pris froid, après un effort physique intense. La selle est en bouillie, « bouse de vache ». Le sujet perçoit des douleurs abdominales, avec des coliques qui s’améliorent quand il est allongé sur le ventre.
Une localisation importante de rhus toxicodendron se situe sur la peau. Nous avons vu que le latex de la plante était particulièrement urticant. A tel point que le sujet est pris de démangeaisons intenses, avec une éruption qui devient rapidement vésiculeuse, voire phlycténulaire et aussi parfois une peau marbrée, en « peau de panthère ». On peut trouver aussi de l’herpès, un impétigo et bien sûr des fièvres éruptives. On note une amélioration à l’eau chaude.
On rencontre aussi des symptômes particuliers, tels qu’un désir de lait froid, une pointe rouge au bout de la langue. Il y a aussi parfois une insomnie avec agitation, le rêve que le monde est en feu, des rêves de travail, de voyager.
C’est aussi un remède de fièvre, avec agitation le malade bouge sans arrêt. Frisson, comme si de l’eau froide lui était versée dessus, frisson dès qu’il se découvre… comme si de l’eau chaude coulait dans ses veines…
Le sens de rhus toxicodendron
Soumis à une sorte de mouvement perpétuel
Rhus toxicodendron est soumis à une sorte de mouvement perpétuel auquel il ne peut échapper.
Il incarne le mythe de Sisyphe qui fut contraint de pousser du bas en haut d’une montagne éternellement une énorme pierre qui retombait à peine arrivée au sommet.
Pour rhus toxicodendron, l’état statique est synonyme de mort. Dans son comportement, il est toujours en action. Ce n’est pas quelqu’un qui « est » mais qui « fait ».
Il a l’angoisse de l’inconscient, de s’y plonger et de régresser vers une dépendance symbiotique. Il faut qu’il avance. Il a la hantise de l’humidité, du froid qui pourraient le ralentir et éteindre son feu intérieur.
Plus dans le « faire » que dans « l’être »
C.G. Jung dit que la découverte des valeurs de la personnalité appartient à l’âge mûr. Plus le sujet est jeune, plus il est dans le « faire » plutôt que dans « l’être ». Il ne semble pas que, même en prenant de l’âge, rhus toxicodendron découvre véritablement le monde inconscient.
En fait, il s’agit d’une sorte de « paresse hyperactive » qui polarise vers une extraversion « mondaine » (au sens pascalien) et qui détourne de la recherche intérieure.
Il est poussé par une main invisible qui l’oblige à agir. Il est la proie de bouffées anxiogènes issues de l’inconscient qui l’effraient, le font courir mais dont il ne songe pas à mesurer la signification et l’importance. Il est soumis à un monde intérieur bouillonnant, en feu, qui provoque inflammation et douleurs handicapantes.
Il oscille entre hyperactivité et inactivité
Rhus toxicodendron oscille entre une hyperactivité compensatoire et une inactivité décompensatoire.
Rhus toxicodendron est une sujet parfois capable d’exploits. Il peut vouloir courir un marathon ou bien faire des courses à bicyclette difficiles. Il se plait à frôler la performance car c’est là qu’il semble s’épanouir ; ça lui donne confiance.
En tout cas, on ne sait pas toujours après quoi il court ou ce qu’il fuit, lui non plus d’ailleurs. Sans doute fuit-il une interrogation intime qu’il diffère, préférant se lancer à corps perdu dans l’activité.
Des rêves inquiétants
Dès que rhus toxicodendron s’endort, ses occupations lui reviennent en rêves, d’une manière inquiétante. ll rêve de nager, de ramer, de grimper, de faire des exercices exceptionnels. La nuit, il fait des rêves dans lesquels il exécute des projets conçus pendant le jour. Ses rêves sont fatigants.
Évidemment cet état de tension permanente ne peut se prolonger ad vitam aeternam. Bientôt les muscles, les tendons, les articulations, se fatiguent, l’énergie vitale s’affaiblit, la volonté décroit, le moral est en baisse. Il a des courbatures, des douleurs, ses articulations craquent.
Il ne peut malgré tout pas vraiment se reposer, car l’immobilité lui est pénible, il doit chercher sans cesse une position, le premier mouvement est difficile, puis le dérouillage l’améliore, mais il ne peut pas trop en faire car rapidement les douleurs reprennent. C’est un cercle infernal.
ll devient triste alors, recherchant la solitude dans le silence. Toute occupation, quelque légère qu’elle soit, le contrarie. Il se met à pleurer sans savoir pourquoi. Il est alors mélancolique, morose et angoissé, comme s’il était menacé d’un malheur.
Il est pris entre le feu et l’eau
On est en présence d’un combat entre deux ennemis héréditaires : le feu et l’eau.
Le feu, avec l’air qui l’attise, impulse une énergie vitale forte, un mouvement vif et impétueux. Quant à l’eau, elle empêche cet élan, en freinant les membres, en noyant l’énergie, en provoquant la rouille générale des articulations, les rhumatismes (du grec ῥεῦμα, fluxion). Il craint l’humidité, la pluie, l’air froid, surtout humide, les mauvais effets de la sueur.
Ce feu est si fort, souvent si mal maitrisé, qu’il occasionne une inflammation générale, au point de provoquer des brûlures, une pointe de la langue rouge en triangle et un rêve que le monde est en feu.
Son monde intérieur est en feu
Mais ce n’est pas le monde qui est en feu, c’est son monde intérieur, avec ses orages inconscients, ignorés au profit de l’action, manifestations violentes d’un univers qui essaie de se faire entendre en frappant à la porte pour être entendu, en vain, car le sujet court toujours, d’exploit en affaires, en performances diverses.
La peau est un autre témoin de cet incendie, une peau qui s’irrite, rougit, s’enflamme, couverte de vésicules, de phlyctènes, une véritable brûlure à vif qui paradoxalement est améliorée à la chaleur, comme si seule l’énergie du feu pouvait porter secours.
Et peu à peu, rhus toxicodendron, le fougueux, s’éteint, se noie, s’ankylose et s’arrête (bien obligé).
Rhus toxicodendron entre le moi actif et un soi bâillonné.
Une propension au rationnel
Jane Cicchetti, psychothérapeute et homéopathe américaine jungienne, dit que chez rhus toxicodendron le monde rationnel est bien développé alors que le monde spirituel demeure à un état rudimentaire.
Cette propension au rationnel est compensée par une crainte des phénomènes inexpliqués qui émergent de l’inconscient comme des peurs d’être malmené par l’inconnu. D’où la peur des fantômes ou d’être poursuivi ou empoisonné…
En fait son « type pensée » peut voir surgir des phobies diverses et même une tendance à la superstition, témoin du refoulement de son « type sentiment.
Comme l’écrit Marie-Louise von Franz, l’aspect créateur du noyau psychique ne peut entrer en action qu’autant que le moi se débarrasse de tout projet déterminé, convoité, au bénéfice d’une forme plus profonde, plus fondamentale d’existence.
Et ce n’est pas le cas de rhus toxicodendron. Jung écrit dans le Livre Rouge :
« Ne regarde pas trop devant toi, mais derrière toi et vers l’intérieur. »
Toute la puissante poussée du soi ignoré provoque chez rhus toxicodendron une irritation cutanée intense, tant il est vrai, comme le disait Valéry, que « la peau est ce qu’il y a de plus profond ».
Il oscille entre souplesse et raideur
Rhus toxicidendron est un actif aux articulations souples au départ. Il aime à s’en servir jusqu’à l’abus. Les tendons et les articulations sont les liens qui permettent le mouvement et l’action.
Les articulations deviennent peu à peu raides, ankylosées, surtout au froid et à l’humidité. On le trouve dans les mauvais effets du surmenage physique, dans les contusions, certaines entorses, les foulures. La douleur est exacerbée au premier mouvement de dérouillage. Les articulations sont inflammatoires, parfois gonflées.
Les muscles sont touchés. Malgré tout, il va tenter de continuer son effort et, quand la fatigue apparaîtra, la douleur reprendra. Le repos l’aggrave, si bien qu’au lever du matin ou après être resté assis longtemps, il a du mal à reprendre le mouvement.
Sisyphe s’arrête enfin épuisé et figé
Tendons et tissus fibreux sont atteints. Il est raide et s’agite en permanence, comme pour débloquer ses articulations. Il s’étire, se tourne, ne trouvant pas de position satisfaisante. Il se couvre car la chaleur l’améliore.
Et le sujet devient de plus en plus raide, jusqu’à la paralysie. S’en est fait du malheureux Sisyphe qui s’arrête enfin, épuisé et figé.
Important : il est possible que l’un des remèdes décrits sur ce site vous convienne, mais on ne peut l’affirmer sans un interrogatoire et un examen sérieux effectués par un médecin homéopathe. Le site est fait pour faire connaître l’homéopathie, en aucun cas il ne peut se substituer à un thérapeute. Le docteur Bernard Long n’assure plus de consultations.
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Ouvrages
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Le Répertoire homéopathique des maladies aiguës complète utilement cet ouvrage.