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Bernard Long

Bernard Long, médecin homéopathe, publie plusieurs textes sur l’homéopathie et les symboles.

 

Ses recherches s’appuient également sur les travaux de C.G. Jung.

Pulsatilla

Premier amour

A- Figure 2 du Rosarium Philosophorum

rosariumSur cette figure on voit un couple d’enfants ou d’adolescents, frère et sœur. Ils représentent le roi et la reine pendant la première phase de la conjonction. Ils se tiennent par la main gauche.

En fait il s’agit d’une première rencontre entre les deux protagonistes du couple royal. Nous sommes en présence du soufre et du mercure, au stade de la materia prima. Soufre et mercure. Si nous nous en tenons à une composition chimique simpliste nous aboutissons à un cinabre, un sulfure de mercure. Quelle pourrait être sur le plan homéopathique la correspondance entre la materia prima et  l’idée de cinnabaris ? En quoi pourrait-il ya avoir une synchronicité entre la substance et le contenu de la pathogénésie de cinnabaris ? Cinnabaris fait le rêve particulier d’une araignée grosse comme un bœuf. On connait la relation qu’il peut exister entre l’araignée et la mère. De plus le cinabre est un excellent remède de sinusite maxillaire, d’inflammation de l’antre d’Highmore, l’antrum, la « caverne », lieu symbolisant si bien la matrice utérine.

La colombe va vers la main gauche, celle de l’amour, d’Aphrodite. Elle descend du ciel, comme une annonciation, présageant un événement heureux.  Les deux enfants, fille et garçon, auront besoin de cet élément infusant et catalyseur qui arrive sous la forme céleste.  On aperçoit aussi l’harmonieuse étoile à six branches. On retrouve l’étoile dans le croisement des tiges fleuries. L’étoile de la quintessence et les deux luminaires, lune et soleil sont présents, comme dans la figure 1 du Rosarium. Les enfants sont certes de sexe clairement déterminé mais cette affirmation sexuelle est tempérée. Les deux protagonistes sont habillés. Il s’agit de la première rencontre de ces deux êtres. Il s’agit de l’amour filial, celui de la famille, de la parenté. C’est un premier amour, un amour d’enfants. Cet amour est filial, timide et non sexualisé. Le couple est sous l’influence du Saint Esprit qui descend sous forme de colombe. C’est un couple innocent, comme Adam et Eve avant leur mésaventure, alors qu’ils étaient nus et n’avaient pas besoin dans leur candeur de l’artifice de l’habit. On voit que cette fois le roi et la reine en habit, malgré leur ingénuité, subissent la menace d’une pulsion (déjà présente quoique quiescente) qui pourrait les faire basculer dans un acte irréparable. Il y a certainement amitié, voire amour, mais on perçoit une défiance, une prudence. Cette appréhension plus ou moins feinte se retrouve dans les phrases enfantines comme « Les garçons sont bêtes, les filles sont bêtes ! ». Il existe déjà le jeu de la séduction (objectivé par la colombe d’Aphrodite). Mais la rencontre est surtout filiale dans ce cas de figure, elle est union d‘une fratrie autour du giron maternel rassurant et d’un père protecteur de toute la famille. Les enfants se tiennent la main, comme pour ne pas se perdre. Il s’agit de la main gauche, celle du cœur, classiquement celle de la mère. En fait ils sont reliés à la mère, même si du côté droit ils tiennent la fleur qu’ils se présentent mutuellement au visage, la fleur comme un sceptre royal d’autorité et de loi. Nous sommes dans un contexte endogamique, chaste et retenu. Le couple est sous influence mariale. « Conçu du Saint-Esprit, né de la Vierge Marie ». Marie est l’épouse du Saint Esprit. Elle met un monde l’enfant issu de l’esprit et de son amour, sans l’intervention d’un géniteur charnel qui est effacé devant la figure maternel latente dans cette image. Les enfants sont timides, parlent avec leur cœur, penchant légèrement la tête, leurs regards sont farouches et n’osent fixer l’autre. Il s’agit d’un amour infantile où la différence sexuelle est effective mais non investie par la phase génitale. Tout ceci dans une atmosphère baignée de douceur, de filialité, d’amour « gauche » et encore lié à la mère de façon symbiotique.

splendor solis 4

La figure 4 de la série Splendor solis reproduit une scène assez identique à celle que nous venons de décrire. On retrouve presque la même scène sur une version gravée du Rosarium. Il existe quelques différences. Les adolescents se tiennent par la main droite. Les enfants sont debout sur un lion. Dans cette version la figure ne montre plus des enfants innocents mais déjà l’adolescence, sa volonté et la présence dévorante du lion sur lequel ils se tiennent

B – L’anémone

Le remède homéopathique qui semble le plus correspondre à cette figure 2 du Rosarium semble être pulsatilla. Il n’est pas le seul remède qui puisse lui correspondre, mais il est certainement le principal, les autres ne possédant que des variantes de sa problématique (comme baryta carbonica, ambra grisea, natrum muriaticum, silicea…). La pulsatille a cinq ou six pétales. Elle appartient à la famille des renonculacées.  Elle mesure de 10 à 30 centimètres. Les feuilles en rosette sont argentées, velues et pétiolées. Les fleurs sont violet-noir. C’est une plante discrète, ravissante, précoce au printemps. Penchée sur sa tige et suspendue comme une petite cloche, la fleur de la pulsatille se balance au vent; de là son nom, dérivé du latin pulsare, agiter, mettre en branle. Sa couleur s’assombrit jusqu’au violet (1).

On trouve la pathogénésie de Pulsatilla pratensis, Anémone pratensis, dans le Traité de Matière Médicale de Hahnemann : 1153 symptômes.

C – Pulsatilla

pulsatillaCette première rencontre entre le masculin et le féminin représentée sur la figure 2 du Rosarium a lieu au printemps, sous le signe du bélier Aries, comme l’indique la planche 7 de Bachusen, c’est-à-dire au début du printemps, à l’époque où la force de la nature est vive, bourgeonne. C’est la période des fleurs printanières, des « petites grenouilles », les ranoncula, les renonculacées. La plupart de ces plantes sont tendues entre le monde aquatique inconscient et un processus fleural profus (comme l’indiquent les roses que portent les enfants royaux) témoin d’un univers de transformation et d’individuation. Le nom, grenouille, évoque la mare et les petits têtards et jeunes amphibiens qui émergent du chaos pour éclater en bourgeons vers la vie terrestre par l’intermédiaire de la respiration.

Ainsi les renonculacées sont-elles (pour beaucoup d’entre elles) le témoin d’un passage entre deux mondes, celui d’une vie symbiotique quasi amniotique, à une autonomie possible mais inquiétante. Elles fuient la sécheresse (trop dure et trop aride). Elles n’ont pas de fleurs parfumées, entêtantes comme certaines plantes aux odeurs lourdes, plus charnelles ; ces fleurs donnent parfois l’impression de quelque chose d’inachevé ou d’immature. La frontière entre les feuilles et les pièces florales est indécise, les fonctions du calice et de la corolle sont souvent confondues.

L’anémone symbolise l’éphémère. « Adonis est changé par Vénus en une anémone rouge, du sang du jeune homme naît une fleur de même couleur qui cache ses graines… mais on ne peut en jouir car mal fixée et trop légère, elle tombe, détachée par celui qui lui donne son nom : le vent. L’anémone est une fleur solitaire dont la couleur vive attire le regard. Sa beauté est liée à sa simplicité. Fleur de sang, éclose par le vent et que le vent peut emporter. Elle montre la richesse et la prodigalité de la vie en même temps que sa précarité.(2)

L’histoire d’Adonis est édifiante. Il fut aimé passionnément par Vénus. Il est tué à la chasse (certains disent par Mars jaloux), Vénus éplorée prit le corps d’Adonis et le transforma en anémone. Cet amour immodéré d’une femme sans doute plus âgée que lui évoque un amour incestueux qui n’aurait sans doute pas favorisé l’épanouissement du jeune homme vers un monde adulte et autonome.

D –Pulsatilla homéopathique

1- Description

Hahnemann donne une première description du remède pulsatilla dans sa première matière médicale en latin de 1805 (3). Il expose de façon plus complète la pathogénésie de pulsatilla  dans son grand traité de matière médicale (4) :  « On exprime le suc de la plante entière, verte et fraîche, et on le mêle avec parties égales d’alcool, en secouant bien… ». Il s’agit dans l’expérience de Hahnemann de  pulsatilla pratensis.

2- PULSATILLA – son sens

Mandala (5) de pulsatilla basé sur la synchronicité entre le psychisme et le physique (6).

manadala pulsatilla

Au centre : impermanence d’un monde fusionnel…

Pulsatilla est un remède courant pour soigner les maux durant la conception, l’accouchement, l’allaitement, les maladies du nourrisson et de l’enfant

En parcourant le monde de pulsatilla on découvre de nombreux signes liés à la maternité, des symptômes de variabilité, une atmosphère douce et larmoyante, baignée par un sentiment d’abandon et de séparation, particulièrement d’avec le foyer familial, centré sur une image maternisante. Nous sommes devant un monde encore lié à l’enfance, encore symbiotique, où se mèlent timidité, pudeur et impression d’être abandonné loin d’un cocon familial protecteur et affectueux. Le sentiment filial est fort et le lien à la mère idéalisée est fort. D’où un effondrement lorsque le giron s’éloigne, lorsque la tendresse d’un papa gâteau disparaît, lorsque la fratrie se disperse, lorsque le groupe refuge n’aime plus. Le sujet est alors plongé dans un univers éphémère qui déstabilise et tire les larmes. Le sujet pulsatilla va tout faire pour résister à cet effondrement, en  recherchant une stabilité affective, en recherchant une symbiose sans prendre le risque du sexe opposé (sauf dans une attitude compensatrice exacerbée). Décompensée, pulsatilla a une sensation de solitude et d’abandon, pleure, et est envahie par l’émotion et un état d’instabilité psychosomatique.

Séparation et abandon…

Le thème de la séparation est au cœur du remède pulsatilla. Pulsatilla se sent esseulé(e). Le sujet a l’impression d’être seul dans la maison et dans le monde. Il éprouve une sensation de solitude et d’abandon. Pulsatilla pleure beaucoup, mais ce ne sont pas des pleurs de colère ou d’impatience.. Pulsatilla a un caractère doux, timide, aimable et recherche la consolation qui soulage son émotion. Le simple fait de se raconter provoque les pleurs. Il faut l’écouter, lui dire des paroles aimables, rassurantes. Pulsatilla, l’abandonnée, a l’impression d’être négligée, a peur d’être quittée.. Pulsatilla peut devenir irritable, soupçonneuse, insatisfaite méfiante, envieuse, avide, misanthrope, égocentrique, jalouse. C’est le leitmotiv du « vous qui passez sans me voir… » et du « on ne s’occupe pas de moi » ! Il lui faut de l’affection, beaucoup d’affection car pulsatilla a le désir d’être remarquée, comme la fleur qui penche la tête en rosissant. Puis pulsatilla devient taciturne, disposée au chagrin silencieux avec soumission. A un stade plus décompensé, pulsatilla va être immergée dans une morosité de plus en plus lourde, un état dépressif, une énorme lassitude de la vie.

Pulsatile et timide…

Une des caractéristique de pulsatilla est sa timidité. Pulsatilla est timide ; elle est palpitante et pulsatile et le sujet pulsatilla rougit facilement. Pulsatilla est en effet par-dessus tout une congestive veineuse. Pulsatilla  a volontiers la couleur rosée de la jeune fille, que ce soit aux joues, aux mains, facilement congestionnées. Pulsatilla se hâte, s’agite (c’est « l’herbe au vent », présente une chaleur congestive du corps, comme une fièvre avec des bouffées vasomotrices, des vagues de chaleur qui l’obligent à se découvrir et à rechercher la fraîcheur. Puis pulsatilla ralentit, sa digestion devient lente, au point de ne pas supporter la nourriture grasse (lait, beurre, viande de porc, pâtisserie..). Elle se plaint d’une sensation de pesanteur à l’estomac, comme une pierre, de flatulences, de ne pas avoir soif (même pendant la fièvre). La sécheresse s’installe, avec une bouche sèche sans soif avec une langue chargée. Le stade ultime de ce ralentissement général sera celui de la paralysie.

Sexe et maternité…

Le thème de la maternité et du lien maternel est marquant chez pulsatilla. Pulsatilla est un remède de grossesse, d’accouchement, d’allaitement, un remède du petit enfant et du lien à un monde maternel et au giron familial. Parfois la conception n’est pas évidente. Certes pulsatilla aime en principe les enfants, mais du fait de son attache symbiotique, la compagnie du sexe opposé semble dangereuse à cultiver. On peut trouver une aversion pour le mariage. Pour un homme, pulsatilla il se peut que l’idée d’avoir des rapports sexuels avec une femme soit une chose difficile, risquée, et il va s’en abstenir.  L’homme peut avoir des palpitations violentes en présence des femmes et préfère les éviter. Pour une femme, il est possible que la présence d’un homme soit une menace car elle met en péril le lien indélébile avec la mère. C’est un médicament central pour les troubles des règles, les difficultés ovulatoires et la conception. C’est la « fleur aux dames ». Pulsatilla est très présente dans la maternité, au moment des contractions etc. Quant à l’allaitement, c’est aussi le domaine de pulsatilla. Il sera accompagné évidemment de larmes faciles. Pulsatilla est même un médicament possible de galactorrhée en dehors de la grossesse. La libido est variable, comme le remède. Pulsatilla peut alors se tourner vers une attitude religieuse de type religieux, toute sublimée, face à un univers asexué, plein d’amour et d’une douceur angélique.

Variable et changeante…

Chez pulsatilla  tout est variable et changeant. C’est un ciel d’avril. Les enfants sont versatiles, tantôt ils rient, tantôt ils pleurent, sont maussades, pâles et frileux puis reprennent des couleurs. Ils sont capricieux, parfois irritables. Tantôt pulsatilla est de mauvaise humeur, tantôt elle pleure, tantôt elle est douce et aimable. Elle passe sans raison de la gaieté aux larmes. Les symptômes physiques ont la même variabilité : névralgies aux sièges variables, douleurs erratiques se déplaçant rapidement d’un point à un autre, les elles ne sont jamais semblables. Il peut y avoir constipation, mais aussi diarrhée avec selles très variables. Les inflammations migrent de façon métastatique : oreillons avec métastases aux testicules. Les écoulements sont changeants également : écoulements épais, profus, jaune verdâtre, non irritants, doux, blanchâtres, jaunes ou verdâtres. Pulsatilla oscille entre l’intolérance à la chaleur qui la caractérise et une frilosité, aggravée plus dans une pièce surchauffée qu’en plein air (pulsatilla est améliorée en plein air, par l’air frais).

Cette timide et classiquement blonde peut compenser son caractère effarouché et devenir une sorte de maîtresse femme, de maîtresse mère, une femme énergique, capable de mener une maisonnée avec une main féminine mais ferme. Elle palpite alors beaucoup moins. Finalement lorsqu’elle décline, elle se lasse et s’immobilise, elle qui aimait tant bouger au grand air… elle perd ses belles couleurs.

 

Important : il est possible que l’un des remèdes décrits sur ce site vous convienne, mais on ne peut l’affirmer sans un interrogatoire et un examen sérieux effectués par un médecin homéopathe. Le site est fait pour faire connaître l’homéopathie, en aucun cas il ne peut se substituer à un thérapeute. Le docteur Bernard Long n’assure plus de consultations.

Adresser un message à Bernard Long (Il ne doit pas concerner une consultation à caractère médical).

Ouvrages

Symboles et archétypes en homéopathie, reprend un certain nombre d’articles publiés sur ce site et les complète. 

Le Répertoire homéopathique des maladies aiguës complète utilement cet ouvrage.

Articles de Bernard Long

Notes

(1) Fournier P. : Le livre des plantes médicinales et vénéneuses de France, 3 vol., Paris : Lechevalier ; 1947-1948.

(2) Chevalier J Gheerbrant A. – Dictionnaire des symboles.Paris : Laffont ; 1989. p. 43.

(3) Hahnemann S. – Fragmenta de Viribus Medicamentorum. Lipsiae ; 1805.

(4) Traité de Matière Médicale – Paris : Similia ; 1989. Anemone pratensis, Pulsatilla pratensis – 1155 symptômes.

(5) Les descriptions de remèdes homéopathiques comportent des signes psychiques, généraux et physiques qui peuvent être agencés sous forme de mandala. Je nomme ce schéma homéographe. (cf. article sur le mandala).

(6) Long B. L’enfant, la mère et l’homéopathie. Montpellier : Indigène Editions ; 2010.

 




Bernard Long

Bernard Long, médecin homéopathe, publie plusieurs textes sur l’homéopathie et les symboles.

Ses recherches s’appuient également sur les travaux de C.G. Jung.

Il est l’auteur de nombreux ouvrages.

Bernard Long

Médecin homéopathe, j’ai entrevu des ponts très évidents entre le monde jungien et l’homéopathie.
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