1 – Hahnemann et le psychisme.
Samuel Hahnemann :
Hahnemann nait à Meissen en Allemagne en 1755. Le jeune Samuel est très doué pour les langues. Il étudie le latin, le grec, le français et l’anglais. A 20 ans, il se rend à Leipzig pour commencer des études de médecine qu’il continue à Vienne. En 79, il passe sa thèse de médecine à Erlangen. On ne connait pas bien ses professeurs : Ernest Platner[i] qui assimile l’irritabilité de Haller et l’animisme de Stahl[ii], Jacob Friedrich Isenflamm[iii] qui semble avoir été le directeur de thèse de Hahnemann. Il cite Platon, Kant et semble avoir été nourri entre autres par la pensée de Leibnitz[iv], de Boissier de Sauvage[v], de Whytt[vi] etc. Il publie de nombreux travaux et d’importantes traductions de chimie. A 34 ans il repart pour Leipzig. Il est déçu par la médecine de l’époque où foisonnent les théories les plus diverses et les thérapeutiques les plus désordonnées (saignées, sangsues, purges etc.). On meurt beaucoup de maladies … et très souvent des traitements ! Hahnemann se consacre de plus en plus à la traduction.
1790 est une année fondamentale. Hahnemann traduit la matière médicale de Cullen. Il lit l’article sur le quinquina où Cullen écrit : « Ce qu’il convient de remarquer d’abord, c’est son action sur l’estomac. De nombreux cas de symptômes dyspeptiques proviennent manifestement d’une perte de tonus des fibres musculaires de l’estomac ; et dans ces cas, de même que d’autres liqueurs amères, l’écorce (péruvienne) est un des remèdes les plus puissants. Personne ne doute de son effet tonifiant sur l’estomac ; et il est également bien connu que l’état de l’estomac se répercute aisément sur l’ensemble du système. Mais il n’est cependant jamais aussi remarquable que dans le traitement des fièvres intermittentes. Que l’écorce soit active dans ce cas par son pouvoir tonifiant exercé sur l’estomac, c’est ce que je me suis efforcé d’expliquer dans mon First Lines of the Practice of Physic ; et je n’ai lu aucun écrit me permettant de douter de ma théorie. [vii] » Ce passage arrête Hahnemann. Il va prendre pendant plusieurs jours des gouttes de quinquina deux fois par jour et noter avec soin ce qu’il ressent. Il écrit : « Au début mes pieds et les extrémités de mes doigts sont devenus froids ; je suis devenu languissant et somnolent ; ensuite j’eus des palpitations ; mon pouls devint dur et rapide ; anxiété insupportable et tremblements ; prostration dans les membres, pulsations dans la tête, rougeur des joues, soif, en bref, tous les symptômes qui pour moi sont typiques de la fièvre intermittente apparurent successivement… Les paroxysmes duraient deux à trois heures chaque fois et recommençaient lorsque je répétais la dose et pas autrement. Je cessai la médication et recouvrai à nouveau la santé ». Le fait le plus remarquable dans l’auto-expérience[viii] d’Hahnemann est qu’il ne se soit pas arrêté à l’observation du premier accès de fièvre qui aurait pu être fortuit, mais, qu’en cessant la prise des gouttes, en les reprenant et en constatant qu’à chaque reprise il s’ensuivait de la fièvre, il ait mis en évidence un lien de cause à effet indiscutable entre la prise du quinquina et le déclenchement de la pseudo crise de paludisme. Ce faisant, il a employé un procédé actuellement recommandé par les spécialistes des effets secondaires des médicaments : on fait cesser la prise d’un médicament et si l’effet secondaire cesse et qu’il reprend à chaque réintroduction de la substance, il y a de fortes présomptions pour qu’il soit en cause. Le plus troublant pour Hahnemann était que le quinquina fût aussi un médicament utilisé contre le paludisme : L’écorce péruvienne qui est utilisée comme remède dans le cas de fièvre intermittente, agit parce qu’elle peut produire des symptômes similaires à ceux de la fièvre intermittente chez les « sujets sains » (et non comme le pensait Cullen parce qu’elle avait une hypothétique action tonique sur l’estomac). Hahnemann se rappelle alors Hippocrate et son Similia similibus curentur (on peut traiter les semblables par les semblables).
A partir de cette expérience, Hahnemann essaie de nouvelles substances, végétales, minérales ou animales, sur lui et sur son entourage. On nomme cette expérience pathogénésie (proving en anglais). Il va vérifier son principe des semblables en administrant aux malades la substance qui a déclenché chez des sujets sains un ensemble de symptômes semblables ; l’hypothèse se vérifie. Il élabore ainsi un système thérapeutique basé sur la loi des semblables, fruit de la constatation d’une expérience clinique, dont le but premier (Organon, paragraphe 1) est de guérir les malades et non d’expliquer à tout prix la manière dont on croit pouvoir les guérir (les deux principes n’étant pas forcément opposés dans tous les cas). La pathogénésie devient la base de l’homéopathie car on ne peut laisser errer son esprit dans un imaginaire où le thérapeute pourrait projeter sa propre interprétation du remède, comme n pourrait le faire par la seule loi des signatures. De toute évidence il aurait été hostile à une interprétation basée systématiquement sur une taxonomie ou une quelconque classification (telle que nous la voyons fleurir actuellement dans les rangs d’homéopathes déductifs)[ix].
Dans un deuxième temps Hahnemann développe la notion de dose infinitésimale. Il remarque que l’administration d’une substance donnée à dose forte provoque souvent dans un premier temps une aggravation de la maladie. Souvent les médicaments sont des substances toxiques aux effets violents. Il a l’idée de diluer les médicaments pour en atténuer l’effet. Hahnemann a un autre souci : la maladie est d’origine dynamique selon lui ; elle survient sur un désordre d’une énergie vitale qui vient perturber l’équilibre du sujet. Hahnemann a des convictions vitalistes. Pour rééquilibrer la dynamique vitale du malade il propose un médicament dynamique qui est le semblable du désordre en cause. Le médicament homéopathique est la plupart du temps un médicament dilué dynamisé. La dilution le rend subtil, et souvent élimine la toxicité. C’est par la dynamisation, obtenue en « imprimant des secousses avec la main contre un objet à la foi résistant et élastique », que le médicament acquiert son énergie et sa vibration.
Jusqu’à sa mort (survenue à l’âge de 88 ans à Paris en 1843), Hahnemann va développer cette médecine et cette thérapeutique qu’il a appelé homéopathie. Elle est basée sur ce qu’Hahnemann appelle la similitude, qui est un aspect particulier de l’analogie. Ce n’est pas une vague ressemblance, ou une sorte de technique chamanique basée simplement sur des signatures ou des analogies, mais une véritable trame dynamique informative qui prend en compte l’essentiel de la symptomatologie d’un individu (et non toute sa symptomatologie). L’homéopathie est basée également sur la constatation de l’interdépendance des phénomènes du vivant et de l’environnement, ainsi que sur l’invidualisation de la maladie et du remède : on ne soigne pas un diagnostic, une nosologie, mais la maladie d’une personne dans un contexte.
Il existe incontestablement une notion subtile de la médecine homéopathique, un néovitalisme « informatif » qui n’est pas désuet, mais qui, au contraire, rejoint les domaines contemporains du personnel, de l’individuel, de l’incertitude, de l’aléatoire, de l’infinitésimal, sans s’opposer forcément au domaine mécaniste statistique de la science traditionnelle. Car on peut regarder un paysage par le petit bout de la lorgnette ou par le côté opposé, c’est toujours le même paysage que l’on perçoit, bien qu’il nous semble regarder des choses complètement différentes.
Samuel Hahnemann et le psychisme :
Hahnemann n’a pas une conception mécaniste de la maladie. Ce n’est pas l’organe qui rend malade, ni l’âme, ni le psychisme, c’est d’abord le déséquilibre du Principe vital, qu’il appelle la Dynamis. Il dit dans son ouvrage théorique princeps, l’Organon : « Quand l’homme tombe malade, cette énergie vitale immatérielle (Principe de vie), active par elle-même et partout présente dans le corps est, dès le début de la maladie, la seule qui ressente l’influence dynamique de l’agent morbide hostile à la vie »[x]. Ce Principe vital se distingue du corps physique (physico-chimique), de l’âme théologique et du psychisme[xi]. Mais il existe une relation très étroite entre le Principe vital, le corps et l’esprit. Le psychisme peut influencer le Principe vital, le corps également, de même le désaccord du Principe vital s’exprimera dans le corps et de façon privilégiée dans le mental[xii]. Pour Hahnemann, les symptômes psychiques sont de la plus haute importance. En effet, le Principe vital subtil s’exprime avec prédilection dans le système subtil du psychisme qui est le mode d’expression par excellence (où l’on exprime). D’autre part il ne faut pas oublier que les symptômes fins et particuliers déclenchés lors de l’expérimentation sur sujet sain d’une substance diluée et dynamisée sont essentiellement retrouvés dans la sphère du sensible et du psychisme, par opposition aux symptômes lésionnels provoqués par des intoxications massives de substances à des doses pondérales. Il dit : « Cela va si loin que l’état moral du malade devient souvent, dans la sélection du remède homéopathique, l’élément le plus déterminant, parce qu’il constitue une des manifestations les plus caractéristiques et les plus essentielles de celles qui, entre toutes, doivent le moins échapper au médecin habitué à faire des observations exactes[xiii] »[xiv]. Car « il n’y a pas au monde un seul médicament énergétique qui n’opère une modification notable et très appréciable dans la disposition d’esprit et du tempérament du sujet sain qui en fait l’essai et qui diffère avec chaque substance médicinale[xv] ». Plus loin il affirme : « On ne guérira donc jamais d’une façon conforme à la nature, c’est-à-dire d’une manière homéopathique, tant qu’à chaque cas individuel de maladie, même aiguë, on n’aura pas simultanément égard aux changements survenus dans l’état psychique et l’état mental du sujet [xvi] ». Les symptômes mentaux (au sens large) sont les émotions, sentiments, les affects, la thymie, les illusions, les rêves, des comportements, des éléments de compréhensions, d’intelligence, de mémoire, des sensations, la sexualité etc.
Cependant les symptômes généraux et physiques sont également très importants. Pour Hahnemann les symptômes psychiques sont certes importants, mais il ne les a pas systématiquement portés au faîte de la hiérarchie sémiologique, comme le fera plus tard Kent (du moins dans la théorie). En réalité, même si le psychisme est fondamental dans le choix des symptômes homéopathiques, le symptôme homœopathique est un symptôme :
- qui appartient à la matière médicale d’un remède
- qui correspondent au paragraphe 153 de l’Organon[xvii] qui précise :
« … il faut surtout et presque exclusivement dans la recherche du remède homéopathique spécifique, s’attacher aux symptômes objectifs et subjectifs caractéristiques les plus frappants, les plus originaux, les plus inusités et les plus personnels… Au contraire, les symptômes communs et vagues comme les malaises, la lassitude, le mal de tête, le manque d’appétit, un mauvais sommeil, etc. méritent peu d’attention, soit à cause de leur caractère banal et imprécis, soit aussi parce qu’on les rencontre dans presque toutes les maladies et dans presque tous les médicaments».
C’est là la seule clef valable dans le choix des symptômes homéopathiques. Tout le reste est du verbiage. Ainsi, un symptôme doit-il être frappant et original pour être retenu, qu’il soit archétypal, sensation ou simplement…homéopathique. Plus un symptôme est décrit dans ses détails, plus il est homéopathique (çà vous chatouille ou çà vous gratouille ?). L’angoisse n’est pas un symptôme homéopathique, l’angoisse au crépuscule est un meilleur symptôme. La douleur n’est pas un symptôme homéopathique. La douleur de la jambe non plus. La douleur brûlante de la jambe est un meilleur symptôme. La douleur brûlante de la jambe améliorée au grand air est un bon symptôme homéopathique.
Le symptôme homéopathique est pétri de sens, c’est un véritable moyen de communication. Un malade émet des signes, qui en fait sont des indices de bonne ou de mauvaise santé, de remèdes homéopathiques, ou des signaux qui sont des indices intentionnellement émis par le malade pour fournir une indication ; la reconnaissance du signe, de l’indice, dépend de la sensibilité, de la disponibilité et de la culture du récepteur ; elle a une part subjective[xviii] ; les signes émis par le malade font partie d’un langage oral, écrit, gestuel, ou physique exprimé à l’occasion de la rencontre avec le récepteur-thérapeute.
Ce que nous appelons « psychisme » est essentiellement lié dans notre système social à l’expression orale ou écrite, mais nous savons qu’un être peut s’exprimer par un comportement physique volontaire rituel (danse rituelle) ou non (gestuelle ou danse artistique, bras d’honneur), spontané (rire, pleurs, mimique, habitus) par un langage clinique (l’asthme et son angoisse à couper le souffle, l’ulcère à se ronger l’estomac etc.).
Ainsi le sujet va-t-il s’exprimer aussi dans son corps qui devient un immense miroir sensible.
Où donc est le « psychisme » ? Il est partout :
- dans le discours,
- dans le comportement,
- dans le mouvement,
- dans la création,
- dans la maladie.
On peur affirmer à la suite de Françoise Dolto que tout est langage[xix], ce qui ne veut pas forcément dire que tout passe par la parole (même si nous tentons de décrypter approximativement par le langage) et par le « langage » humain qui est un système sémiologique doublement articulé[xx]. Et au delà de notre intellect qu’est vraiment la conscience ? Est-elle seulement notre système référentiel qui raisonne et projette ses schémas interprétatifs ?
Il est certain que le monde grec, en localisant l’intelligence dans le cerveau[xxi] a eu tendance à nous donner une vision intelligente de la tête et une vision stupide du corps. Or nous savons l’importance dans le monde antique de la région phrénique et de centres énergétiques disséminés dans le corps qui témoignent d’une vision plus complexe que celle dont nous avons disposée pendant quelques siècles. A un moment tout devient psychique, c’est à dire tout prend un sens, tout exprime la sensibilité, la vitalité, l’espace intérieur du sujet. Tout est psychique, mais tout est physique aussi, non pas un physique inerte d’autopsie, mais un physique dynamique qui s’exprime comme une corde de violon sollicitée et tendue de façon juste.
Dans cette perspective, il n’existe pas de véritable hiérarchie entre ce qu’il est convenu d’appeler le « psychisme » et le « physique » puisqu’ils sont tous deux les émanations d’une même sensibilité. Ces deux mondes sont unis par le sens. Il n’y pas de lien de hiérarchie de l’un par rapport à l’autre : ni le « psychisme », ni le « physique » n’ont une prédominance l’un sur l’autre. Ils sont les émanations d’un même déséquilibre énergétique (la décharge électrique). Le psychisme parle en priorité au psychisme, surtout dans une civilisation de l’intellect, mais que dire de la sensibilité et du corps sensible, qui sont parfois le tonnerre[xxii] ! Le corps n’exprime pas forcément moins que la parole. La relation selon l’homéopathie entre le psychisme et le soma se distingue de ce fait de la psychosomatique ; elle est essentiellement phénoménologique[xxiii].
L’homéopathie, science des semblables cherche une similitude de sens entre la maladie et le remède. C’est une médecine du sens, le malade mime son remède. Au delà de la similitude homéopathique, on touche aux domaines analogique et symbolique. Certes, l’homéopathie n’appartient pas directement au domaine magique de l’analogie des signatures ou du symbolisme (le symptôme est arbitraire et non symbolique) mais il y participe parfois.
2- Jung et l’homéopathie.
Jung et Whitmont.
On peut se poser la question de l’opportunité d’un travail sur C.G. Jung et l’homéopathie. En fait Jung ne s’est pas intéressé spécialement à l’homéopathie. C’est un disciple, Edward C. Whitmont, qui a le premier exploré de façon magistrale l’apport considérable que la psychologie des profondeurs et les thèmes jungiens pouvaient apporter à l’homéopathie. En réalité il n’existe pas de récit concernant « Jung et l’homéopathie », mais il existe une histoire de Whitmont et l’homéopathie. Cela dit (comme d’ailleurs Whitmont l’a montré), il n’est pas inopportun de considérer certains aspects de l’homéopathie sous un éclairage jungien. La psychologie des profondeurs et l’homéopathie tirent leurs racines de la profondeur de l’histoire des connaissances tout en étant, par certains aspects, en résonnance avec les côtés les plus prometteurs d’un monde scientifique moderne en évolution.
Carl Gustav Jung est né en 1875 à Kesswil et mort en 1961 à Küsnacht. Plus d’un siècle sépare Jung et Hahnemann. Certes Hahnemann et Jung ont en commun une sérieuse culture germanique, ils sont médecins tous les deux, mais Jung a connu des auteurs que son aîné n’a pu connaître. Une opposition les sépare : Hahnemann a réfuté la théorie des signatures alors que Jung s’est intéressé beaucoup à Paracelse.
L’histoire pourrait s’arrêter là si Whitmont n’avait pas fait le lien entre la psychologie des profondeurs et l‘homéopathie du temps de Jung, et avec l’approbation du maitre. Edward Whitmont, né d’abord sous le nom d’Edward Weissberg, est né en 1912. Ayant hésité entre la musique et la médecine, il termina ses études à la Faculté de médecine de Vienne en 1936. Il se spécialisa en psychologie, ne supportant ni le sang ni la dissection, étudiant Adler et Jung . Militant socialiste, en 1938 il fuit les Nazis en émigrant en USA ; ses deux parents sont morts à Auschwitz. Il « anglicisa » son nom Weissberg à ce moment là pour s’appeler Edward Christopher Whitmont. Il se forma en homéopathie à New York avec Elizabeth Wright Hubbard dans les années 1940 et il collabora avec le Dr. Maesimund Panos dans les années 50. Il enseigna l’homéopathie aux Etats Unis de 1947 à 1951. Il avait d’abord abordé à Vienne l’anthroposophie, avait étudié Steiner (auprès de Karl König) et l’alchimie. Il approfondit sa formation auprès du Dr. Esther Harding[xxvi] et l’analyste jungien Gustav Richard Heyer à Berlin. Heyer avait été membre du Parti National-socialiste et Jung ne devait plus rien entreprendre avec lui, quoique Whitmont eût essayé sans succès de les rapprocher. Il rencontra Jung en Suisse et eut une correspondance épistolaire avec lui. A propos de Jung et de l’homéopathie, on peut citer Dana Ullman qui demanda à Whitmont si Jung avait connaissance de l’homéopathie. En fait la réponse fut que Jung n’avait pas un grand intérêt pour le domaine du corps mais qu’il avait encouragé Whitmont à poursuivre son étude de l’homéopathie… A cela on peut répondre que non seulement Jung était médecin de formation mais aussi que sa notion de synchronicité et d’archétype qui souligne le rôle concomitant du physique et du psychique n’était peut-être pas aussi éloignée de l’homéopathie qu’il le prétendit ce jour là, mais qu’il ne connaissait pas l’homéopathie et qu’il répondit de façon polie à Whitmont pout éluder une question qui n’avait pas d‘importance à ses yeux ce joue là. Dans une de ses lettres il écrivit un jour qu’il ne commettrait pas la bêtise habituelle de considérer tout ce qu’il ne pouvait expliquer comme une imposture[xxvii].
Harding E., médecin et spécialiste dans le traitement des maladies psychogènes, fut élève de Jung. Elle est l’auteure d’un ouvrage remarquable: Woman’s Mysteries. Les mystères de la femme dans les temps anciens et modernes.Paris : Payot ; 1953.
A partir de 1948, Whitmont exerça en tant que psychothérapeute, avec le soutien de l’homéopathie, qu’il utilisait lorsqu’il pensait avoir trouvé une image similaire à la problématique du patient, à mi-chemin entre substance et psyché, comme un pont archétypal suspendu, une synchronicité vibratoire entre l’esprit et son inscription somatique : « L’esprit est un épiphénomène du corps et le corps est un épiphénomène de l’esprit. Nous sommes des esprit-corps. Le corps est la face visible de l’âme et l’âme est la vie du corps… ». Il eut un cabinet de psychologue à New York, fonda le Jung-Training –Center et y enseigna. Il est l’auteur de nombreuses publications. Il est mort en 1998 à 85 ans à Sherman dans le Connecticut.
Des auteurs (surtout anglo-saxons) continuent dans la même voie. Dans un passé plus ou moins récent, plusieurs médecins homéopathes ont cité Jung dans leurs écrits[xxvii]. Les auteurs anglo-saxons sont pour la plupart ce sont des psychothérapeutes, écrivains, journaliste, historiens, convertis à la médecine homéopathique. On peu citer Sylvia Brinton Perera, Anita Josefa Barzman, Jane Cicchetti, Kris Frank, rachel Koenig, Peter Morell, Dana Ullman, Beverly Zabriskie…
L’homéopathie et la psychologie analytique jungienne.
Whitmont a beaucoup travaillé et publié sur le domaine de l’homéopathie et de la pensée jungienne. Il a abordé de nombreux sujets. On peut dire qu’il a été précurseur dans un univers qui n’était pas évident au 20e siècle dans les années 50.
Whitmont a beaucoup travaillé sur le rôle du rêve en homéopathie[xxix].
Il a réfléchi aux relations qui pouvaient exister entre le psychisme et le somatique. Il n’existe pas nécessairement une hiérarchie entre le psychisme et le somatique. Ces deux niveaux d’expression semblent en relation avec ce que nous pouvons appeler coexistence associée, plutôt que dominance de l’un ou de l’autre. Pour mieux évaluer le phénomène, il le compare à quelque chose de simple et d’analogue, la décharge de l’électricité atmosphérique qui produit l’éclair et le tonnerre. Bien que l’éclair et le tonnerre soient considérés comme des phénomènes distincts de lumière et de son, leur différence repose seulement dans la forme manifestée d’un processus identique (décharge électrique). On ne perçoit en général pas l’éclair et le tonnerre simultanément et souvent on peut observer l’un à l’exclusion de l’autre. Cependant, depuis que nous comprenons le processus, la corrélation qualitative de l’éclair et du tonnerre, nous ne nous posons pas la question de l’identité fondamentale du mode énergétique qui les sous-tend. De même, dans notre expérimentation de pathogénésie, nous percevons deux manifestations différentes (symptômes psychiques et physiques) qui résultent d’un même stimulus (le remède) ; par analogie avec l’éclair et le tonnerre, ils peuvent être observés simultanément ou de façon séquentielle… Il est certain que l’éclair « parle » plus vite et interpelle avec la même rapidité et la même acuité que l’intelligence, mais l’essence de la « maladie d’un ciel d’orage n’est pas en lui, ni dans le tonnerre[xxx].
Whitmont ne s’est pas laissé enfermer dans un lien de causalité indispensable entre les deux mondes. Il a insisté sur la synchronicité qui peut exister entre le psychisme et la matière, une sorte de champ chargé de sens qui traverse deux mondes parallèles, un cône archétypal capable d’engendrer quand il « constelle[xxxi] » des phénomènes synchronistiques vraisemblablement fréquents en homéopathie. Nous sommes alors dans le domaine de la non-causalité.
Whitmont a décrit de nombreux remèdes à travers sa vision jungienne. La recherche du « sens » du remède n’était pas courante à son époque où on étudiait la plupart du temps la matière médicale comme un écheveau d’où dépassaient quelques traits caractéristiques.
Whitmont a perçu le rôle que pouvaient tenir l’anima et l’animus dans l’univers projeté du patient. De même a-t-il pointé la fonction de l’ombre et de la persona, parfois reconnaissables dans les illusions et les rêves.
Whitmont a aussi abordé le monde alchimique étudié par Jung dans sa période plus tardive, comme un écran où le monde de l’inconscient collectif et du soi se dévoile.
3- Pourquoi s’intéresser aujourd’hui à Jung et à l’homéopathie ?
Comment en arriver, dans mon cas, à m’intéresser à l’homéopathie et à ses rapports avec Jung ?
Mon propos n’est pas de m’exposer en public, mais d’expliquer un peu ce qui peut motiver une telle démarche. Ce n’est pas une décision sortie brutalement d’un chapeau. Après quelques études de germanistique j’ai étudié la médecine à la faculté de médecine de Montpellier. Cette faculté n’est pas une faculté banale. Elle est actuellement la plus ancienne faculté de médecine en fonction du monde occidental. Ce n’est pas un détail, car il y avait encore dans les années 60-70 les fantômes du vitalisme qui planaient au travers de quelques professeurs maintenant disparus (qui bénéficiaient d’ailleurs d’un respect de convenance pour ces opinions qui paraissaient excentriques). A présent le vitalisme a disparu mais il existe un renouveau d’intérêt pour les systèmes complexes et une science qui ne peut plus se maintenir en permanence dans un mécanisme pur et dur et qui doit admettre de nouveaux paradigmes (même si les résultats actuels du « mécanisme » sont admirables et qu’ils ne sont aucunement contestables). Conjointement j’ai suivi des études d’égyptologie avec le Pr. François Daumas, admirable chercheur d’origine. Je me suis intéressé à cette époque à la traduction des textes médicaux égyptiens antiques, et de ce fait aux médecines antiques et différentes. Il n’était pas bien vu à cette période d’être à cheval sur deux universités. La notion d’interdisciplinarité n’était pas au goût du jour. Je me suis naturellement tourné vers l’héritière de notre médecine hippocratique, l’homéopathie depuis près de quarante années. Ce fut une longue période de travail, de recherches extrêmement enrichissantes. Intérêt ancien pour l’alchimie, rencontre avec le yoga, son système physiologique très subtil, rencontre avec Jung lors d’un travail sur les rêves et enfin (au travers de cette démarche) rencontre de cœur avec le monde tibétain depuis plus de vingt années. Il n’en fallait pas plus pour me mettre modestement sur la voie de Jung et de l’homéopathie.
4- Psychologie médicalisée ou médicine globalisante tenant compte du psychisme ?
Quelles peuvent être les relations entre médecine homéopathique et psychologie analytique jungienne ?
Dans un passé plus ou moins récent, plusieurs homéopathes ont cité Jung dans leurs écrits. Il faut remarquer que la plupart de des auteurs anglo-saxons sont psychothérapeutes. Cet état de fait est parfaitement respectable, mais il est possiblement différent d’une démarche médicale. Le but du médecin n’est pas forcément l’individuation du malade, certes il peut en tenir compte, mais son rôle est avant tout de soulager un patient de sa maladie, qui est souvent un obstacle palpable dans sa vie. La souffrance à laquelle est confronté le psychothérapeute est plus subtile, différente, bien qu’elle puisse recouvrir des champs communs. De toute façon la formation du psychothérapeute et celle du médecin n’est pas la même. Un psychothérapeute peut avoir des notions de médecine et un médecin peut aussi avoir des notions de thérapie, mais, la plupart du temps, les compétences ne sont pas équivalentes, même si actuellement on assiste à une confusion parfois regrettable des genres. Il est préférable de collaborer plutôt que de vouloir tout faire.
Ceci dit, que peut encore apporter la pensée jungienne à la médecine homéopathique, après Whitmont et les autres ?
La matière médicale homéopathique
La recherche et la connaissance du sens profond des remèdes a beaucoup évolué ces dernières années. Toutefois on assiste à des hypothèses brillantes sur des remèdes mais qui ne donnent pas forcément une idée de la cohésion des remèdes entre eux et qui restent extérieures au vécu de l’individu dans son processus vital, comme si il s’agissait de théories un peu saupoudrées au gré de la recherche. On ne perçoit pas un lien de sens entre ces remèdes à la lumière de l’individuation, du moins du fil d’Ariane qui conduit de la naissance à la mort[xxxii], comme si on était en présence de jolies perles, mais qui n’étaient suspendues sur un même fil. Il manque le fil conducteur, la dynamique de la materia medica. Les remèdes sont des projections de notre intériorité. A ce titre ils participent à notre tentative d’évolution, d’individuation. Ils ont peut-être un lien entre eux qui pourrait correspondre à l’aspiration du soi vers l’individuation. Cette vue peut paraître déductive, puisqu’elle implique une intention de l’inconscient, toutefois elle n’implique en aucune façon une interprétation qui ne suive ni la pathogénésie (indispensable) ni la pratique homéopathie au travers des cas réussis.
Soi et moi
Jung a appelé le centre de la personnalité le soi. Intellectuellement, le soi n’est qu’un concept psychologique, une construction qui doit exprimer une entité qui nous demeure inconnaissable, une essence qu’il ne nous est pas donné de saisir qui dépasse nos possibilités de compréhension[xxxiii].
Le soi est une entité « sur-ordonnée » au moi. Le soi embrasse non seulement la psyché consciente, mais aussi la psyché inconsciente, et constitue de ce fait pour ainsi dire une personnalité plus ample, que nous sommes aussi[xxxiv].
Le soi psycho-biologique :
Il paraît difficile dans ces conditions de dissocier totalement corps et esprit, et de considérer l’esprit organe privilégié du système nerveux central totalement séparé d’un soma vide de sens. Cette notion moderne issue de la pensée grecque[xxxv] semble avoir vécu. Il a synchronicité entre le corps et l’esprit.
La dissociation :
Le moi a généralement l’illusion qu’il est lui-même le centre psychique de l’individu. On croit que « je » suis moi – que « je » est le tout. Au cours de l’enfance se fait la séparation du l’état fusionnel du moi-soi. Chez le jeune enfant le complexe du moi, centre du champ de conscience se constitue à partir du soi. Avant que ne s’organise le champ de conscience, le soi, qui est vu comme la totalité psychique, mais aussi comme le centre régulateur de la personnalité tout entière tend à former le complexe du moi au moyen de divers processus, dont les processus émotifs.
Le moi constitué mais évolutif ne fonctionne de façon juste que s’il réussit à s’adapter à la psyché totale. Tout se passe comme si le moi était destiné, par sa nature même, à être, non le maître, mais l’instrument de la totalité psychique. On peut aller jusqu’à décrire la névrose comme l’incapacité d’un moi de s’harmoniser avec la totalité du soi[xxxvi]. Il y a alors dissociation entre le moi et le soi. Autrement dit, c’est l’ignorance du soi par le moi qui est pathogène. Pour Jung, la guérison de la dissociation s’appelle l’individuation, qui consiste à intégrer l’inconscient, c’est-à-dire harmoniser le « conscient » et « l’inconscient »[xxxvii].
Le soi centre organisateur : individuation
On peut considérer le soi comme l’inventeur, l’organisateur de notre système psychique[xxxviii]. On peut considérer le soi comme un guide intérieur qui est distinct de la personnalité consciente[xxxix]. Ainsi les messages du soi, rêves, émotions, symptômes sont-ils des émergences issues des profondeurs pour servir de guide à l’individuation, non pas en prenant leur sens au premier degré, mais en contemplant leur énergie significative afin d’y découvrir la clef qui puisse harmoniser le moi et le soi.
Jung utilise et souligne l’idée organisatrice du soi. Une conception proche fut à l’origine de nombreuses pensées philosophiques et médicales :
- Hippocrate et la natura medicatrix : « la Nature suffit seule aux animaux pour toutes les choses ; elle sait elle-même ce qui leur est nécessaire, sans avoir besoin qu’on lui enseigne et sans l’avoir appris de personne… Elle est le premier médecin des maladies ; et ce n’est qu’en favorisant ses efforts que nous obtenons quelques succès. ».
- Barthez et le Principe vital[xl]: il ne s’agit pas d’un principe régulateur comme la Nature d’Hippocrate, mais d’un principe de cohésion du système vivant.
- Hahnemann et la dynamis : c’est un Principe vital proche de celui de Barthez.
- l’idée moderne d’homéostasie témoigne de cette tendance de la structure vivante à s’auto-équilibrer sous l’influence d’un hypothétique centre organisateur qui aurait horreur du déséquilibre.
Ce centre organisateur jungien qui prend ses origines dans la pensée philosophique et scientifique antérieure distingue profondément la pensée jungienne de la pensée freudienne qui ne préjuge absolument pas d’un tel centre mais qui décrit toutefois un processus d’auto-défense du psychisme protégé par le refoulement pulsionnel.
La guérison homœopathique
Le soi s’exprime dans les rêves mais aussi dans les maladies qui ne sont que la face révélée de l’ignorance du soi : on ignore qui on est. Le symptôme est une tentative de compensation de l’organisme pour revenir à l’homéostasie. Il est de même pour la maladie.
La maladie résulte de la dissociation entre le moi et les aspects inconscients personnels et hérités (inconscient collectif) du soi ; elle résulte de l’ignorance du soi. Toutes ses manifestations sont des tentatives énergétiques de revenir à un équilibre. La maladie chronique est un blocage de cette énergie dans une impasse existentielle. Bien entendu c’est la mise en conscience du message du soi qui peut guérir éventuellement la dissociation, c’est la mise en langage du dilemme qui guérit.
Toutefois plutôt que langage il faudrait préférer la notion de « sens ». En effet c’est le fait de donner un sens au conflit qui guérit et cette émergence du sens peut se faire par le langage, mais peut se faire aussi par le truchement d’un processus thérapeutique qui est porteur de sens : processus analogique pharmacologique ou non ou mieux encore mimesis[xli] par les « semblables »[xlii] telle qu’elle se fait en homéopathie.
Archétypes
Jung définit comme archétypes toutes les dispositions innées et structures évidentes qui, dans des situations caractéristiques et répétées, produisent des représentations, des pensées, des émotions et des motifs imaginaires similaires dans leur structure[xliii]. Les structures archétypiques sont de nature héréditaire, ce qui n’est pas le cas des images. L’image est personnelle. Elle est l’expression personnelle sur l’écran du sujet du projecteur archétypique au travers de sa pellicule cinématographique individuelle névrotique. Jung désigne par le terme d’archétype un modèle de comportement psychique transmis héréditairement et commun à toute l’espèce humaine. Il ne s’agit pas de représentations héritées mais de l’expression intellectuelle des instincts, c’est-à-dire des structures et non des contenus[xliv].
On trouve dans l’abondance de l’arsenal médicamenteux homéopathique des structures archétypiques que l’on peut repérer dans l’interrogatoire des sujets. La similitude synchronique entre le champ sémiologique perturbé du sujet et le champ vibratoire indemne du remède est capable de consteller le domaine de l’archétype qui entre en résonance positive chez le malade et est capable d’améliorer son état par compensation mimétique et harmonisation.
Les thèmes
1-persona
La notion de persona est souvent retrouvée dans les projections et les rêves du patient. La persona désigne , dans le théâtre antique, le masque porté par les acteurs. Le monde moderne fabrique de nombreux sujets nux vomica ou lycopodium, ce qui ne constitue pas forcément leur nature profonde.
2-L’ombre
Sorte de double du sujet (la plupart du temps de même sexe), souvent négatif, parfois positif. Le sujet peut se percevoir comme un criminel ou un prince.
3-animus-anima
Personnification de la nature féminine de l’inconscient de l’homme (anima) et de la nature masculine de l’inconscient de la femme (animus).Ce sont des thèmes qui surgissent fréquemment dans les rêves du patient et qui sont de nature à mieux percevoir sa problématique.
5- Hahnemann et la pensée alchimique
Hahnemann se situe à une époque charnière, au carrefour de l’alchimie et de la chimie, à la croisée du monde ancien et de la pensée dite positive, confronté au basculement politique de l’Europe.
Connaissances en pharmacie, en chimie de Hahnemann
Samuel Hahnemann est un homme dont la culture appartient encore au 18e siècle. Il a les pieds encore fichés dans le monde ancien. Certes ce qu’on appelle chimie à l’époque a évolué, s’est partiellement débarrassé de son aréopage alchimique, mais on est en droit de penser que Hahnemann, en tout cas à ses débuts avait encore en tête et sous les yeux bien des ouvrages scientifiques des siècles passés Antoine Laurent Lavoisier est né en 1743 à Paris et guillotiné à Paris en 1794 par la révolution française. Hahnemann et Lavoisier sont donc assez contemporains et, par bonheur, Hahnemann a échappé au massacre (il faut dire qu’il est venu plus tard à Paris où il mourra aussi). Les deux hommes eurent une correspondance.
Hahnemann Franc-maçon
Pendant son séjour à Hermannstadt (Sibu en Roumanie) de 77 à 79 comme bibliothécaire auprès du baron von Brukenthal, il adhère à la loge maçonnique St André des trois Lotus. Il y apprend certainement un langage symbolique, mais cela ne permet pas d’affirmer qu’il était alchimiste. Mais on ne peut non plus nier le fait que la théorie de Becher et de Stahl (le phlogistique) imprégnât encore les salles de cours de son université. Cette proximité avec le monde symbolique n’exclut pas un esprit rationnel et réformateur quand on sait le rôle que la franc-maçonnerie a joué dans la révolution française.
Hahnemann pharmacien pratiquant
Après sa thèse en 79, Hahnemann s’établit dans une agglomération minière, Hettstedt, qu’il quitte pour Dessau au printemps de 1781. C’est là qu’il fait la connaissance de Henriette Küchler, la belle-fille de l’apothicaire Häseler avec lequel il est en relation à la Mohren-Apotheke. Hahnemann se passionne pour l’officine. Nul doute qu’il se servit à l’officine d’ouvrages classiques de pharmacopée et de pharmacie. C’est à partir de ces connaissances, en tous cas, qu’il découvre le fameux mercure soluble, Mercurius solubilis Hahnemanni, ce qui, à n’en pas douter, dénote une maîtrise certaine dans l’aptitude aux « choses de la chimie »..
Hahnemann traducteur
On sait que Hahnemann, dans un premier temps, déçu par la médecine de son temps, se mit à la traduction d’ouvrages scientifiques. Il traduisit notamment « Les Procédés chimiques, rangés méthodiquement et définis » de Demachy, « A médical and pharmaceutical chemistry and the materia medica » de Monro, « l’Arzneimittellehre » de Alb. v. Haller et la Materia Medica de Cullen, bien sûr. Ces traductions lui apportèrent incontestablement une intimité avec la chimie et la pharmacopée de l’époque.
Aufklärung
On perçoit dans l’œuvre de Hahnemann la présence d’un rationalisme fort qui le convainc de s’opposer aux théories médicales innombrables et souvent contradictoires de l’époque. Il va y substituer une médecine inductive, de l’expérience, soucieuse de soulager et non de se perdre dans des théories éphémères et réductrices. Hahnemann est un contemporain de Kant, son aîné. Il est influencé par l’Aufklärung, courant de pensée souvent identifié aux Lumières. Kant : « Aie le courage de te servir de ton propre entendement! Voilà la devise de l’Aufklärung.. ».
Mais Hahnemann reconnait avoir connaissance de Paracelse mais s’en démarque car sa démarche est inductive. Toutefois sa culture « alchimique » est une réalité dont il n’a peut-être pas conscience et dont il ne veut pas avoir conscience ; en fait il en est imprégné depuis son jeune âge. Hahnemann écrit [xlv] : « Les Arabes et quelques chimistes européens, Raimond Lulle, Arnaud de Villeneuve, Basile Valentin et surtout Théophraste Paracelse et ses partisans ajoutèrent d’autres préparations inhabituelles, en particulier issues du règne minéral, à l’arsenal thérapeutique… Maintenant, depuis les derniers temps (la seconde moitié de notre siècle), que la chimie renouvelée, à la fois plus assurée et améliorée, en est venue à des concepts plus simples, plus fondés et parmi les médecins et les pharmaciens instruits il n’est plus question de ces singularités démodées. » On voit bien à quel point Hahnemann est entre deux rives, un pied sur une rive traditionnelle et une irrésistible avancée vers une rationalité qui l’attire, mais qui le conduira à un horizon nouveau, étrange pour d’aucuns, voire même en en avance sur son temps, visionnaire (si sa théorie n’est pas folle, bien sûr !).
Les débuts de l’homéopathie
La première pathogénésie de Hahnemann date de 1790 ; elle concerne cinchonia. Lorsque l’on lit son ouvrage publié en 1976[xlvi], on constate qu’il parle de sa pratique médicale et qu’il cite : le quinquina, la camomille, l’arnica, le millefeuille, le mouron des champs (anagallis arvensis), la petite ciguë (aethusa cinapium), la ciguë d’eau (cicuta virosa), la coque du Levant (cocculus), le café, la douce amère, la morelle noire (solanum nigrum), la belladone , la jusquiame, la pomme épineuse (datura stramonium), le tabac, la noix vomique, la fève de Saint Ignace, la digitale, la pensée, l’ipéca, le laurier-rose, l’écorce du Malabar (cambogia), le raisin d’ours (uva ursi), le rosage à fleurs blanches, le lédon des marais, l’opium, le mercure, le plomb, l’arsenic, l’if commun, l’aconit, l’ellébore noir, la benoîte officinale (geum urbanum), anémone des prés , le laurier cerise, le cerisier à grappes, la drosère, le sumac, le camphre, le marronnier d’Inde, l’orme champêtre (ulmus campestris), le chanvre, le safran, l’ivraie des blés, la scille, le vératre blanc, la sabadille, l’agaric moucheté, la noix muscade, la rhubarbe.
Il ajoute[xlvii] la gomme goutte, le mézéreum.
Dans les Krankenjournalen Nr2 et 3 (qui datent de 1801 à 1803) on trouve : stramonium, pulsatilla, ignatia, china, nux vomica, mezereum, pulsatilla, ledum, veratrum, arnica, cocculus, china, belladona, le fenouil, hyoscyamus, aconit, squilla, ipeca, capsicum, conium, bryonia etc.
Dans son répertoire de 1805[xlviii], on trouve 27 remèdes : aconitum napellus, acris tinctura (causticum), arnica montana, belladonna, camphora, cantharis, capsicum annuum, chamomilla, cinchona, cocculus, copaifera balsamum, cuprum vitriolatum, digitalis, drosera, hyoscyamus, ignatia, ipeca, ledum, helleborus, mezereum, nux vomica, opium, pulsatilla, rheum, stramonium, valeriana, veratrum album.
Dans ces listes on ne trouve pratiquement pas de métaux, ce qui peut paraitre étrange pour un homme qui, pour certains, a l’alchimie en tète. Un homme féru de « chimie philosophique»[xlix], si habile en préparation semble bouder le minéral. En fait il semble qu’il y ait là un problème pratique et qu’il n’était pas facile d’administrer des minéraux à petites doses. Déjà dès cette époque (autour de 1800), Hahnemann diluait au début de façon d’ailleurs assez curieuse. Il est évidemment facile de diluer des teintures de plantes. Dans la seconde édition de l’Organon de 1819, on parle peu de la trituration, on parle de la solution dans des acides. Mais on trouve ensuite la trace de la trituration, procédé qui permet d’obtenir des dilutions de minéraux. La trituration consiste dans le fait de travailler une poudre au mortier et au pilon pour la pulvériser (la rendre plus fine), voire la mélanger à une autre poudre jusqu’au seuil de solubilité.
Hahnemann cite une foule d’auteurs dans ses différents ouvrages. Dans son Organon de 1810 il cite : Hippocrate, Murray, Fr. Hofmann, Haller, Sauvage, Stoerk, Lange, Linné, Boerhave, Stahl, Quarin, Vicat, Cullen, Planchon, Sydenham parmi une foule d’autres auteurs.
La suite…
La Materia Medica Pura fut publiée en 1811-31 ; elle contient 65 remèdes :
Aconitum napellus, ambra grisea, angustura, argentum, arnica, arsenicum, asarum, aurum, belladonna, bismuthum, bryonia, calcarea acetica, camphora, cannabis sativa, capsicum annuum, carbo animalis, carbo vegetabilis, chamomilla, chelidonium, china, cicuta virosa, cina, cocculus, colocynthis, conium, cyclamen europaeum, digitalis, drosera rotundifolia, dulcamara, euphrasia officinalis, ferrum, guaiacum, helleborus niger, hepar sulfur, calcareum, hyoscyamus, ignatia, ledum, magnesia , magnetis polus arcticus, magnetis polus australis, menyanthes trifoliate, mercurius, moschus, muriaticum acidum, nux vomica, oleander, opium, phosphoricum acidum, pulsatilla, rheum, rhus, ruta, sambucus, sarsaparilla, scilla, spigelia, spongia, stannum, staphysagria, stramonium, sulfur, taraxacum, thuja, veratrum album, verbascum.
Les Maladies chroniques (1929) contiennent 48 remèdes :
Agaricus, alumina, ammonium carbonicum, ammonium muriaticum, anacardium, antimonium crudum, arsenicum, aurum, aurum muriaticum, baryta carbonica, borax, calcarea carbonica, carbo animalis, carbo vegatabilis, causticum, clematis, colocynthis, conium, cuprum, digitalis, dulcamara, euphorb, graphites, guiacum, hepar sulfur, iodium, kalium carbonicum, lycopodium, magnesia carbonica, magnesia muriatica, manganum, mezereum, muriaticum acidum, natrum carbonicum, natrum muriaticum, nitricum acidum, nitrum (kalium nitricum), petroleum, phosphorus, phosphoricum acidum, platina, sarsaparilla, sepia, silicea, stannum, sulfur, sulfuricum acidum, zincum.
Plumbum fut introduit par Hartlaub.
On perçoit dans ces ouvrages capitaux de Hahnemann la présence du règne minéral et des métaux. Il a pu effectivement ajouter à son arsenal thérapeutique des substances rendues accessibles par la trituration. On voit que Hahnemann ne fit pas de la pensée alchimique une priorité, même si cette dernière est restée en fond de son érudition, parfois à son corps défendant.
Dilution –dynamisation : quintessence
La notion de dilution vient assez rapidement dans l’œuvre de Hahnemann. On trouve dans ses Krankenjournalen 2 et 4 (1801-1803) des témoignages de dilution, encore assez fantaisistes : 1/3 840 000 000, 2/400 000, 3/2 000 etc. Ensuite il va expérimenter les centésimales. La 3 CH est étiquetée I, la 6 CH, II, la 9 CH, III, la 12 CH, IV et ainsi de suite. L’utilisation conjointe de la dynamisation évoque la recherche d’une force vitale, d’une dynamique (dynamis) du remède, qui rappelle la « quintessence » paracelsienne.
Mais alors pourquoi faire un lien entre l’homéopathie et l’alchimie ?
Il existe des remèdes homéopathiques susceptibles d’entrer dans la préparation alchimique, ou dont le mode préparatoire semble alchimique : ammonium, antimonium crudum, antimonium tartaricum (pour le mode préparatoire), argentum, aurum, calcarea carbonica, causticum, cinnabaris, cuprum, ferrum, hepar sulfur (pour le mode préparatoire), kalium carbonicum, kalium nitricum, mercurius, muriaticum acidum, natrum carbonicum, natrum muriaticum, plumbum, stannum, sulfur etc.
D’abord il faut reconnaître que l’alchimie classique s’intéresse plus aux métaux qu’aux autres substances. La spagyrie paracelsienne est plus vaste dans ses applications et fait la part belle au monde végétal. Jung s’est intéressé tous particulièrement à l’aspect minéral de l’alchimie et à sa symbolique.
Hahnemann ne fut pas alchimiste, mais il avait une culture alchimique, même s’il a prétendu parfois le contraire. Il est intéressant non pas de voir dan l’homéopathie un lieu de recherche alchimique opérative, mais d’étudier sa matière médicale au travers de l’imaginaire alchimique. Car, même si Jung fut loin de l’alchimie opérative (ce qui fut très critiqué par les puristes[l]), la pensée alchimique, science antique, est infiniment respectable car elle constitue certainement un des livres les plus complets de notre projection imaginaire de l’inconscient. Elle appartient aussi au monde imaginaire de la psychologie et de la science humaine[li]. A ce titre, lors de l’étude de l’évolution du sujet vivant et de son essor vers son individuation, il paraît légitime d’utiliser cette incroyable source documentaire pour illustrer le monde homéopathique, témoin de l’antique et du moderne. Nous entrons par ce biais dans la chair de ce qui le constitue, non dans une pensée abstraite issue d’une observation mécaniste, mais dans la densité d’un univers lourde d’humanité, de mémoires et capable d’amplifier par l’imaginaire la réalité prétendue objective d’un univers scientifique rationnel[lii]. La psychologie des profondeurs de Jung convient parfaitement à la lecture de la matière médicale homéopathique, si riche en sensations. Car l’homéopathie est avant tout une médecine de l’imaginaire. Le patient qui ressent du feu dans la gorge ne présente aucun incendie en bouche, pour tant il s’agit là de son ressenti. La notion de synchronicité entre l’esprit et la matière, la notion de hasard significatif, tout cela apporte par son côté moderne et extrêmement contemporain un éclairage nouveau sur l’homéopathie (du fait de la proximité avec les sciences physiques actuelles). Le choix de Jung ne constitue pas un rejet d’autres penseurs. Freud fut celui qui a ouvert les portes et son œuvre est capitale ; il n’est peut-être pas (pour moi en tout cas) celui qui correspond le mieux à l’étude de la médecine homéopathique, bien que son œuvre reste en filagramme le long de notre étude.
Enfin la perspective alchimique (en dehors de toute velléité opérative bien sûr, ce qui demanderait d’ailleurs une démarche différente) donne une trame au désordre apparent de la matière médicale homéopathique. Elle permet de relier les différents remèdes dans une perspective qui suit l’évolution de l’être vivant de la naissance à la mort. Les perles sont sur un fil conducteur, et la pensée jungienne peut (entre autres évidemment) montrer ce cheminement. En fait l’alchimie est intéressante sur le plan de l’imaginaire mais son contenu est celui de la plupart des grandes sagas du monde et aussi correspond au contenu du développement de l’être vivant au cours de son évolution terrestre, qu’il soit vu par les grands mythes, quelques religions, des philosophies, des études physiologiques ou psychologiques. Bien des idées peuvent être justes, aucune n’est exhaustive. La démarche jungienne, comme beaucoup d’autres ne constitue qu’un moyen d’accès au réel, une somme de concepts, d’approximations. Notre imaginaire (fut-il scientifique) n’est qu’une tentative d’appréhender la maladie ; il est parfois pertinent, mais n’est certainement qu’une figure imparfaite sur le chemin de la connaissance. Le seul impératif pour nous reste l’exigence de rester conforme à la pensée homéopathique et de suivre pas à pas les pathogénésies, sans nous projeter dans un imaginaire déductif. Sachons rester homéopathes, fidèles à l’expérience hippocratique.
Important : il est possible que l’un des remèdes décrits sur ce site vous convienne, mais on ne peut l’affirmer sans un interrogatoire et un examen sérieux effectués par un médecin homéopathe. Le site est fait pour faire connaître l’homéopathie, en aucun cas il ne peut se substituer à un thérapeute. Le docteur Bernard Long n’assure plus de consultations.
Adresser un message à Bernard Long (Il ne doit pas concerner une consultation à caractère médical).
Ouvrages
Symboles et archétypes en homéopathie, reprend un certain nombre d’articles publiés sur ce site et les complète.
Le Répertoire homéopathique des maladies aiguës complète utilement cet ouvrage.
Articles de Bernard Long
Notes
[i] né en 1744 – mort en 1818.
[ii] né en 1659 – mort en 1734.
[iii] né en 1726 – mort en 1793.
[iv] né en 1646 – mort en 1716.
[v] né en 1706 – mort en 1767.
[vi] né en 1714 – mort en 1766.
[vii] Cullen W. A Treatise of the Materia Medica of Medicines – Part II – Edinburgh ; 1789.
The first to be taken notice of is, its operation on the stomach. In many cases dyspeptic symptoms manifestly arise from a loss of tone in the muscular fibres of the stomach ; and in such cases as other bitters are, so the bark is a remedy, and one of the most powerful. No body doubts of its being a tonic with regard to the stomach ; and it is equally well known that the state of the stomach is readily communicated to the rest of the system. It is in no instance, however, more remarkable than in the cure of intermittent fevers. That the bark in this case operates by a tonic power exerted in the stomach, I have endeavoured to explain in my First Lines of the Practice of Physic ; and have met with nothing in any writing to make me doubt of the truth of my doctrine.
[viii] Il convient d’employer le terme « d’expérience » et non celui « d’expérimentation » propre à la médecine expérimentale de Claude Bernard dont le premier souci est d’expliquer et de reproduire un phénomène et non pas seulement de le constater comme le fait la science empirique.
[ix] Hahnemann : « Comment peut-on croire à une ressemblance parfaite entre les effets de plantes qu’on n’a souvent groupées ensemble dans la méthode dite naturelle que parce qu’elles offraient quelques caractères extérieurs communs, tandis que des plantes, entre lesquelles il existe une affinité bien plus grande, jouissent quelquefois de propriétés médicinales tout à fait opposées ? » (Essai sur un nouveau principe pour découvrir les vertus curatives des substances médicinales. Pari : J.B. Baillière ; 1855.
[x] Paragraphe 11 de l’Organon – 6e édition. Nous utilisons la traduction de P. Schmidt (Ed. Similia) qui n’est pas la plus fidèle, mais qui est celle d’un grand homéopathe.
[xi] Il semble se situer dans la lignée vitaliste de P.J. Barthez qui s’opposait à la théorie de Descartes (1596-1650) et de Stahl (1660-1794). Certes, certains de ses professeurs étaient disciples de Stahl et il n’a jamais cité Barthez (1734-1806), pourtant son langage en est proche.
Pour Barthez : Long B. Le vitalisme de P.J. Barthez. In : 110° Congrès des Sociétés Savantes, Montpellier, 1985.
[xii] Voir la remarquable thèse de médecine de Olivier Rabanes. Traduction commentée de la thèse de Samuel Hahnemann. Introduction à la lecture de son œuvre. Paris, 1983. p. 134.
[xiii] Paragraphe 211 de l’Organon – 6e édition.
[xiv] Le plus déterminant : ceci n’implique une hiérarchie que dans la mesure où le symptôme est rare et particulier.
[xv] Paragraphe 212 de l’Organon – 6e édition.
[xvi] Paragraphe 213 de l’Organon – 6e édition.
[xvii] Paragraphe 153 de l’Organon – 6e édition.
[xviii] Prieto L.J.- La sémiologie, in : Le Langage – Encyclopédie de la Pléiade, Paris, Gallimard, 1973. p. 95-96.
[xix]Dolto F. Tout est langage. Paris : Vertiges du Nord.: Carrere ; 1987.
[xx] Pour la « double articulation du langage » voir A. Martinet : ce qui définit le langage verbal, ce n’est pas seulement sa nature de système de signes ( ce qui est le fait de tous les « langages », au sens vague du terme), mais le fait de la double articulation (monèmes et phonèmes).
[xxi]Alcméon de Crotone (500 av. JC).
[xxii] Whitmont C. – Psyche and Substance, Essays on Homeopathy in the Light of Jungian Psychology. Berkeley : 1983.
[xxiii] Paragraphe 1 de l’Organon – 6e édition.
« La plus haute et même l’unique vocation du médecin est de rétablir la santé des personnes malades, c’est ce qu’on appelle guérir.
Sa vocation n’est pas de forger des prétendus systèmes, en combinant des idées creuses et des hypothèses sur l’essence intimes du processus de la vie et de l’origine des maladies dans l’intérieur invisible de l’organisme (ambition qui fait gaspiller à tant de médecins leurs forces et leur temps),
Sa vocation ne consiste pas non plus à chercher par d’innombrables tentatives d’expliquer les phénomènes morbides et la cause prochaine des maladies, etc., qui leur est toujours restée cachée,
Son but ne vise pas davantage à se prodiguer en paroles inintelligibles et en un fatras d’expressions vagues et pompeuses, qui veulent paraître savantes afin d’étonner l’ignorant, tandis que les malades réclament en vain du secours !
Nous en avons assez de ces savantes rêveries que l’on appelle médecine théorique et pour les quelles on a même institué des chaires spéciales et il est grand temps que ceux qui se disent médecins cessent de tromper les pauvres humains par leur galimatias et commencent enfin à agir, c’est-à-dire à secourir et guérir réellement. »
[xxvi] Entre autres :
Whitmont C. The Symbolic Quest. Princeton : Princeton Univ. Press : 1969;, 1991
Whitmont C. The Return of the Goddess. New York : Crossroad ; 1982
Whitmont C. and. Perera Sylvia B. Dreams, a Portal to the Source. London : Routledge ; 1989.
Whitmont C. Psyche and Substance: Essays on Homeopathy in the Light of Jungian Psychology. Berkeley : North Atlantic Books ; 1980, 1982, 1991.
Whitmont C. Der Traum in der homöopathischen Praxis. Göttingen : Ulrich Burgdorf ; 1998.
Whitmont C. The Alchemy of Healing: Psyche and Soma. Berkeley : North Atlantic Books ; 1993.
[xxvii] Colin Ph. Hahnemann et Jung. Médecine homéopathique et psychologie analytique. www.homeophilo.fr/, consulté le 3 juillet 2015 : « Dans un passé plus ou moins récent, plusieurs médecins homéopathes ont cité Jung dans leurs écrits (Pierre Joly, Michel Aubin, Bernard Long, Harald Walach et de nombreux auteurs homéopathes anglo-saxons). »
[xxviii] Jung on Synchronicity and the Paranormal. Routledge ; 1997.p 57
[xxix] Whitmont C. Der Traum in der homöopathischen Praxis.Ulrich Verlag. Göttingen, 1998.
[xxx]Whitmont C. Psyche and Substance, p 20.
[xxxi] Quand l’archétype s’active – on dit qu’il « constelle » – par compensation inconsciente d’un manque ou d’une impossibilité dans la sphère consciente, il peut se produire des phénomènes synchronistiques.
[xxxii] Un des rares auteurs qui ait eu une notion de « cheminement » est Didier Grandgeorge dans son ouvrage intéressant : Homéopathie, chemin de vie. EdiComm : 1998.
[xxxiii] Jung C. G. Dialectique du Moi et de l’inconscient. paris : Gallimard ; 1964. p. 255.
[xxiv] ibid. p. 122.
[xxxv] B. Long. Le ib et le ḥ3ty dans les textes médicaux de l’Égypte ancienne. in : Hommages à François Daumas. Montpellier, Université Montpellier-III, 1986.
[xxxvi] von Franz M.L. L’interprétation des contes de fées. Paris : Ed. Jacqueline renard ; 1993.p. 78-80.
[xxxvii] Jung C. G. Métamorphoses de l’âme et de ses symboles. livre de poche ; 1996. p. 500.
[xxxviii] von Franz M.L. Le processus d’individuation. In : L’homme et ses symboles. Paris : Robert Laffont ; 1964. p. 160.
[xxxix] ibid. p. 162.
[xl] Long B. Le vitalisme de P.J. Barthez, Actes du 110° congrès national des sociétés savantes, Montpellier, 1985, de Lavabre-Bertrand T., in : La médecine à Montpellier du XII° au XX° siècle, sous la direction de Dulieu L. – Paris, Ed. Hervas, 1990. et Barthez P.J. – Nouveaux éléments de la science de l’homme. Montpellier, 1778.
[xli] Bastide M., Lagache A. Le paradigme du sens. Paris, Atelier Alpha Bleue, 1992.
[xlii] Il convient de distinguer l’analogie qui est une simple ressemblance, un lien de sens de la similitude qui est une relation analogique privilégiée car elle inclut l’existence de la « totalité des signes semblables » qui représentent des lignes de force caractéristiques telles qu’on les trouve dans une caricature. L’identité est une ressemblance point par point. On reconnaît parfois mieux une caricature qu’une photo d’identité, a fortiori qu’une vague ressemblance. Voir l’introduction de : Long. B. Répertoire homéopathique des maladies aiguës. Paris : Similia en 2000, 2004.
[xliii] von Franz M.L. Matière et psyché. p. 16
[xliv] ibid.. p. 214
[xlv] Hahnemann S. Apothekerlexicon. Leipzig ; 1798. 2. Band. p. 72.
[xlvi] Hahnemann S. Essai sur un nouveau principe. 1796, paru en français à Paris : Baillière ; 1855.
[xlvii] Hahnemann S. Antidotes de quelques substances héroIques. 1796, paru en français à Paris : Baillière ; 1855.
[xlviii] Hahnemann S. Fragmenta de Viribus Medicamentorum ; voir aussi pour ce problème le travail de Peter Morrell : Hahnemann’s First Provings : http://homeoint.org/morrell/articles/firstprovings.htm, consulté en août 2105.
[xlix] Peter Morrell, Hahnemann’s Debt to Alchemy. homeoint.org/morrell/articles/pm_alchem.htm, consulté en août 2105.
[l] Canselier E. L’alchimie expliquée sur ses textes classiques. Paris : Pauvert ; 1972.
[li] Bonardel Fr. Jung et l’alchimie. In : Jung ; Cahiers de l’Herne ; 2015.
[lii] Voir Bachelard.