Le sujet Causticum a souffert, il a été blessé, sa plaie était à vif et elle a cicatrisé. Il pénètre les âmes et les cœurs car il est caustique et la douleur enfouie est telle chez lui qu’il ressent chez tous les êtres sensibles la moindre souffrance et le moindre chagrin.
La symbolique de Causticum
La description et l’utilisation de causticum sont décrites à la fin de cet article.
Causticum symbolise l’intégration d’un contenu psychique inconscient
Causticum et un remède d’une grande valeur symbolique. Il correspond aux phases un et deux de l’Œuvre : la calcination et la dissolution.
La dissolution implique une plongée dans l’inconscient dont parle Jung :
« La dissolution en un esprit, la volatilisation ou sublimation correspondent chimiquement à la vaporisation, ou du moins à l’expulsion d’éléments susceptibles de prendre la forme gazeuse, tels que le mercure, le soufre, etc. Mais sur le plan psychologique ces opérations équivalent à la réalisation de la conscience, à l’intégration d’un contenu psychique jusque-là inconscient ».
Mysterium conjunctionis – Tome 1 (p.293/294)
Causticum est pénétrant, sensible et empathique
Le « causticum » des Maladies Chroniques est une potasse naissante. Il dissout, pénètre les chairs et les corps, voire les âmes.
Son action est lente et puissante. Cette action puissante et lente plonge au cœur du sujet causticum et lui confère une empathie très nette car il sonde, du fait de sa pénétration intime, les êtres, les cœurs et leurs souffrances.
Jung souligne parfaitement la conjonction nécessaire de l’analyse (en l’occurrence, du thérapeute dans son propos) et de la com-passion pour com-prendre l’autre. Il rappelle des paroles de Paracelse :
« Là où il n’y a pas d’amour, il n’y a pas d’art »,
« Ainsi le médecin doit être saisi d’une compassion et d’un amour semblables à ce que l’on croit être ceux de Dieu vis-à-vis de l’homme »,
« L’exercice de cet art a sa place dans le cœur ; si ton cœur est faux, le médecin en toi aussi est faux… ».
Synchronicité et Paracelsica (p.153)
Causticum, par sa diffusion intime due à sa causticité dissolvante est apte à comprendre et à ressentir les autres. Il est sensible au point de pouvoir pleurer par compassion pour les autres. Il a du mal à supporter la douleur des êtres qui l’entourent, humains et animaux, et il est profondément touché par les histoires tristes.
Causticum brûle, déchire et irrite
Causticum souffre d’une plaie à vif. Il est irritable, déprimé, inquiet. Il irrite, brûle et déchire car il est caustique par nature. Il se montre mordant, critique et souvent autoritaire.
Sur le plan somatique, il déchire, particulièrement le larynx et la trachée. C’est un remède de toux, une toux douloureuse qui arrache, avec une douleur de la trachée une sensation de plaie, d’écorchure, et souvent des pertes urinaires concomitantes.
La toux peut déclencher des douleurs à distance, dans le ventre, les hanches. Le sujet présente des douleurs musculaires, des spasmes, en particulier des membres paralysés, des névralgies. Il ressent des décharges électriques.
Il y a donc brûlure et sensation de plaie. Causticum est amélioré par l’humidité qui peut seule adoucir la morsure du feu corrosif qui l’assaille. Sa toux est améliorée en buvant froid, ce qui adoucit la sensation de plaie douloureuse trachéale..
Causticum est incisif
Il sonde les âmes et les cœurs, il se révolte.
Cet alcali ouvre et dissout et de ce fait il touche profondément l’inconscient.
Mais sur le plan psychologique ces opérations équivalent à la réalisation de la conscience, à l’intégration d’un contenu psychique jusque-là inconscient.
Causticum est incisif : il pénètre et ressent les forces inconscientes, il comprend, il analyse. Il perçoit la souffrance et y participe. Cette intelligence intime de l’autre peut être insupportable, il la trouve injustifiée et s’insurge.
Causticum peut être révolutionnaire
Causticum a le sens de la justice sociale. L’autorité l’insupporte alors.
Il peut être révolutionnaire, anarchiste. Comme on l’a vue déjà, son intérêt pour la souffrance de l’autre, le fait qu’il se soucie de l’autre car il ressent sa douleur, tout cela peut contribuer à sa révolte contre un pouvoir abusif qu’il juge inique.
C’est un sujet empathique, mordant, qui peut ruer dans les brancards.
Les souffrances cutanées de causticum
Causticum se couvre également de verrues, autres témoins cutanés de sa souffrance. L’anthroposophie considère qu’elles ont pour cause « un défaut localisé de la fonction limitatrice de la peau » (V. Bott). C’est une vue intéressante en ce sens qu’elle témoigne d’un effondrement des limites cutanées d’un être qui pénètre et dissout jusqu’à sa peau qui se brûle.
Comme le dit M.L von Franz :
« Le processus d’individuation proprement dit, c’est-à-dire l’accord du conscient avec son propre centre intérieur (noyau psychique) ou Soi naît en général d’une blessure infligée à la personnalité, et de la souffrance qui l’accompagne. Ce choc initial est une sorte d’appel bien qu’il ne soit pas souvent reconnu comme tel. »
L’homme et ses symboles (p.166)
Un peu d’étymologie
En fait les mots « cautère » et « caustique » ont la même étymologie : kαυτήριον, de ϰαίειν, brûler.
D’ailleurs on trouve en allemand, et évidemment chez Hahnemann (dans son Apothekerlexikon), la mention du Aetzstein ou « pierre de cautère ». Ätzen signifie corroder, brûler, ronger, mordre, cautériser. Le Aetzstein se différencie du Aetzstoff qui est le nom du causticum qu’utilise Hahnemann. Il y a différence entre les deux substances, néanmoins elles ont une sympathie.
Qu’est ce qu’un cautère ? Littré dit qu’il s’agit d’un corps chimique ou corps brûlant dont on se sert pour désorganiser une portion des tissus organique, et la convertir en escharre (escarre), c’est-à-dire une croûte noirâtre et dure qui se forme sur un revêtement cutané ou muqueux ayant subi une ulcération, une mortification. Il s’agit finalement d’une cicatrice infligée.
Causticum est un grand remède de cicatrice
Et nous sommes là devant une grande partie de la problématique de causticum.
Causticum est un grand remède de cicatrice et l’empathie que ressent le remède est certainement liée à une plaie ancienne. La plaie a cicatrisé mais elle reste inscrite dans l’inconscient du sujet qui demeure sensible si on l’évoque ou par la confrontation à la douleur d’autrui. Il s’agit de stigmate.
Cette rétraction provoque des douleurs articulaires tiraillantes améliorées par la chaleur et par un temps humide, un temps sec et un vent froid. On observe aussi des douleurs articulaires brûlantes avec une sensation de raccourcissement des tendons.
Enfin la paralysie d’installation progressive survient à tous les niveaux, hémiplégie, avec une paralysie des cordes vocales, de la vessie.
En conclusion
Causticum a souffert, il a été blessé, sa plaie était à vif et elle a cicatrisé.
Causticum s’est rétracté sur cette plaie qui risque à tout moment de se rouvrir. Il pénètre les âmes et les cœurs car il est caustique et la douleur enfouie est telle chez lui qu’il ressent chez tous les êtres sensibles la moindre souffrance et le moindre chagrin. Il s’est tellement rétracté sur sa souffrance que l’humidité le détend et l’adoucit, comme si sa cicatrice devenait plus souple.
Le remède causticum
Le remède causticum est particulier. En fait on devrait parler de plusieurs préparations de la substance :
- La première est l’Acris tinctura, (Esprit-de-vin digéré avec de la potasse caustique et, de peur qu’ il n’ y ait excès de potasse, teinture saturée d’acide acétique),
- La seconde Aetzstoff-Tinktur, Tinctuta acris sine kali se trouve dans la première édition de la Reine Arzneimittellehre, au volume II pp 35-39 et dans la IIe édition volume II pp 41-46,
- La troisième est le Causticum, Aetzstoff édition des Kronischen Krankheiten, au volume IV, pp 81-. Et dans la IIe édition Causticum au volume III pp 84-87.
Seule la troisième préparation correspond à la préparation de la nomenclature pharmaceutique actuelle et parait représenter le causticum actuel (Nous ne détaillerons pas le dédale de ces différentes préparations précédentes dans le cadre de ce travail). Elle aboutit à une solution de potasse caustique à l’état naissant, comme semble l’avoir montré Jean Tétau en 1953 dans la Revue Française d’Homéopathie.
La préparation selon Hahnemann du causticum actuel est la suivante :
« On prend un morceau de chaux récemment calcinée, du poids d’environ deux livres, on le plonge pendant une minute dans un vase plein d’eau distillée, puis on le met dans une terrine sèche, où il ne tarde pas à se réduire en poudre, au milieu d’un grand dégagement de chaleur, et en exhalant une odeur particulière.
On prend deux onces de cette poudre fine, on la mêle, dans une capsule de porcelaine échauffée, avec une dissolution de deux onces de bisulfate potassique, préalablement chauffé au rouge et fondu dans deux onces d’eau bouillante ; on introduit le magma épais dans une petite cuçurbite de verre, on colle le chapiteau avec une vessie mouillée, on adapte à celui-ci un récipient à demi plongé dans l’eau, et on distille jusqu’à siccité, en approchant peu à peu un feu de charbon de la partie inférieure de l’alambic. Le produit s’élève à un peu plus d’une once et demie, et il est clair comme de l’eau. Il contient, sous une forme concentrée, la substance dont je viens de parler, c’est-à-dire le caustique.
Il a l’odeur de lessive de potasse, cause de la cuisson sur la langue, produit une vive ardeur dans la gorge, gèle comme de l’eau quand la température baisse beau coup, et favorise singulièrement la putréfaction des substances animales qu’on y plonge. »
On obtient un liquide limpide, incolore, miscible à l’eau et à l’éthanol à 96 pour cent.
Causticum est caustique
Hahnemann était à la recherche d’un élément qui fût une sorte d’élément caustique particulier inconnu :
« …ceci m’a convaincu par les expériences suivantes sur des personnes en bonne santé, également chez mes étudiants, de l’existence de cette substance particulière, niée par les chimistes modernes et importante sur le plan pharmacologique. (1e édition du Traité de Matière médicale). »
« Cependant, ainsi calciné, ce dernier (le marbre), outre du calorique latent, a admis dans sa composition une autre substance inconnue à la chimie, qui communique à la chaux vive ses propriétés caustiques et sa solubilité dans l’eau. Cette substance, quoiqu’elle ne soit pas elle-même un acide, peut être séparée par la distillation, au moyen d’un acide liquide fixe, qui se combine avec la terre en vertu de son affinité plus forte, on l’obtient alors à l’état de caustique aqueux. (2e édition des Maladies chroniques) »
Il s’agit pour Hahnemann d’un principe caustique princeps, finalement une sorte d’alkaest.
Reprenant un terme inventé par Paracelse, Van Helmont appelle alkaest le dissolvant universel capable de ramener tout corps à sa matière première.
La recherche de l’alkaest occupe une place importante dans les travaux chimiques de la seconde moitié du XVIIe siècle.
Simple produit corrosif pour les uns, « Mercure des philosophes » pour d’autres, l’alkaest résiste aux objections, malgré ses propriétés aberrantes, grâce à la persistance des théories alchimiques dans le champ des travaux de la chimie.(article sur l’alkaest). Lémery dans son Cours de Chymie dit « qu’il le croit imaginaire car il n’en connait point ».
Causticum est une substance caustique qui pénètre et dissout, un remède empathique, brûlant, corrosif et rebelle.
Important : il est possible que l’un des remèdes décrits sur ce site vous convienne, mais on ne peut l’affirmer sans un interrogatoire et un examen sérieux effectués par un médecin homéopathe. Le site est fait pour faire connaître l’homéopathie, en aucun cas il ne peut se substituer à un thérapeute. Le docteur Bernard Long n’assure plus de consultations.
Adresser un message à Bernard Long (Il ne doit pas concerner une consultation à caractère médical).
Ouvrages
Symboles et archétypes en homéopathie, reprend un certain nombre d’articles publiés sur ce site et les complète.
Le Répertoire homéopathique des maladies aiguës complète utilement cet ouvrage.