La très ancienne Parole que transmet l’inconscient s’exprime fortement dans les séries mais elle doit aussi être écrite par les rêveurs.
La source d’émission de la Parole
Sur la ligne 2 expression consciente de nôtre schéma de diffusion des rêves la parole est un élément essentiel, en particulier dans la seconde partie de la série de la Rêveuse.
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Il est d’abord suggéré, puis dit de plus en plus fort, qu’il faut non seulement dire, mais aussi écrire, cette Parole qui, avec une force comparable à celle de la parole divine biblique, vibre à tous les niveaux pour harmoniser la mélodie propre à la Rêveuse avec l’ensemble du grand orchestre de la Totalité.
La Parole ne se trouve pas transportée dans les bagages, grosses valises et sacs divers, probablement remplis de livres, que la Rêveuse trimballe des débuts de la série jusqu’au moment où ils deviendront prétexte à un amusement érotique dans le rêve d’aboutissement no 151.
Rêve no 151 : l'afficherDans ces divers contenants, on trouve des mots, une culture, des symboles mais cette Parole est beaucoup plus ancienne que le bagage intellectuel de la Rêveuse. Le lieu d’émission semble indiqué par une première intervention de la Grande Voix vers la fin de la première partie de la Série. Le rêve (65) est très bref :
« UNE VOIX dit à la Rêveuse : il y avait la source »
Un programme de travail analytique
Une indication d’itinéraire a été donnée sur le sentier chaotique tracé par la Nature dans la partie des rêves où la Rêveuse était seule face aux productions de l’inconscient. Elle est dorénavant aidée par l’analyste.
Il va falloir, dans ce nouveau contexte, se remettre à la tâche. En effet, dans le dernier rêve avant la rencontre avec l’analyste (Rêve no 74) la Rêveuse contemple avec satisfaction du linge bien propre et repassé.
Le premier rêve après ce contact (Rêve no 75) est le suivant :
« On dit, plusieurs fois, avec insistance, à la Rêveuse que » il ne s’agit pas de repasser mais de retâcher ».
C’est tout un programme de travail analytique !
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Le cheminement vers la Parole
Le fait de repartir pour un voyage vers la Parole est annoncé par le rêve no 84 où il est dit à la Rêveuse :
Rêve no 84 : l'afficher« On va te faire une chanson paroles et musique ».
Nous reviendrons sur l’importance de la musique. Notons, pour le moment, que les forces de l’inconscient, dirigées par le Soi, sont mobilisées dans le but de favoriser l’émergence d’une Parole qui est vitale pour l’équilibre de la psyché de la Rêveuse.
La Rêveuse est appelée à dire pour exprimer clairement son désir très profond, désir qui fait peur au Moi, de révéler ce qui est vraiment.
La coopération avec l’inconscient est assurée à la fin du rêve no 95. En effet, elle va, pleine de respect, demander à une très vieille femme, image de la Nature ou du Soi selon les lignes de signification considérées, d’interpréter son rêve.
Rêve no 95 : l'afficherAu rêve no 99, la Rêveuse manifeste, par l’intermédiaire de son songe, un besoin d’expression consciente quand elle dit : C’est mieux de donner un nom. Cependant, ses efforts, probablement trop intellectuels, conséquence d’une unilatéralité déjà observée chez le Rêveur, semblent ne pas satisfaire le Soi organisateur.
Rêve no 99 : l'afficherAu rêve no 130, différentes composantes de la psyché tiennent conseil. Elles sont occupées à déterminer un degré de maturité concernant des fruits, dont on peut penser qu’ils sont très représentatifs des dons de la Nature.
Rêve no 130 : l'afficherC’est alors que l’inconscient, lassé de toutes ces arguties, emploie la Grande Voix :
« … une voix forte couvre les discussions et dit: Çà n’est pas compliqué, on le sait.
Il est tout à fait vrai qu’elle le sait, et cela depuis toujours. L’homme, symbole du Soi, qu’elle avait rencontré au rêve no 50 de la première partie lui avait rappelé, au sujet d’une poissonnerie dont elle avait oublié l’existence :”Mais elle a toujours été là”.
Rêve no 50 : l'afficherCeci est en concordance avec les nymphes, elles aussi reliées à une symbolique de la Nature dans son expression antique, que le Rêveur semblait découvrir. Elles aussi disaient : “Nous avons toujours été là”.
Impatience de l’inconscient, résistance du conscient
L’aveuglement de la Rêveuse provoque une réaction de l’inconscient. Il faut aboutir maintenant que, avec l’aide de l’analyste, la fonction transcendante peut agir. Le résultat est une très vive impatience se manifestant par une voix qui réveille la Rêveuse en criant : Il faut dire fort ! (Rêve no 138)
Un certain nombre de mouvements oscillatoires se produisent alors. Ils sont le reflet d’une résistance du conscient. Cette résistance, en partie justifiée, a pour origine la crainte du Moi d’être envahi par des forces trop puissante.
Cependant, le discours du Rêve qui a considérablement enrichi le conscient, en diffusant les contenus de l’inconscient sur l’ensemble des rayons issus du noyau central de signification, exige non seulement la Parole mais aussi l’Écriture, dont on sait l’importance pour la Tradition.
L’animus positif de la Rêveuse, représenté par l’enfant présent dans toute la série, est vivement sollicité. L’ensemble des forces psychiques lui répète avec insistance : Tu dois écrire, tu dois écrire. (Rêve no 148)
Après la belle vision no 150, qui, pour nous, correspond à la vision de l’Horloge du Monde du Rêveur, on pourrait croire à un moment de réalisation complète de la coopération entre le conscient et l’inconscient.
Vision no 150 : l'afficherOr, il s’agit uniquement d’une ligne de diffusion, sur laquelle nous reviendrons, concernant le processus alchimique. Ce processus se poursuivra plus nettement, et surtout d’une manière plus efficace, dans la seconde partie de la série.
Dramatique affrontement entre la Rêveuse et la Grande Voix
C’est au moment du rêve no 152, le second mandala, que se situe, dans une ambiance dramatique, un affrontement dont les héros sont la Rêveuse elle-même et la Grande Voix.
Rêve no 152 : l'afficherElle est arrachée à sa contemplation fascinée d’une vision grandiose et esthétique par la voix forte qui tonne : écris le, écris le ! Ces mots sont répétés plusieurs fois par une voix grondante. Quelque chose en elle est alors paralysé comme ce serait le cas pour une personne ayant le vertige et devant accepter de plonger dans le noir sans savoir où se situe le fond.
Le Moi, à l’état de veille, est préparé à cette idée mais il est aussi conscient du danger d’aspiration que représente une ouverture complète à l’inconscient. Cependant, dans le monde onirique, la Rêveuse doit accepter une action qui correspond à une nécessité vitale.
Cette action est nécessaire pour que se produise le mouvement de retour vers le centre des forces conscientes alimentant l’inconscient collectif. Cette nécessité d’ouverture sera confirmée par la dernière injonction de la série au rêve 153 : ouvre toi .
Ce sont toutes ses forces psychiques et corporelles qu’elle doit concentrer pour écrire la Parole.
Le conscient a besoin de l’écriture
Cette action ne peut se faire que grâce à l’expression consciente se manifestant au niveau le plus élaboré : l’écriture.
Le rayon expression consciente est, comme tous les autres, en connexion avec l’ensemble des lignes de signification mais il ne prend, cependant, tout son sens et ne peut avoir une possibilité d’intégration dans la vie pratique, que si certaines conditions sont réunies.
Le conscient a besoin d’entendre une parole ou de voir un texte écrit. Ceci explique, d’ailleurs, la nécessité de la présence de scénarios proposés par les rêves.
Au niveau que l’on peut considérer comme le plus superficiel, et en même temps le plus efficace, des manifestations de l’inconscient, la série de rêves doit raconter une histoire. C’est seulement ainsi, même si le récit est quelque peu burlesque et décousu, que le conscient peut prêter attention au discours de l’inconscient.
Le rêveur ne comprend que ce qui se rattache à du connu
Le questionnement sur le sens des formes ou des symboles viendra après l’intérêt accordé à un rêve qui doit, avant tout, intéresser le rêveur et, surtout, lui parler de ses problèmes personnels.
L’expression symbolique dépasse pourtant, de beaucoup, les allusions aux problèmes personnels des rêveurs. Elle véhicule des éléments empruntés à un inconscient collectif bien plus vaste que ce que peut contenir le conscient. Elle transpose, en utilisant des objets ou des situations de la vie quotidienne, des symboles vivants, au sens où l’entend Jung . Ces symboles sont issus d’une très ancienne relation à la Nature, de mythes, de religions, ou encore, de contenus hermétiques.
Les Re-présentations du contenu de l’inconscient collectif qui se présentent dans les rêves n’auraient aucun sens si elles n’étaient pas enregistrées par le conscient et ramenées au domaine du reconnaissable parce que connu.
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Publié initialement dans le cadre d’une thèse cette page a été adaptée par Ariaga (Ariane Callot), son auteure.
Les ouvrages cités sont référencés à la page bibliographie.