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Ariane Callot

Ariaga
Ariane Callot est docteur en philosophie. Elle a soutenu en 2000 une thèse orientée sur Jung.

Sous le pseudo d’Ariaga elle est l’auteur du blog Extraits du Laboratoire d’Ariaga.

Sur le présent site elle publie des textes repris de sa thèse, des écrits sur Jung et des poésies.

Monter et descendre dans les séries de rêves

Monter et descendre en rêve, la mauvaise réputation du nombre vingt et la possibilité de concevoir en étant vierge.

La sublimation pour les alchimistes

À ce stade de notre recherche d’éléments alchimiques dans la série de la Rêveuse, nous arrivons maintenant au rêve 12.

Rêve no 12 : l'afficher

Le rêve 12 contient deux éléments importants : l’ascensus et le descensus, la montée et la descente, également rencontrés au cours de la série du Rêveur.

Monter et descendre, que ce soit en ascenseur, par un monte-charges, ou avec des échelles, est une opération fréquente au cours des séries de rêves. On peut lui attribuer le sens symbolique d’une montée vers le divin ou d’une chute au niveau de la matière.

Cependant, dans le cadre d’une recherche des connotations alchimiques, cette opération évoque celle de la sublimation. On lit (à la page 238) dans l’Atalante fugitive de Michel Maïer :

“La sublimation sépare le pur et l’impur, ennoblit ce qui est vil, élève ce qui est bas. Elle doit donc être également présente étant en quelque sorte la dame et la maîtresse de toutes les opérations. Pendant la sublimation, certaines parties montent assez haut, c’est l’ascension, et d’autres descendent et ainsi s’effectue la descension.”

L’importance du nombre neuf

Un autre élément important de ce rêve est le nombre neuf. Absent de la série du Rêveur il fait ici son apparition après une allusion à la quaternité.

Selon Allendy dans le Symbolisme des nombres (p.262) Le neuf est le troisième carré présent dans la série des nombres, le premier étant le un, le second le quatre.

Ce nombre, en tant que : 9 = 3 X 3, est, selon la Tradition, “l’ultime développement de l’idée créatrice, de la cause efficiente, du Logos en activité.” On peut y voir la “totalité des principes créateurs”.

En s‘inspirant de la langue hébraïque, où le mot qui signifie neuf a pour racine “cimentation, union réciproque et amour”, et de diverses liturgies attribuant au nombre neuf le sens d’achèvement, il nous apparaît que ce nombre symbolise, dans la série, le résultat de l’amour et de l’union, c’est à dire la grossesse menée à son terme. D’autres éléments de la série conforteront cette hypothèse, et nous verrons que l’Œuvre Alchimique et le processus d’individuation sont, tous deux, comparables à une gestation.

A la fin du rêve 12, la Rêveuse fait une première et brève rencontre avec la Mater Alchimia, rencontre qui sera vite oubliée. Cependant, cette rencontre augure bien du futur, puisque la Rêveuse a l’impression qu’elle va trouver ce qu’elle cherche.

Le nombre terrifiant des vingt

Le rêve 13 est bref, mais significatif.

Rêve no 13 : l'afficher

Tout d’abord on y trouve la première manifestation importante de ce que nous appelons la Grande Voix. Et cette voix dit d’étranges choses, pleines de significations symboliques, au sujet d’un voyage à Jérusalem et du nombre terrifiant des vingt. Ces paroles numineuses de la Grande Voix, dont la force est augmentée par l’écriture, nous semblent être révélatrices de l’état intérieur de la Rêveuse et des opposés qui s’y affrontent. Cet état est comparable à celui de l’alchimiste au moment où, au début de lŒuvre, il se trouve confronté aux éléments ennemis.

La Jérusalem céleste est un carré, que Jung comparait à un mandala . En effet, l’élément quatre y fonctionne harmonieusement, comme c’était le cas pour le mandala du Rêveur. La luminosité de la ville, dit l’Apocalypse, est semblable à celle d’une pierre précieuse :

“ Et son éclat est pareil à une pierre très précieuse, comme une pierre de jaspe transparente comme du cristal ”. (21,10-11)

Nous songeons ici à la très précieuse Pierre des alchimistes.

A l’opposé de cette proposition de voyage vers l’harmonie, symbolisée par Jérusalem, il est montré à la Rêveuse, dans le même rêve, toute la nocivité de la division désignée par le nombre vingt.

Selon Allendy (p.327 et366), le nombre vingt est un nombre de mauvaise réputation. J. Boehme l’appelait le Diable, c’est à dire le monde matériel opposé au monde spirituel. Il représente la différenciation de toutes les parties de l’ensemble en deux pôles adverses. C’est aussi le nombre de la dualité divisant le monde en deux camps ennemis : le Bien et le mal, la Vie et la Mort . C’est encore celui d’un macrocosme inévitable, et parfois terrifiant, régi par les forces contraires partout présentes dans l’univers, avec pour conséquence une énergie incontrôlable.

Une éruption de matériaux de l’inconscient

Les songes de la Rêveuse deviennent de plus en plus représentatifs du chaos de la matière primordiale, que nous assimilons, ici, à l’inconscient collectif. On a l’impression que cet inconscient expulse, à la manière d’une éruption, le maximum de matériaux, parfois comme de simples notations, parfois sous forme de redites.

Entre le rêve 14 et le rêve 18, reviennent des thèmes tels que celui de l’enfant, la quaternité, la clé et la torture.

Voir les rêves de la série de la rêveuse

Au rêve 18, après une première allusion au triangle, forme que l’on retrouvera au cours du rêve d’aboutissement final, émergent des éléments importants et liés entre-eux.

Rêve no 18 : l'afficher

Il est tout d’abord question de se marier vierge, puis de blanchisserie et, enfin, d’eau gynécologique. Nous avons là l’ébauche de tout un mouvement de lŒuvre.

Comment concevoir un enfant en étant vierge

La Vierge, souvent assimilée à la Lune, symbolise, ici, le stade de l’albedo, l’oeuvre au blanc.

Avant qu’elle soit blanchie de la noirceur et de l’impureté des métaux, auxquels elle avait été mariée dans les entrailles de la terre, on l’appelait la femme prostituée. Après cette opération de blanchisserie, elle devient l’eau mercurielle des philosophes.

L’eau mercurielle des philosophes est très précieuse car, comme le dit le rêve, elle est gynécologique, c’est à dire qu’elle concerne la femme qui peut concevoir. Cette femme aura un enfant, le Rebis hermaphrodite, en lequel, à partir de la même racine, la partie féminine et masculine formeront un tout homogène.

Elle concevra cet enfant vierge selon un mode très particulier décrit par Pernety dans son dictionnaire Mytho-Hermétique (p.522)

“Les Adeptes ont donné à cette Vierge le nom de Beia (…) Sans donner atteinte à sa virginité, elle a pu contracter un amour spirituel avant que de s’unir par un mariage avec son frère Gabritius, parce que cet amour spirituel ne l’a rendue que plus blanche, plus pure, plus vive et plus propre à l’objet du mariage. (…)

Prenez une vierge ailée, très pure et très nette, pénétrée et animée de la semence spirituelle du premier mâle, et néanmoins vierge quoiqu’elle ait conçu ; joignez-la à un second mâle sans crainte d’adultère ; elle concevra de nouveau par la semence corporelle du second et mettra enfin au monde un enfant Hermaphrodite qui sera la source de Rois très puissants.”

Les mots semence corporelle montrent le souci des alchimistes de rattacher leur Art, même dans le domaine allégorique, à des procédés naturels.

Marcher vers le soleil

L’allusion à l’œuvre au blanc, est, ainsi, très lisible dans ce rêve 18.

Mais la concentration d’émergences significatives ne s’arrête pas là. On se trouve déjà, fait remarquable à ce stade relativement précoce de la série, en présence d’une évocation de la citrinitas ou oeuvre au jaune. En effet, la Rêveuse doit partir en Chine, pays des hommes jaunes, c’est à dire aller vers la citrinitas.

Ce qui n’était qu’une allusion est confirmé par le rêve suivant, le rêve 19, où elle marche vers le soleil.

Rêve no 19 : l'afficher

Or, l’œuvre au jaune, sur laquelle nous reviendrons ultérieurement, est associée à l’or solaire. La lune de la Vierge et le Soleil, dont la Rêveuse accepte la brûlure, nous proposent les partenaires d’une copulation entre le Soleil et la Lune, considérés par les hermétistes comme étant le père et la mère de la Pierre des Sages.

Cette incitation de l’inconscient à la conjonction va demander à la Rêveuse, pour prendre tout son sens, des années d’écoute du message onirique.

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Publié initialement dans le cadre d’une thèse cette page a été adaptée par Ariaga (Ariane Callot), son auteure.
Les ouvrages cités sont référencés à la page bibliographie.


Ariaga
Ariane Callot

Ariane Callot est docteur en philosophie. Elle a soutenu en 2000 une thèse orientée sur Jung. Sous le pseudo d’Ariaga elle est l’auteur du blog Extraits du Laboratoire d’Ariaga.

Ariane Callot

Cheminant dans les pas de Jung, j’ai tenté de donner à penser que l’on peut, par l’intermédiaire des série de rêves, observer les re-présentations structurelles et symboliques d’un enseignement de l’inconscient …
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