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Ariane Callot

Ariaga
Ariane Callot est docteur en philosophie. Elle a soutenu en 2000 une thèse orientée sur Jung.

Sous le pseudo d’Ariaga elle est l’auteur du blog Extraits du Laboratoire d’Ariaga.

Sur le présent site elle publie des textes repris de sa thèse, des écrits sur Jung et des poésies.

Lumière de la Nature et lumière de la conscience

L’idée de Lumière de la Nature a été énoncée par la plupart des philosophes alchimistes de l’Occident. Elle va nous instruire, c’est à dire nous montrer comment il faut procéder intuitivement.

L’idée de lumière de la nature

L’idée de Lumière de la nature était  déjà en germe chez le scolastique platonicien Guillaume de Conches (1080-1154) qui avait une théorie de l’Anima Mundi, l’âme du monde, assimilable au sensus naturae qu’il identifiait avec le Saint Esprit. Les alchimistes ont d’ailleurs le plus souvent identifié le concept de Lumière de la Nature à l’hypostase du Saint Esprit.

Cette idée de Lumière de la Nature a été énoncée par la plupart des philosophes alchimistes de l’Occident tels Agrippa de Nettesheim dans son Occulta Philosophia (Cologne 1533) et surtout Paracelse. Elle a, dans l’œuvre de ce dernier, un rôle important et un caractère relativement métaphysique.

La Lumière de la Nature, considérée par Paracelse comme un lien entre la matière et l’esprit, est indispensable à quiconque veut étudier le “texte des livres de la nature”. Elle va l’instruire, c’est à dire lui montrer comment il faut procéder intuitivement.

L’union des forces inconscientes et conscientes

La lumière de la conscience est présente de manière diffuse dans les rêves et visions. Ce peut être un ciel étoilé, des objets brillants, la clarté qui baigne un paysage  ou autres images analogues.  Elle est appelée raison par les alchimistes.

L’épigramme, l’emblème et le commentaire XLII de l’Atalante fugitive de Michel Maïer présentent une bonne démonstration de la nécessité d’union entre les forces inconscientes de la Nature et les forces conscientes de la raison. L’épigramme dit ceci :

“Que la nature soit ton guide, que ton art
La suive pas à pas ; tu t’égares loin d’elle.
Que l’esprit soit ta canne ; affermissant tes yeux
L’expérience au loin te donnera de voir.
T’éclaircira l’amas des mots et des matières.”

Quand on regarde le dessin de l’emblème (notre illustration) la vision de cet homme, marchant une lanterne à la main, n’est pas sans rappeler un rêve de Jung (Ma vie, p. 110)  au moment où il s’avance la nuit dans un endroit inconnu et se rend compte que la petite lumière qu’il protège de ses deux mains, la petite flamme de sa conscience, est son bien le plus précieux.
En haut du dessin, (p. 307) il est écrit :

“A celui qui est versé dans la Chymie, la Nature, la Raison, l’expérience et la lecture doivent tenir lieu de guide, de bâton, de lunettes, de lampe”.

N’oublions pas que le livre de Michel Maïer, Atalante fugitive, l’un des plus connus des ouvrages alchimiques, est ici donné dans la traduction d’Étienne Perrot.

Michel Maïer préconise de commencer par observer la manière dont la Nature procède pour mener à bien ses opérations, et d’étudier attentivement son cheminement, avant d’entreprendre le long et grand voyage de l’Œuvre. Il recommande ensuite d’éviter les erreurs et de suivre les conseils des philosophes quand ils disent :

”A propos de tout ce que tu entends, raisonne pour savoir s’il peut en être ainsi ou non”.

Il y a beaucoup de résonance entre les propos de Maïer et les dernières phrases du rêve 2 qui semblent, par les directives qui lui sont données, rattacher, inconsciemment, la Rêveuse à la longue chaîne des alchimistes. Il lui est en effet indiqué qu’elle doit aller chercher ses lunettes … car pour le travail que nous allons faire il faut voir loin. Notons le nous, signe que la Rêveuse ne sera pas seule, qu’elle recevra une aide.

Rêve no 2 : l'afficher

Nombreuses allusions à des thèmes alchimiques

Les allusions à des thèmes alchimique sont tellement nombreuses, au début de cette série, que nous allons, au rêve 3, nous contenter d’en signaler certaines, remarquables par leur précocité, pour les reprendre quand elles vont réapparaître au cours des prochains rêves.

Rêve no 3 : l'afficher

Contentons-nous donc d’attirer l’attention sur l’apparition d’un magnifique soleil, d’enfants qui jouent, d’un poulet qui se révèle être un chat, animal souvent opposé au chien, de deux gros vers représentant le thème de la dualité, illustrée par les serpents du caducée de Mercure. Ces serpents, selon le Dictionnaire de Pernéty (p.461)

sont le fixe et le volatil qui se combattent et qui sont ensuite mis d’accord par la fixation”.

Ce rêve contient aussi le thème essentiel de la cuisson, plus ou moins réussie.

L’enfant des philosophes alchimistes

Le rêve 4 se situe en pleine nature, dans un beau paysage vert.

Rêve no 4 : l'afficher

Le vert est une couleur passagère entre les quatre principales que prend la matière pendant le Grand Oeuvre.

Selon le Dictionnaire Mytho-hermétique de Pernety, elle “marque l’animation et végétation de la matière” et serait une étape intermédiaire entre la nigredo et l’albedo au moment où se produit l’expérience du règne végétal et animal.

Le petit garçon, lui, représente la première allusion à l’enfant des philosophes hermétiques. Il apporte comme cadeau des œufs.

Notons que, chez le Rêveur, l’œuf apparaissait seulement à la fin de la série, alors qu’il est donné dès le début de celle de la Rêveuse.

L’œuf, un thème important de la symbolique alchimique

Les œufs apportés par l’enfant sont représentatifs de tout un réseau de résurgences d’une philosophie alchimique, dépassant le cadre de la pensée courante chez les chymistes vulgaires du Moyen Age. Ceux-ci pensaient, en effet, que l’œuf des Philosophes était le contenant dans lequel ils enfermaient leur matière pour la cuire. L’iconographie reflète souvent cette vision.

Mais, comme nous l’explique Pernéty dans son Dictionnaire, ce n’est pas le sens de la Philosophie Hermétique. Le terme œuf des philosophes concerne non le contenant mais le contenu. Il est dit textuellement (p. 347) :

“…le contenu qui est proprement le vase de la Nature et cela même pendant la putréfaction ; parce que le poulet philosophique y est renfermé, et que le feu interne de la matière excitée par le feu extérieur, comme le feu interne de l’œuf excité par la chaleur de la poule, se ranime peu à peu, et donne la vie à la matière dont il est l’âme, d’où naît enfin l’enfant philosophique, qui doit enrichir et perfectionner ses frères. “

La coquille de l’œuf enferme une totalité en gestation et, ajoute Pernéty :

“Cette matière est appelée œuf, parce que rien ne ressemble mieux à la conception et à l’enfantement de l’enfant dans le ventre de sa mère, et à la génération des poulets, que les opérations du magistère, et de la pierre philosophale.”

Travail alchimique et grossesse

Nous assistons ici à la mise en place d’une possibilité de parallèle entre le travail alchimique et la grossesse qui se précisera aux rêves 40, 41 et 73 de cette première partie et trouvera son aboutissement, au cours de la deuxième partie, à la vision 141.

Voir les rêves de la série de la rêveuse

La grosse pièce de cinq francs fait intervenir le cinq, nombre de la quintessence, et conforte l’idée d’une concordance entre les phases du processus alchimique et l’œuvre de la Nature : la naissance d’un enfant. Ce nombre est en effet considéré, symboliquement, comme celui de la vie, de la créature, de l’homme et de l’incarnation. Il faut l’envisager écrit Allendy (p.115) :

“comme l’adjonction aux quatre tendances élémentaires divergentes, d’un centre qui les relie et leur sert de point d’application (ce centre n’étant autre que la matière sous toutes ses formes). Ce cinquième terme constitue le champ d’action du quaternaire naturel, sa raison d’être et son objet.”

Le fait que l’enfant apporte aussi des conserves dans une cage-corbeille montre que des thèmes très anciens, enfouis, enfermés, seront véhiculés par la série.

Signalons que c’était dans des corbeilles que l’on portait les substances sacrées au cours des processions des Mystères antiques.

Au terme de ce rêve 4, nous savons déjà que la Rêveuse va devoir se livrer à l’Œuvre de la conjonction, pour que naisse l’enfant des philosophes.

Rêve no 4 : l'afficher

Une fois encore, il lui est annoncé qu’elle sera aidée, même si elle casse des œufs, puisque l’enfant guide lui dit :

”Si tu veux aller en chercher d’autres je te dirai où les trouver “.

La voix du Soi se fait entendre mais ce n’est qu’un murmure que la Rêveuse ne peut entendre.

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Publié initialement dans le cadre d’une thèse cette page a été adaptée par Ariaga (Ariane Callot), son auteure.
Les ouvrages cités sont référencés à la page bibliographie.


Ariaga
Ariane Callot

Ariane Callot est docteur en philosophie. Elle a soutenu en 2000 une thèse orientée sur Jung. Sous le pseudo d’Ariaga elle est l’auteur du blog Extraits du Laboratoire d’Ariaga.

Ariane Callot

Cheminant dans les pas de Jung, j’ai tenté de donner à penser que l’on peut, par l’intermédiaire des série de rêves, observer les re-présentations structurelles et symboliques d’un enseignement de l’inconscient …
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