Jung considère, avec ses travaux sur la psychologie de l’alchimie, avoir établi le fondement historique de sa psychologie des profondeurs. Les plus importants ouvrages dans ce domaine sont Psychologie et alchimie, Psychologie du transfert et Mysterium conjonctionis.
Psychologie et alchimie
Quelques mois après que Jung eut frôlé la mort, il publie un de ses ouvrages essentiels : Psychologie et alchimie.
La première parution date de 1944. C’est un ouvrage foisonnant. Jung se propose de décrire l’essence de l’alchimie en étudiant ses relations avec la religion la philosophie et la psychologie.
Il effectue aussi une très longue étude sur la symbolique du mandala en analysant la série de rêves qui a été le déclencheur de nos travaux.
Il était agacé par le fait que ses lecteurs avaient des difficultés à le suivre quand il parlait d’alchimie. Il propose donc, dans Psychologie et alchimie, un résumé, très partiel, des concepts de base et des différentes phases du processus alchimique.
Il donne aussi ce que l’on pourrait appeler un enseignement sur le vocabulaire des alchimistes et des explications sur l’obscurité de leurs propos et leurs motivations. Il semblerait que ce travail didactique ne l’ait pas du tout amusé et il considérera, ultérieurement, que les lecteurs de ses autres ouvrages ont lu Psychologie et Alchimie.
Il pense avoir rencontré ce qui sera le fondement de ses expériences pendant sa confrontation avec l’inconscient, durant les années 1913 à 1917. Il y aurait eu, ensuite, une concordance entre son propre processus de métamorphose et les phases de la métamorphose alchimique telle qu’elle est décrite par cet ouvrage.
Psychologie du transfert
La psychologie du transfert, publié en 1946, veut montrer les correspondances entre la psychologie jungienne et l’alchimie.
En accord avec Freud, Jung considère qu’un problème essentiel de la psychothérapie est celui du transfert. Il s’appuie sur un traité de 1550, Rosarium philosophorum, (Le Rosaire des philosophes), pour montrer la dimension transpersonnelle de l’échange entre un rêveur et un analyste.
Il assimile la relation entre les deux individus en présence, aux manifestations symboliques des principes masculin et féminin, et décrit les phases conduisant à la conjunctio, c’est-à-dire au mariage du couple, représenté dans le Rosarium par le roi et la reine.
La situation psychique entre l’analyste et l’analysant, quand ils sont de sexes opposés, serait semblable à celle de l’alchimiste et de sa soror mystica, (sœur mystique), travaillant et priant ensemble, dans le laboratoire-oratoire, à la transformation du contenu de ce qu’ils appellent le vase, et à leur propre transformation.
Mystérieuse conjonction du masculin et du féminin
Jung ne cesse d’amplifier ses recherches de correspondances entre l’alchimie et la psychologie des profondeurs.
Entre temps, il publie d’autres ouvrages sur des questions essentielles, comme la nature du Soi décrite dans Aïon.
Il règle aussi son différend avec le Dieu de son enfance, en écrivant Réponse à Job. Mais il consacre, surtout, ce qui lui reste de forces, à son grand Œuvre : Mysterium conjunctionis, dont les deux tomes paraissent en 1955 et 1956.
Trois tomes étaient prévus mais Marie-Louise von Franz, qui avait collaboré aux deux premiers, signera seule le troisième, à la demande de Jung qui voulait ainsi rendre hommage à celle qui joua auprès de lui le rôle de Soror mystica pendant l’élaboration commune de l’ Œuvre. Ce troisième tome parut sous le titre de Aurora consurgens, le lever de l’aurore, l’année suivante.
Comme le raconte Barbara Hannah dans Jung, sa vie son oeuvre (p.381), Jung avait déjà presque achevé les cinq premières parties de l’ouvrage avant sa maladie de 1944.
Il lui fallut, cependant, développer et approfondir sa pensée. Il voulait surtout montrer, au cours de la sixième et dernière partie, le processus symbolique conduisant vers l’union des contraires.
Mysterium conjonctionis représente un herculéen travail de recherche difficilement imaginable. Jung y décrit abondamment toutes les composantes symboliques, l’infinité des paradoxes, les multiples personnifications qui représentent les contraires. Il montre le processus alchimique et ses différents stades, jusqu’au moment de ce qui constitue, pour lui, l’idée centrale de ce processus : la conjunctio, l’union du côté obscur, féminin, au côté lumineux, masculin.
Les limites que se donne Jung
À partir de Mysterium conjunctionis, il pense qu’il a rempli sa mission.
Cet ouvrage constitue, selon ses dires, la conclusion de la confrontation de l’alchimie avec sa psychologie de l’inconscient. Il considère que ses travaux sur la psychologie de l’alchimie établissent, comme il l’avait souhaité, le fondement historique de la psychologie des profondeurs.
Il ne peut aller plus loin, sans dépasser les limites du rationnel.
Il écrit dans Ma vie (p.258) :
« Au moment où j’atteignais au fond solide, je touchai en même temps à la limite extrême de ce qui était pour moi scientifiquement saisissable, au transcendant, à l’essence de l’archétype en lui-même, à propos duquel on ne saurait plus rien formuler de scientifique. »
Or, Jung voulait, consciemment, rester scientifique même si, pendant la deuxième partie de son existence, il s’est parfois laissé aller à exprimer le discours de son numéro deux. C’est pourquoi l’étude des relations entre l’alchimie et la psychologie des profondeurs l’a contraint à tenter une conceptualisation de ses découvertes.
Il y a beaucoup d’autres écrits, la Correspondance par exemple, où l’on voit l’importance de l’alchimie dans l’œuvre de Jung. Elle est une des importantes stations de sa vie.
Voici ce que Jung écrit, d’une manière plus générale sur ses œuvres, toujours dans Ma vie(p.258):
Mes œuvres peuvent être considérées comme autant de stations de ma vie ; elles sont l’expression de mon développement intérieur, car se consacrer aux contenus de l’inconscient forme l’homme et détermine son évolution, sa métamorphose. Ma vie est mon action, mon labeur consacré à l’esprit est ma vie ; on ne saurait séparer l’un de l’autre. »
Dans les textes suivants nous ne pourrons proposer qu’une approche destinée à aider le lecteur intéressé par une connaissance très succincte de l’alchimie. C’était la démarche de Jung, même si ce qu’il considère comme succinct est parfois déjà difficile à suivre car l’étendue de sa culture est écrasante …
En effet, le sujet est inépuisable. De plus, la rencontre avec les thèmes alchimiques nous semble plus significative, et plus vivante, quand elle se situe dans le cadre de séries de rêves contemporains. C’est ce qui sera fait ultérieurement dans nos écrits au sujet de la série de la Rêveuse.
Voir la totalité des oeuvres de C.G. Jung sur le site cgjung.net
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Publié initialement dans le cadre d’une thèse cette page a été adaptée par Ariaga (Ariane Callot), son auteure.
Les ouvrages cités sont référencés à la page bibliographie.