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Traitement pour les victimes de pervers narcissiques

Plusieurs étapes doivent être franchies avant de reconnaître que l’on a été la victime de pervers narcissiques. Se dégager durablement de l’emprise nécessite de revisiter son histoire personnelle et familiale.

La victime des agissements de pervers narcissiques consulte rarement d’emblée, car le corps devance l’esprit et les symptômes corporels l’ont en général menée vers la médecine physique.

Quatre étapes doivent être franchies

La victime de pervers doit franchir plusieurs étapes avant de retrouver l’estime d’elle-même.

Il lui faut en premier lieu s’avouer démunie face au pervers et accepter de perdre tout espoir de le faire changer.

Cette étape s’avère certes difficile mais le désir d’être reconnue par le pervers et d’avoir raison entretient la dépendance.

Dès lors, la victime doit suspendre ses réactions immédiates car elles font le jeu du pervers qui les a prévues.

Ensuite, l’attente s’impose jusqu’à ce que, sa capacité de penser s’étant remise en route, la victime soit capable d’envisager un acte à poser, posément. 

Le plus souvent, cette deuxième étape nécessite une discussion avec un tiers extérieur à la relation. Ce dernier se trouve difficilement, la plupart des gens minimisant ou niant la dangerosité des manœuvres perverses.

La troisième étape consiste à s’ouvrir à l’inconscient objectif car celui-ci n’est pas manipulable par le pervers.

La victime croit en effet ses rêves inintéressants car ils semblent reproduire des interactions familières. Or, une analyse attentive montre qu’ils mettent en scène les interactions perverses et leurs effets sur le patient.

En quatrième lieu, une fois l’emprise relâchée, la victime relit son histoire personnelle afin d’y déceler les traumatismes précoces et/ou les failles engendrées par le système familial.

L’attention porte alors sur les règles familiales, les deuils non-faits dans les générations précédentes qui peuvent avoir créé des « tiers pesants », les secrets et les cryptes. Le tiers pesant est la figure d’un parent décédé qui reste présent dans l’inconscient familial et continue à influencer les membres de la famille.

Ce repérage des influences parentales, de leurs empreintes ou de leur emprise sur l’enfant doit s’opérer avec prudence. Enfin, la suite du travail relève de l’analyse classique.

L’analyste doit repérer les manœuvres perverses

Avec la victime, l’analyste doit d’abord repérer les manœuvres perverses et les définir comme telles. L’identification projective, forte au début, aide à comprendre et traiter les blessures  actuelles et celles de la relation précoce que ces manœuvres ont ravivées.

Donald Kalsched a décrit les défenseurs archétypiques du soi qui apparaissent chez les sujets qui ont subi des traumatismes précoces et qui se manifestent chaque fois que l’analyse approche d’une zone blessée. Ils agissent selon le principe du « never again » (plus jamais) : ainsi, ils se comportent comme s’ils voulaient éviter à tout prix la répétition du traumatisme.

Inversion des rôles

La victime recourt parfois inconsciemment à l’identification projective, mettant l’analyste dans son rôle à elle et prenant celui du pervers, seul moyen pour elle de faire sentir et comprendre à l’analyste ce qui lui est arrivé.

La supervision s’avère d’ailleurs souvent indispensable pour aider l’analyste à démêler sa propre réalité de ce que le patient à induit en lui.

L’interprétation et la description du vécu contre-transférentiel apaisent la victime, qui bénéficie alors d’une compréhension nouvelle de sa situation.

L’intrusion de la famille

De son côté, la famille fait fréquemment intrusion et met fin à la thérapie car elle ne peut accepter de perdre un de ses membres. Tous les membres de la famille partagent en effet la croyance inconsciente que l’évolution d’un des leurs risque de détruire la famille.

La question du maintien du secret professionnel a été maintes fois débattue et certains thérapeutes ont été condamnés pour n’avoir pas signalé une maltraitance.

Toutefois, il ne faut pas sous-estimer la loi maffieuse du silence que le pervers fait régner autour de lui. Enfin, l’analyste risque de sortir de sa position dans une illusoire tentative de délivrer lui-même la victime des manœuvres.

La victime doit se dégager durablement de l’emprise

Seule l’analyse des failles narcissiques de la victime peut lui permettre de se dégager durablement de l’emprise. Avec la femme victime de pervers, le psychanalyste doit se garder de tomber dans une attitude de conseils, parfaitement inutile.

Il doit au contraire attendre qu’elle ait pu intérioriser l’analyste comme un objet suffisamment solide et que le pare-excitation soit reconstruit, au moins en partie. Cette étape s’avère délicate car la forte avidité orale de ce type de patiente induit un transfert passionnel.

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Michel Cautaerts

Médecin psychiatre et psychanalyste jungien, ancien président de la Société Belge de Psychologie Analytique, Michel Cautaerts est un chercheur, clinicien et conférencier. Sa riche expérience s’étend sur plus de 40 ans. Il est l’auteur de deux ouvrages :


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