Michel Cazenave, dans la préface du livre de Michel Cautaerts « Je tu(e) il » Psychanalyse et mythanalyse des perversions souligne « la dialectique qui s’y déploie entre les leçons de Freud et celles de Jung ».
La perversion est l’un des domaines les plus difficiles à comprendre
Quelques extraits : « La perversion est certainement l’un des domaines les plus difficiles à comprendre dans le champ de la psychanalyse. Entre la névrose et la psychose – mais sans qu’on puisse pourtant la confondre avec un quelconque état border-line, même si elle en relève quelquefois – elle est comme le double négatif de la première sans l’édification de quoi la névrose «normale» à laquelle nous sommes tous soumis ne pourrait elle-même se construire (il suffit de penser ici à l’enfant pervers polymorphe), mais qu’il faut absolument dépasser à peine de graves troubles psychiques. […]
Au fond, la perversion (du latin per-vertere), indique une étape du développement qu’il faut bien traverser (ce qu’indique le per) pour pouvoir la dépasser. La perversion proprement dite renvoie alors à cet état où le dépassement n’a pas eu lieu – parce que les pulsions partielles n’ont pas trouvé leur unité par la grâce de la loi, autrement dit du processus de limitation et de la reconnaissance de notre finitude fondamentale.
Alors, toutes les « erreurs » sont permises, et il est étonnant de constater comme la psyché se donne à elle-même cette limite par fixation sur un objet ou une manière de jouir qui a rétréci son champ. […]
Les vieilles mythologies nous offrent de multiples tableaux de la perversion
Cette perversion, il n’a pas fallu forcément attendre la psychanalyse classique, sinon pour l’expliquer, du moins pour la repérer et l’identifier. Les vieilles mythologies nous en offrent de multiples tableaux, qui nous permettent de comprendre comme les perversions, quelle que soit leur nature, ne dépendent pas seulement de l’histoire personnelle des sujets qui les vivent, mais peuvent relever aussi d’un modèle archétypal que, pour ma part, et me référant à de nombreuses déclarations de Jung, j’aurais tendance à appeler une structure (vide a priori de toute représentation) de l’inconscient le plus profond.
Approfondir et compléter les travaux de Freud
Il ne s’agit pas là de nier Freud, mais de l’approfondir, et, éventuellement, de le compléter en faisant appel à toutes les sources de lumière dont nous pouvons disposer.
C’est à ce travail – et non sans succès – que s’est attelé Michel Cautaerts. Soyons-lui reconnaissants du nouvel éclairage qu’il instaure de la sorte, et de la dialectique qui s’y déploie entre les leçons de Freud et celles de Jung.
Pour aborder un tel sujet, on prend toujours un risque : celui de se brûler à son étude. Risque assumé, et largement surmonté, nous semble-t-il, parce que, précisément, c’est à une traversée de la perversion que nous sommes ici appelés. »
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Michel Cautaerts
Médecin psychiatre et psychanalyste jungien, ancien président de la Société Belge de Psychologie Analytique, Michel Cautaerts est un chercheur, clinicien et conférencier. Sa riche expérience s’étend sur plus de 40 ans. Il est l’auteur de deux ouvrages :
- « Je tu(e) il ». Manipulations et perversions: le sens du mal.
Lire un extrait de la préface rédigée par Michel Cazenave. - Couples des dieux, couples des hommes. De la mythologie à la psychanalyse du quotidien.