L’intelligence artificielle (IA) s’immisce lentement mais sûrement dans nos vies. En concurrence directe avec l’intelligence dite naturelle, elle suscite de nombreuses interrogations. Comment sera-t-elle perçue par notre psyché et quels seront les impacts sur nos vies ?
L’intelligence artificielle montre son vrai visage
Fin 2022, avec l’arrivée du prototype d’agent conversationnel ChatGPT, un cap a été franchi. L’intelligence artificielle (IA) montre son vrai visage et donne une idée des développements à venir. Sous-jacente aux réponses fournies par les moteurs de recherche, rythmant nos échanges au sein des réseaux sociaux et présente dans un grand nombre d’applications, l’IA donne dès aujourd’hui un premier aperçu de l’importance croissante qu’elle prend dans nos vies.
De nombreux acteurs et autorités publiques perçoivent les bouleversements que l’utilisation de ces systèmes va entraîner et se mobilisent pour encadrer leur utilisation et légiférer. L’évolution de l’IA est inéluctable et l’humain, une fois de plus, devra s’adapter et composer avec elle.
Depuis longtemps, nous acceptons que des « machines » nous transportent à grande vitesse et que de nombreux équipements facilitent notre quotidien, et nous ne souhaitons pas revenir en arrière. Aujourd’hui, nous sommes confrontés à d’immenses réseaux d’ordinateurs capables de créer des images, des textes ou des vidéos. Ils imitent la réalité et concurrencent directement les multiples tâches réalisées par des humains. Ces tâches sont chronophages et nécessitent de longs apprentissages. Peu à peu, le monde virtuel prend le dessus sur le monde réel.
Le transhumanisme
Ces évolutions s’inscrivent directement dans le courant connu sous le nom de transhumanisme qui est selon Wikipedia :
« Un mouvement culturel et intellectuel international prônant l’usage des sciences et des techniques afin d’améliorer la condition humaine notamment par l’augmentation des capacités physiques et mentales des êtres humains. »
Nous y sommes ! A ce stade il est prématuré de mesurer les nombreux impacts et bouleversements que l’IA va entraîner. Cependant, il est important de garder les yeux ouverts face à cette réalité menaçante où la créature, qui a échappé depuis longtemps à son créateur, bouleverse la chaîne du vivant et risque fort de la mettre en péril.
Les laboratoires de recherche, à l’origine de ces découvertes et de leurs applications, sont dirigés par des personnes aux ego surdimensionnés, largement inconscientes car soumises à la toute-puissance des archétypes. Elles sont accompagnées d’une armée de chercheurs tout aussi inconscients, bénéficiant de sommes considérables pour mener à bien leurs travaux.
Les couches les plus profondes de la psyché sont inaccessibles
Les chercheurs essaient de copier la nature et en particulier le fonctionnement de la psyché. Ils se focalisent autour des processus les plus évidents, visibles et proches de la conscience, qui sont l’objet des neurosciences. Une grande majorité d’entre eux ignorent que les couches les plus éloignées, sous-jacentes à la conscience, restent inaccessibles et continuent d’agir dans l’ombre de nos existences éphémères.
Comme toute découverte, l’IA a des aspects positifs et négatifs. Ses promoteurs soulignent à l’envi les bienfaits pour l’humanité de cette évolution. Cette tension entre deux mondes est perceptible, les opposés se renforcent, avec les risques inhérents d’explosions ou d’implosions. Dans tous les domaines les tensions sont exacerbées et la nature « se rebiffe » entrainant des conséquences qui mettent en danger l’humanité.
Une évolution qui avance masquée
Cette rapide évolution avance masquée, sous couvert des meilleures intentions. Embusquée dans nos téléphones, nos assistants et de nombreux services automatisés, elle est quasi invisible. Même si nous fuyons ce type d’équipement, elle nous poursuit par le biais des matériels qui nous entourent et qui nous écoutent, prêts à intervenir à la moindre sollicitation.
Au Japon et dans d’autres pays les robots sont progressivement introduits dans les maisons de retraite et sont devenus familiers de leurs résidents. Les actualités regorgent de situations où la personne s’attache à ces équipements, les percevant comme des proches. Ces substituts sont capables d’empathie, ne s’énervent jamais et sont toujours disponibles, contrairement aux humains. Ils peuvent également s’avérer têtus et intransigeants car ils sont programmés pour nous servir ou nous asservir.
Plus personne ne contrôle la situation
Les nouveaux algorithmes dits « apprenants » sont largement autonomes et dépendent de la base d’apprentissage qui leur a été fournie. Ils ne cessent d’évoluer, de s’auto-enseigner et d’acquérir de nouvelles compétences, ce qui engendre des propriétés émergentes. De là en découlent des productions hybrides où se mélangent le vrai et le faux.
Les algorithmes sous-jacents à ces programmes d’IA interagissent entre eux. Leurs concepteurs, contraints d’abandonner leur poste sous le coup de vagues de licenciements à effet immédiat, ou quittant volontairement leur emploi, abandonnent leur création. De fait, plus personne ne contrôle la situation.
Comment la psyché réagira-t-elle face à l’IA ?
Il est prématuré de répondre à cette question. Probablement que les impacts seront nombreux et transformeront durablement la relation de l’humain à son environnement. En réponse, c’est la psyché elle-même qui au fil du temps, à partir de nos rêves, nos imaginations, réagira et se positionnera.
Elle le fait depuis la nuit des temps et les jungiens peuvent en témoigner. Il suffit d’observer la capacité du psychisme à produire du sens, à nous fournir les éléments nécessaires pour contrebalancer une situation devenue unilatérale et/ou sclérosée. Telle une boussole, la psyché nous accompagne et propose d’agrandir le champ de notre conscience.
Là où l’IA nous amène des éléments extérieurs avec l’immédiateté qui la caractérise, le psychisme puise dans nos ressources intérieures multi-séculaires et prend le temps pour allié.
Observer les trajets de vie des humains sur une longue période, en particulier lorsqu’ils sont à l’écoute de leur monde intérieur, montre à l’évidence qu’aucune IA ne pourra rivaliser avec la puissance de la psyché !
Ne soyons pas pessimistes, bien utilisée, l’IA pourra nous être utile dans de nombreux domaines.
Note : l’illustration ci-dessus a été générée par une IA. Elle représente une tour au pied d’une colline avec un lac au premier plan, à partir des mots-clés fournis.
Mai 2023
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Jean-Pierre Robert
Jean-Pierre Robert, fondateur du présent site, assure la mise en ligne des contenus. Il est le rédacteur de plusieurs articles, présentation d’ouvrages, entretiens et assure la mise en page du site.
Il a coanimé des séminaires de formation en binôme avec Chantal Armouet de 2017 à 2023.
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