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Bernard Long

Bernard Long, médecin homéopathe, publie plusieurs textes sur l’homéopathie et les symboles.

 

Ses recherches s’appuient également sur les travaux de C.G. Jung.

Le Mercure

A – Figure 1 du Rosarium Philosophorum

La première figure du Rosarium représente la fontaine mercurielle (1).

fontaine mercurielle © gallica.bnf.fr / BnF Rosarium philosophorum Francfort 1550. Reprise dans Psychologie et alchimie (p. 96) et Le Rosaire des philosophes (p. 30)

On voit que la fontaine, soutenue par des pattes de lion, a trois robinets. Sur l’inscription est écrit : « Un est le Mercure minéral, le Mercure végétal(2) et le Mercure animal(3) ». Les eaux mercurielles sont désignes par trois noms : « lait de vierge », « vinaigre de la fontaine » et « eau de vie ».  On voit  les 5 grosses étoiles et sur le bord de la fontaine, 6 étoiles petites qui représentent avec le mercure les 7 métaux. 2 colonnes de fumée, 2 colonnes (d’Hiram) qui montrent le chemin ascensionnel de l’alchimiste.

La fontaine pourrait illustrer le jaillissement de l’inconscient dans la sphère du conscient.

B – Esprit MERCURE – le MERCURE philosophique

Jung signale un conte de Grimm(4), « l’Esprit dans la bouteille »(5), où un esprit(6), le Mercure tout-puissant est enfermé dans une bouteille, au pied d’un chêne(7). Bien évidemment, le Mercure tout-puissant ne correspond pas au mercure métallique ordinaire, mais il en est une expression ; il contient son essence et peut représenter une image symbolique objectivée de son archétype. Le mercure (outre le sens particulier qu’il peut avoir en alchimie opérative) représente manifestement la projection de l’inconscient(8). Hermès a des ailes, il est un dieu aérien, c’est un esprit, une énergie subtile, psychique et éthérée. Mercure pénètre, s’allie aux autres métaux. Mercure est mobile, liquide, voire volatile, « sublimable », air, gaz, esprit ou âme. Le caractère liquide de Mercure en fait un dissolvant, une sorte de Barchusen-planche 6Barchusen-planche 7déluge fluide porteur d’inconscient. C’est le sens des planches 6 et 7 de Barchusen où l’on voit la montée des eaux diluviennes.

 « L’Esprit Mercure » désigne l’inconscient(9). La bouteille est close « hermétiquement »(10). Jung remarque que l’esprit est enfermé dans le verre transparent d’une bouteille(11). En fait il est « figé » comme l’eau prise en glace. L’esprit est libre fondamentalement, mais le soi se fige dans une conscience limitée par ses sens et ses névroses. Il ne demande qu’à se libérer, au-delà des apparences, au-delà des contraintes de la conscience du moi, qui s’accroche à son image momentanément prise en glace. Pour se faire, il a besoin, dans le conte de Grimm, de l’intervention du jeune homme et de son discernement courageux.

Dans le conte, on voit à quel point la libération brutale de Mercure peut être dangereuse : « Je dois rompre le cou à celui qui me libère». Effectivement, la libération imprudente du mercure, du contenu inconscient du soi peut être fatale et déclencher un désordre de type psychotique ou somatiquement incontrôlable. Le jeune homme doit faire preuve de ruse et refermer le flacon. S’il libère de nouveau le mercure, à certaines conditions,  l’issue est positive, voire même lucrative, porteuse d’énergie. Mercurius est la pulsion, mais aussi l’intelligence. On peut également comparer Mercure à Merlin(12), cet être des bois, magicien, qui commande à la nature, mi humain par sa mère, mi démon par son père.  Il est aussi le « bateleur » du tarot(13). Il est représenté par un jeune homme, coiffé d’un chapeau en forme de huit couché, symbole d’infini. Il est souriant, un jouvenceau aux cheveux blonds et bouclés, devant une table dont on ne voit que trois pieds, sur laquelle sont posés une coupe d’argent, un glaive d’acier et un denier, sicle d’or. Il tient un bateau dans la main gauche. Il est l’aleph, début et fin de toutes choses. Il est la cause première, l’intelligence, la spontanéité, l’adresse, la diplomatie, mais aussi de façon négative, l’esprit hâbleur, rusé, mercantile, agité, menteur et sans scrupules.

Mercure est le mouvement du νους créé et incréé, le serpent qui se mord la queue, qui se projette grossièrement dans le mercure métallique ordinaire. Mercure est un être protéiforme, changeant et trompeur. Il passe pour double(14). On voit sur la première figure du Rosarium les deux dragons, serpents, au faîte de l’image. Il est hermaphrodite, féminin et masculin. Il est époux et épouse, vieillard et enfant, terrestre et divin.(15) Mais il est aussi Un, trinité, l’alpha et l’omega.(16) Il est aussi la double figure qui paraît se tenir derrière. On dit de Mercure : «  la mère l’a mis au monde, et elle est elle même engendré par lui ». Il est l’Ouroboros, celui qui « engrosse, engendre, met au monde, se dévore et se tue lui-même ».(17) Autant dire l’aspect œdipien de sa problématique. Mercure est à la fois la prima materia et l’ultima materia, c’est-à-dire, le chaos originel, le début, le milieu et la fin de l’œuvre(18).

Mercure possède 2 principes : le masculin et le féminin (le soleil et la lune  et les 2 serpents du haut).

Mercure oscille entre deux pôles : permanence-impermanence, interdépendance-indépendance. Il hésite entre la vacuité et la solidification, entre mobilité et saisie. Il est :

  • principe vital
  • principe d’individuation
  • l’esprit enfermé dans la fontaine, comme l’esprit enfermé dans une bouteille(19).

Pour résumer (selon Jung(20), Mercure :

  • se compose de toutes les contradictions imaginables. Il est duel.
  • est physique et spirituel
  • est un processus de transformation de physique à spirituel et inversement
  • est le diable, un sauveur
  • est le reflet d’une expérience mystique de l’opérateur alchimiste
  • est le soi et le processus d’individuation, l’inconscient collectif.

C – le MERCURE métallique

Le Mercure est un métal liquide à la température ordinaire. Sa densité est de : 13,56 et son poids atomique : 200,6. Il fut employé depuis le 10° siècle en onguent contre les maladies de la peau et les affections parasitaires, depuis le 15° siècle sous forme de composés mercuriels pour traiter le mal de Naples (syphilis).

Le mercure, hydrargyrum est l’argent liquide (ύδορ  et αργορος).

L’Argent-vif, qui selon l’usage des Anciens s’appelle autrement Mercure, est une Eau visqueuse, faite d’une Terre blanche sulfureuse, très subtile, et d’une Eau très claire, lesquelles ont été cuites et digérées dans les entrailles de la Terre par la chaleur naturelle des Mines, et mêlées et unies fort exactement par leurs moindres parties, jusqu’à ce que l’Humidité ait été également tempérée par le Sec, et le Sec par l’Humide. C’est pourquoi il coule fort aisément sur une superficie égale et unie, à cause de la fluidité et de l’humidité de son Eau : et il ne s’attache point à ce qu’il touche, encore que sa matière soit visqueuse et gluante ; parce que la sécheresse qui est renfermée dans lui tempère cette humidité et l’empêche de s’attacher à ce qu’il touche.(21)

Il est rapide (quicksilver), vif (argentum vivum), pénètre et s’amalgame.

Le mercure fut le traitement héroïque de la syphilis, cette maladie vénérienne, qui envahit promptement la circulation sanguine. La syphilis est une maladie sexuellement transmissible, qui partout s’insinue et envahit le sujet en principe à partir des organes de la génération. Elle est extrêmement mobile, ubiquitaire, capable de s’amalgamer de façon pernicieuse à l’organisme tout entier.

D – le MERCURE homéopathique – MERCURIUS SOLUBILIS

1-Description

HAHNEMANN, avant sa découverte de l’homéopathie, lors de ses travaux chimiques dans l’officine de son beau-père pharmacien, a cherché une forme mercurielle plus apte à se dissoudre dans l’estomac, plus facilement assimilable et donc plus énergétique et plus douce. En 1788, il décrit la préparation du mercure soluble (mercurius solubilis Hahnemanni ou mercurius oxydalatus niger)(22).

Mercure est décrit dans le Traité de matière médicale  de Hahnemann. Les symptômes qui sont décrits sont ceux qui ont été produits par l’emploi du mercure soluble noir. Il faut ajouter pour les descriptions ultérieures à Hahnemann les signes dus à l’emploi du mercure métal, le mercurius vivus.

Mercurius est un remède anti-syphilitique (appelé « luétique » en homéopathie). Il est utile en pratique dans de nombreuses affections : abcès, angine, aphtes, diarrhée, douleurs articulaires, éruptions cutanées, fièvre, gingivite, atteintes hépatiques, leucorrhée, maladies de l’œil, de l’oreille, toux, cystites, infections rénales, zona, oreillons etc..

2-MERCURIUS – son sens

Mandala(23) de mercurius basé sur la synchronicité entre le psychisme et le physique(24).

Cette étude se retrouve  dans l’ouvrage : L’enfant, la mère et l’homéopathie.(25)

Mandala Mercurius

au centre : Mercurius n’a pas de limites…

L’Esprit Mercure représente pour Jung une sorte de génie, comparable à celui qui se trouve enfermé dans une bouteille comme on le trouve dans les contes. Ce génie ne demande qu’à être libéré comme le mercure alchimique. Il est un processus expansif, un principe volatil qui va permettre l’épanouissement du sujet. Ce principe mercuriel est physique et spirituel, il est le moteur de la transformation d’un stade inférieur à un stade supérieur, il spiritualise. Il représente le processus qui va permettre à l’être qui possède enfoui en soi tout son potentiel évolutif, de cheminer vers son histoire, il est le « principe d’individuation »(26).

Mercurius désire la relation pure et sans limite, car rien ne peut lui donner forme ni le contenir, comme le vif argent. Lorsque l’on prend du mercure dans la main, on voit que rien ne peut l’arrêter. Il file, roule et court sur le sol, il amalgame les métaux. Il est insaisissable.  Il pénètre et s’immisce sans que rien ne l’arrête. Il ne connaît de limites ni vis à vis de la maladie et de la mort, ni des hommes, ni des lois, ni des dieux, ni de l’argent, de l’amour et de la parole. Pour pallier cet état, Mercure va inventer, imposer les outils nécessaires aux relations : la médecine, les sciences pour contourner la mort et la limite humaine, la loi en devenant lui même la limite, l’argent, le commerce, la parole libératrice, la poésie, l’amour d’égal à égal. S’il n’y arrive pas il se révoltera, volera l’argent, renoncera à la parole, renversera les rois et les dieux, refusera l’amour, tuera. Il aura la tentation de devenir une sorte d’homme nietzschéen. Dans toutes ses relations, quelles soient sociales, environnementales, artistiques, amoureuses, verbales, il ne supporte aucune contrainte. S’il n’y arrive pas il deviendra un tyran, un bandit et un révolutionnaire.

Mercurius en errance…

Le mercure est insaisissable. On connaît cette caractéristique du métal. Il est mobile et s’amalgame aux autres métaux. Il est le principe volatil par excellence. Mercurius ne trouve le repos nulle part. Il a une pulsion irrésistible à voyager au loin. Il veut s’échapper, il fugue. Il marche de long en large, il est agité, l’inquiétude le pousse et le presse. Rimbaud, « l’homme aux semelles de vent »  (comme Hermès), fut aussi un principe volatil, au delà de toutes les limites, de toutes les attentes, de tous les génies. Lui, comme le poète Rimbaud, qui n’avait pas connu la loi du père, qui n’avait connu que la loi arbitraire de la «veuve Rimbaud », semble bien incarner la nature profonde de mercurius.

Comme je descendais des Fleuves impassibles,

Je ne me sentis plus guidé par les haleurs;

Libre, fumant, monté de brumes  violettes,

Moi qui trouais le ciel rougeoyant comme un mur

Qui porte, confiture exquise aux bons poètes,

Des lichens de soleil et des morves d’azur;

Le bateau ivre

Chez mercurius, les limites du corps ne sont pas déterminées. La peau de mercurius est perméable. Sa transpiration est abondante et n’apporte aucun soulagement ; elle est surtout nocturne, fétide, profuse et huileuse ; elle tache le linge en jaune. La peau démange la nuit, avec une aggravation à la chaleur du lit. Elle est le lieu d’éruptions diverses, d’abcès profonds qui saignent, brûlants, indurés sur les bords, purulents, gonflés. Les ganglions gonflent, dans toutes les aires ganglionnaires (scrofules) dès qu’il prend froid, par temps humide. Il a de grosses amygdales ulcérées, couvertes de fausses membranes, suppurantes et les glandes salivaires enflammées, avec une salivation visqueuse et profuse. C’est un remède d’abcès, de suppuration, avec une  atteinte générale du tissu lymphatique et des défenses immunitaires. Son pus est épais, jaune verdâtre et fétide. Les limites sont également dépassées au niveau intestinal, avec des débâcles diarrhéiques, de la dysenterie, des selles sanglantes, visqueuses, verdâtres.

Mercurius est anxieux et change de place de façon agitée… Son agitation persiste toute la nuit ;  elle débute le soir et dure jusqu’au matin. Il tremble, avec une grande frayeur à la moindre surprise, tremble de tout son corps, est comme paralysé, secoué par les frissons, avec une faiblesse des genoux.

Décompensé, le sujet mercurius devient ralenti, s’immobilise. Il garde le silence et reste au lit.

Mercurius n’a pas de lois…

Mercurius semble avoir été mal aimé. Il n’a pas été guidé et souvent semble avoir manqué d’amour, il a la sensation d’avoir été abandonné. Il a certainement eu de l’amour, mais pas l’amour juste et rassurant qui aurait pu l’aider à évoluer calmement et harmonieusement. Il n’a pas bénéficié d’une autorité capable de le guider que ce fût de la part d’un père ou d’un substitut paternel. Il est à la recherche de cette autorité quitte à la provoquer de mille façons, au risque de la délinquance. On se trouve alors devant le génie de la bouteille prêt à exploser hors de son flacon, tellement il y  est à l’étroit et qu’il s’y sent limité. Nous somme devant un tableau proche de la dangereuse libération du mercure alchimique. C’est le cas d’un grand nombre d’enfants qui ont manqué d’amour de la part du milieu familial, qui sont nés dans un milieu difficile, défavorisé, violent ou problématique. Cet état peut survenir à la suite de discorde entre parents, d’orphelinat, de manque de normes. Cette absence d’amour, de repères conduit à un manque d’estime de soi, à un manque garde-fous, avec une tendance à l’échec et une propension à agir de façon désordonnée, toujours au bord du défit vis-à-vis de soi-même et de l’autre.

Mercurius ne supporte pas l’interdit. Un symptôme du remède interpelle : « Il disait des inepties : regarde, voici que tu écrases une mouche dans ta main, alors que tu me l’as interdit (ce qui n’était pas vrai)». Mercurius ne supporte pas l’interdiction, la contrainte des hommes, car il ne peut la comprendre tant elle semble arbitraire. Il ne connaît pas la loi du père et va inconsciemment chercher une issue comme une mouche folle dans un bocal, folle de se heurter à des murs qu’elle ne voit ni ne peut comprendre, folle d’être limitée alors qu’elle ne voit aucune limite. « Quelle est cette loi qui m’interdit de tuer les mouches, alors que toi, tu les tues ! ».

Mercurius est irritable. Il est très mécontent de lui et de sa situation, il est susceptible et coléreux, querelleur avec tout le monde, veut partout avoir raison, cherche querelle. Il est bagarreur, prompt à la dispute. Il est de mauvaise humeur pendant toute la journée, mécontent de lui-même, il n’a nulle envie de parler ni de plaisanter. Il ne supporte aucune contradiction. La paranoïa le guette.

Contre son angoisse, il réagit d’abord de façon constructive, commerciale (Mercure est le dieu du commerce), puis de façon agressive et paranoïaque. S’il ne peut pas communiquer, il va prendre le pouvoir au milieu d’un peuple d’ennemis. Il va imposer sa loi puisqu’il ne peut recevoir la sympathie des autres ; il va forcer cette sympathie. C’est la révolte ! La révolte, la délinquance, la conduite borderline seront les modes d’expression du malaise mercurius. L’alcool, la drogue sont souvent présents. L’argent, la violence, les armes peuvent faire partie de la panoplie de mercurius. Il sera gangster ou dictateur.

Mercurius ne connaît pas la mesure…

Le mercure peut servir à marquer la température où le temps qu’il fait, dans les thermomètres et les baromètres. Il sert à mesure, mais comme le chocolat il est sensible au froid et au chaud. Le mercure est employé pour mesurer la température, et sa constitution est aussi changeante que lui et aussi sensible à la chaleur et au froid. Le malade est aggravé par les extrêmes de température, aggravé à la fois par la chaleur et par le froid. Les maux de mercurius, quand ils sont suffisamment aigus pour qu’il s’alite, sont plus mal à la chaleur du lit, au point qu’il est forcé de se découvrir ; mais après s’être découvert et s’être refroidi il est à nouveau plus mal. Mercurius est très sensible aussi à l’humidité froide.

Mais ce métal qui court si vive sur le sol et semble difficile à arrêter est également marqué par le temps qui passe, le temps horaire. C’est un remède de la précocité. C’est la substance qui va se fondre aux métaux, le métal de l’amalgame, celui qui fait corps avec l’autre, avec la nature. Effectivement, chez mercurius, la dentition, la marche, la parole sont précoces. Sa parole est rapide. Il est pressé, impulsif, agité. Pour lui le temps ne passe pas assez vite.

Mais lorsqu’il décompense il devient lent en répondant aux questions. Il devient nocturne et tout est aggravé la nuit : la fièvre, les douleurs dentaires, les douleurs osseuses, les exostoses sont douloureuses la nuit au lit, les douleurs tirent le malade hors du lit. La fièvre mercurielle était connue de ceux qui absorbaient des traitements mercuriels ; les sueurs sont profuses et les frissons très marqués. Ainsi la nuit est-elle l’antre infernale de mercurius qui y reste éveillé, y souffre et s’y tourmente.

C’est effectivement un tourmenté qui croit endurer les tourments de l’enfer, sans pouvoir s’en expliquer. Il peut aller jusqu’au suicide, avec une impulsion suicidaire en voyant des instruments tranchants avec peur d’une fenêtre ouverte ou d’un couteau. Il a peur de se blesser si on le laisse seul, peur de se suicider. C’est alors un être de nuit, un ange de la mort. Mercure, (l’Hermès des Grecs), messager de Jupiter et des dieux, porteur d’ailes aux épaules et aux talons, et d’un caducée, symbole de paix, dieu lui-même de l’éloquence, du commerce et du vol, était aussi chargé de conduire les âmes des morts aux enfers. Le voici en enfer…

Mercurius est volatil comme l’esprit…

Mercure, correspondait à Thot en Egypte. Il était lié à la lune et devint dieu du calcul, de la science et des lettres. Quand la lune croissait, c’est lui qui remplissait cet « œil de la nuit ». Il avait pour rôle d’être le Scribe-aux-doigts-habiles-de-l’Ennéade. Les Grecs, qui l’assimilaient à leur Hermès, l’ont appelé Trimégiste. Il était patron des scribes et des fonctionnaires lettrés qui lui dédièrent de belles prières. À Hermopolis Magna, a théologie, est riche. Il était à la fois créateur du monde et providence divine. On comprend ainsi le caractère de mercurius, son intelligence, sa facilité de parole, l’agilité de son esprit.  Hermès est le messager de la parole colportée, au delà des limites, au delà des frontières, au delà des airs. Il est le dieu de l’intelligence et de la communication. De ce fait tous les organes de la phonation sont atteints.

C’est bien dans la bouche que se trouve la caractéristique dominante de mercurius. La bouche représente la parole, la communication. Mercurius est un être de langage. Mais sa bouche peut être le siège de bien des désagréments : l’haleine est fétide (on peut la sentir dans la pièce), sa salivation est profuse, surtout nocturne, l’enfant bave sur les draps et sur les vêtements, sa langue est gonflée, humide et chargée (elle garde l’empreinte des dents). C’est un malade qui sent très mauvais. Nous parlons d’odeurs mercurielles. L’haleine en particulier est très fétide et on peut la détecter en entrant dans la chambre ; elle imprègne toute la pièce. La transpiration est nauséabonde ; elle a une odeur forte, sucrée, pénétrante. La mauvaise odeur se retrouve partout ; urine, selles et sueur nauséabondes. Mercurius peut présenter une pyorrhée, avec des gencives qui se rétractent et des dents même qui peuvent tomber. C’est un remède d’abcès dentaire, de dents qui se déchaussent, de caries.

La gorge également est atteinte, avec des amygdales rouge sombre, une angine rouge ou érythmato-pultacée, des douleurs aggravées en avalant, en buvant chaud. On peut aussi rencontrer une bronchite, une rhume qui descend sur la poitrine, une toux aggravée couché sur le coté droit, avec une expectoration purulente, jaune verdâtre. Toute la sphère ORL est touchée, le nez, les sinus, les oreilles. Les yeux ne sont pas épargnés. Les écoulements sont jaune vert, épais. Le larynx s’enflamme.

A l’envers du plan physique, le mental de mercurius lui correspond : l’intelligence de mercurius est vive, il est le vif argent. Il a une idéation, une imagination abondante. Ce bel instrument peut s’emballer et cette imagination devenir échevelée, incontrôlable. Elle se mêle à son angoisse. Il a peur des voleurs, peur de son ombre, peur de choses imaginaires, voit des fantômes, des images effrayantes. Il croit avoir perdu son entendement, croit mourir ; il voit, par exemple, de l’eau couler, là où ne coule aucune eau, par dérèglement de l’imagination.

Mercurius s’aggrave et il fait n’importe quoi. Il est stupide, fait des bouffonneries et des choses bêtes ; il se fait le soir (au plus chaud de l’été) du feu dans le poêle, dispose des épées en croix et allume des lumières dans un coin de la pièce, ailleurs des bottes, et tout cela avec le plus grand sérieux ; il est en même temps complètement indifférent à la chaleur et au froid, mais il a la tête obscurcie et lourde. Il devient dément, se découvre la nuit, arrache de la paille et jure en même temps, fait des bonds en l’air (comme quelqu’un d’espiègle et de turbulent) dehors et aussi dans la pièce, parle et dit beaucoup d’injures, ne reconnaît pas ses plus proches parents, étale avec les pieds sa salive crachée abondamment et la ramasse et en la lèche une partie, lèche aussi de la bouse de vache et de la vase, met souvent de petits cailloux dans sa bouche, sans les avaler et se plaint que çà lui lacère les intestins, ne fait jamais de mal à personne, mais se défend vigoureusement d’être touché, n’obéit à aucun ordre, ne s’installe pas pour manger, prend la plupart du temps repas et boisson de façon anarchique. Il devient violent et profère des injures.

Enfin mercurius commence à s’éteindre et son bel allant, sa mobilité se fige. Il devient sérieux, indifférent. Il devient lent, vide de pensées. L’inflammation le guette et ses mouvements sont empêchés. Il souffre, n’a plus le désir de vivre, préférerait la mort et disparaît.

 

Important : il est possible que l’un des remèdes décrits sur ce site vous convienne, mais on ne peut l’affirmer sans un interrogatoire et un examen sérieux effectués par un médecin homéopathe. Le site est fait pour faire connaître l’homéopathie, en aucun cas il ne peut se substituer à un thérapeute. Le docteur Bernard Long n’assure plus de consultations.

Adresser un message à Bernard Long (Il ne doit pas concerner une consultation à caractère médical).

Ouvrages

Symboles et archétypes en homéopathie, reprend un certain nombre d’articles publiés sur ce site et les complète. 

Le Répertoire homéopathique des maladies aiguës complète utilement cet ouvrage.

Articles de Bernard Long

Notes

(1) – Jung CG. Psychologie du transfert. Paris : Albin Michel ; 1996.

(2) – Vegetabilis mercurius : nom du Brandwein, de l’alcool. In Johann Heinrich Zedlers, Grosses vollstaändiges Universal-Lexicon aller Wissenschafften und Künste – 1731-1754. Spiritus vini.

(3) – Le texte du Rosarium dit :

Car notre pierre est de nature animale, végétale et minérale.

Notre pierre provient des quatre éléments.

Cette pierre paraît chétive

On la trouve à peu de prix…

(4) – Jung CG. Essais sur la symbolique de l’esprit. Paris : Albin Michel ; 1991. p.  17.

(5) – Un bucheron avait un fils unique et voulait lui faire faire des études. L’argent fut vite dépensé et le fils dut aider son père. Passant au pied d’un vieux chêne, le jeune homme entendit une voix qui criait : «  Fais-moi sortir… ! ». il trouva une bouteille fermée d’où provenait la voix. Il ôta le bouchon et un esprit surgit : « Je suis le Mercure et je vais te casser la tête ! ». le jeune homme répondit qu’il fallait encore prouver qu’il avait été dans la bouteille, ce que fit l’esprit. Aussitôt il referma le flacon. L’esprit Mercure supplia et promit une récompense s’il pouvait sortit. Il sortit et donna un chiffon magique au jeun homme, qui transformait ce qu’il frottait en argent et qui avait le pouvoir de guérir…

Voir aussi dans « Les 1001 nuits » : un pêcheur trouve une bouteille dans la mer l’ouvre, un génie en sort et apprend au pêcheur qu’il a promis de tuer celui qui ouvrirait la bouteille pour le libérer.

Voir aussi Aladin et la lampe merveilleuse

(6) – correspondant au noûs cosmique des anciens philosophes.

(7) – A propos du chêne, on pense immédiatement au kermès minéral, cher aux alchimistes. Les arbres sont les contenus  vivants de l’inconscient. Cet esprit dans la bouteille correspond à l’esprit dans la fontaine, la fontaine mercurielle, le chêne royal.

(8) – Jung CG. Essais sur la symbolique de l’esprit. p.  36.

(9) – Jung CG. Essais sur la symbolique de l’esprit.

(10) – Ibid. p. 22.

(11) – Ibid. p. 22 : la bouteille est un produit créé par l’homme et signifie, le caractère intellectuel, délibéré et artificiel de la procédure, laquelle vise manifestement à isoler l’esprit de son milieu ambiant.

(12) – Jung E. La légende du Graal.Paris : albin Michel ; 1992.

(13) – Wirth O. Paris : Tchou ; 1966.

(14) – Jung CG. Essais sur la symbolique de l’esprit. p.  41.

(15) – ibid. p.  42-43.

(16) – ibid. p.  44.

(17) – ibid. p.  46.

(18) – ibid. p.  54.

(19) – ibid. p. 17.

(20) – ibid.. p.  56.

(21) La somme de Geber I. Bibliothèque des Philosophes Chimiques Paris : Beya ; 2003. tome 1, p. 170.

(22) Hartmann A. Pharmacopée homéopathique. Paris : Baillière ; 1934.

(23) Les descriptions de remèdes homéopathiques comportent des signes psychiques, généraux et physiques qui peuvent être agencés sous forme de mandala. Je nomme ce schéma homéographe. (cf article sur le mandala).

(24) Long B. L’enfant, la mère et l’homéopathie. Montpellier : Indigène Editions ; 2010.

(25) Ibidem.

(26) Jung – Essais sur la symbolique de l’esprit. p. 20.




Bernard Long

Bernard Long, médecin homéopathe, publie plusieurs textes sur l’homéopathie et les symboles.

Ses recherches s’appuient également sur les travaux de C.G. Jung.

Il est l’auteur de nombreux ouvrages.

Bernard Long

Médecin homéopathe, j’ai entrevu des ponts très évidents entre le monde jungien et l’homéopathie.
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