Que devient l’âme dans un monde qui l’ignore ? Pierre Willequet nous entraîne dans une réflexion profonde sur l’écoute, le lien entre psyché et corps, et la quête d’une intériorité souvent négligée. À travers une approche à la fois philosophique et clinique, il nous rappelle que l’âme, tapie dans les replis de l’être, attend d’être réentendue.
Quelques extraits
Ces mots d’introduction de Pierre Willequet situent le contexte de son ouvrage :
« Nous sommes aujourd’hui témoins d’un phénomène sidérant, tout autant qu’indéniable : la fin d’un cycle civilisationnel, marqué par ce que d’aucuns qualifient comme agonie de la Chrétienté, accompagné d’une série d’événements connexes menaçant — entend-on dire — toute possibilité de survie en ce bas monde.
Ce qui s’impose avec force, aussi bien au niveau global qu’au cœur des innombrables collectivités émaillant nos territoires, c’est une forme de négation de l’ancien au profit d’un éventuel renouveau dont personne ne prétend pouvoir cerner les contours. » p 9
Cette observation de l’auteur met en lumière l’importance de l’écoute :
« En écoutant quelqu’un, je perçois également la tonalité de sa voix, ses inflexions et hésitations ; je capte — au-delà de cette action et de sa focalisation sur le signifié — une masse impressionnante de signes qui généralement ne trompent pas. Qui plus est, le regard porté sur mon interlocuteur m’informe également bien au-delà de ce qui est énoncé et ces informations, entrelacées aux précédentes, commencent à former un agrégat qu’il n’est pas erroné de qualifier de synthétique. » p 166
Ce passage illustre combien les découvertes scientifiques récentes remettent en question une vision dualiste de l’être humain :
« S’il est au monde et par définition un système complexe, c’est bien celui qui se dévoile lorsqu’on se penche sur l’être humain, compris en tant que mixte psychophysique, et non pas uniquement psychique. En effet, il est désormais infondé de considérer les fonctionnements mentaux comme séparés de leur socle somatique dont on a peine à entrevoir l’incroyable intelligence et organisation, notamment à travers maintes découvertes faites par la biologie, la physique ou la médecine au cours des décennies passées. » p 202
Selon l’auteur, l’âme héritée des traditions anciennes apparaît comme un lien entre le divin et l’humain, aspirant à retrouver sa source première :
« L’âme s’intéresse au monde archétypal parce qu’elle en procède immanquablement. De la même manière que le daimôn avait, aux yeux des Anciens, pour origine un double arrimage aux dieux et à la créature, l’âme semble capable ou, en tout cas, a pour aspiration le fait d’appréhender l’ineffable et l’indicible dont, pour une part, elle provient également. » p 249
L’ouvrage de Pierre Willequet s’achève sur cette mise en garde :
« Si le thérapeute d’aujourd’hui se détourne de l’âme, de son insondable profondeur et de sa sauvagerie, de son animalité et de sa fureur, si, en d’autres termes, il induit et se rend complice de son effacement, mieux vaut qu’il se tourne vers d’autres horizons. Sa mission, âpre, souvent humiliante, le projette sans cesse dans une impuissance sans fond. » 294
Présentation de l’éditeur
Héraclite déclare, dans un de ses plus beaux fragments (no 45) :
« Tu ne trouveras pas les limites de l’âme, même parcourant toutes les routes, tant elle tient un discours profond. »
Profond, en effet. Et parfois vertigineux. Toutefois, les écoles psychothérapeutiques en vogue n’en tiennent pas, ou peu, compte. Et pour cause : loin des vociférations pulsionnelles ou des aboiements égotiques, elle est difficile à décrire, ou même à atteindre. Tapie dans les replis de l’être, dans le del de la tradition persane – le ventre, la maison de l’âme – elle se tait. Et attend. Attend que silence se fasse et que l’on se tourne, enfin, vers elle. Vers la profondeur. L’intériorité.
Notre belle modernité n’a souvent que faire de ses murmures et de leur incomparable perspicacité. Elle s’en détourne, les jugeant encombrants. Certains s’y confrontent toutefois, comme le firent maints auteurs depuis la nuit des temps. Jung est de ceux-là et d’autres à sa suite. C’est dans cette suite que s’inscrit le présent ouvrage.
Un retour à l’âme ; à son intelligence ; à sa faculté de récolter et de laisser macérer en soi les ingrédients spirituels et psychiques les plus provocateurs. Pour, ensuite, les faire émerger sous une forme nouvelle. Rêves et visions en proviennent, comme autant d’indices qu’il est utile de considérer.
Éditeur : Terre Noire – 2024 – Collection Transmutation – 312 pages – ISBN 9782487519077 – 15 x 22 x 1,9 cm
Pierre Willequet
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Docteur en Psychologie et diplômé de l’Institut C.G. Jung de Zurich, auteur de nombreux ouvrages, il exerce en France près de Genève. Il participe au programme de formation des analystes proposé par L’antenne romande de l’Institut Jung de Zurich.
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