Julie Gille éclaire les zones d’ombre d’un monde structuré par la domination patriarcale, où les violences, les injonctions et les conditionnements façonnent nos existences. Son analyse émaillée de références contemporaines (podcasts, romans, films, séries…) et illustrée, parfois avec humour, s’articule également autour de récits mythologiques, d’histoires poétiques et de témoignages cliniques.
Julie Gille a choisi l’écriture inclusive pour dévoiler les mécanismes insidieux qui perpétuent ces rapports de pouvoir, mais ouvre aussi la voie à une réconciliation avec soi, avec le vivant et avec l’Ombre.
Quelques extraits
Ces extraits donnent le ton de l’ouvrage. Dès le début, Julie Gille ancre son propos dans l’urgence et la nécessité de faire lumière sur les violences occultées :
« Faisant de cette période un moment crucial pour notre société, les langues se délient sur les violences conjugales et les abus. #MeToo, la parole libérée de d’Adèle Haenel et de tant d’autres victimes, la condamnation d’Harvey Weinstein, etc. Les secrets tapis dans l’ombre resurgissent et éclaboussent ceux qui dormaient paisiblement dessus, engraissés de pouvoir. » p 13
Ces secrets dévoilés, selon l’auteure, ne sont que la pointe émergée d’un iceberg plus vaste :
« L’humanité évolue et progresse sous le regard du Père qui la dresse dans une verticalité au monde. Même l’invisible devient terre conquise du Père qui monte au ciel. En un mot, plus de pouvoir pour contrer celui de l’ancienne Mère qui les a vus naître et les verra mourir, et pour l’enfermer dans les terres profondes oubliées. Toujours dans cette réminiscence sourde d’une terre menaçante, la contrer c’est aussi mater, museler, exploiter et dominer ses avatars et ses familiers qui l’ont représentée si longtemps en terrifiant les hommes : les femmes et leur puissance créatrice, le vivant, le sensible, l’invisible. » p 60.
Selon Julie Gille le système patriarcal façonne aussi les désirs, les normes et les injonctions, au point de rendre la soumission séduisante, presque naturelle :
« Désirer être désirée, c’est ce que les femmes apprennent depuis des lustres pour survivre, au point que même aujourd’hui que leur existence ne dépende plus des hommes (en Occident), le conditionnement reste toujours très actif. Le patriarcat, puis le marketing ont largement exploité cette faille, hypersexualisant le corps des femmes, que ce soit pour vendre des yaourts ou des voitures. » p 112.
Un enjeu plus vaste : notre capacité à nous sentir pleinement vivants et connectés au monde :
« Imaginez une société d’individus qui travailleraient majoritairement à redevenir vibrants et pulsants. Nous traiterions nous de la même manière ? Traiterions-nous la Terre et le Vivant comme nous le faisons aujourd’hui ? Si je tranche l’onde vitale en moi, je la tranche ailleurs aussi. » p 227.
Après avoir exploré les ombres et les conditionnements, Julie Gille conclut sur une note d’espoir :
« Que les paroles sortent de l’ombre et éclairent nos regards d’un jour nouveau. Puissions-nous regarder l’Ombre depuis la lumière du cœur, et l’aimer. Profondément. Devenons ainsi porteur.se de lumière. Redevenons vivants. » p 286
Présentation de l’éditeur
Succubes, tentatrices, mangeuses d’homme, castratrices, ogresses, sorcières, mégères, etc., nombreuses sont les insultes faites aux femmes. Ce sont autant d’images peu flatteuses qui leur collent à la peau depuis des siècles, jusqu’à les suivre comme leur ombre dans chacun de leur pas du quotidien.
C’est toute une légende implicite, tout un folklore qui flotte dans l’air à chaque fois que ces mots sont lancés sur la tête des femmes ! Mais que se cache derrière ces personnages obscurs qui peuplent leur ombre ? Quelles sont leurs histoires des soi-disant, Castratrice, Séductrice, Mère Terrible, Dévorante et Sorcière ?
Venez découvrir derrière ces images archétypiques, quelles sont les blessures individuelles et collectives, et les constructions sociales qui ont soutenu ces représentations, aux dépens de l’empuissancement des femmes et au détriment de l’intégration des qualités féminines dans notre société.
Libérer les paroles de l’Ombre est une invitation à ne plus craindre ces images « épouvantail » pour quérir le cadeau qu’elles gardent et dont l’humanité est privée, coupée d’une partie d’elle même. Ainsi, passons ensemble de l’ombre à lumière…
Éditeur : Terre Noire – 2024 – Collection Transmutation – Préface de Delphine Lhuillier et postface de Jean Gagliardi – 302 pages – ISBN 97822487519022 – 15 x 22 x 1,9 cm
Julie Gille
Psychologue transpersonnelle, formée en psychologie sociale et inspirée par la psychologie des profondeurs, Julie Gille explore les interstices entre l’individuel et le collectif, le visible et l’invisible.