Cheminement
Frôler les abîmes,
exploser le couvercle de l’ombre,
aller dans la profondeur brute où s’agitent d’improbables assemblages,
ouvrir le vase hermétique du mystère,
dégager la gangue qui emprisonne la pierre,
et peut-être se trouver face à soi-même.
Frères cailloux
Frères cailloux pleins de boue
cris de pierre dans la terre
cailloux de vitrine
cailloux ordinaires éclatés de lumière
êtes vous la Pierre ?
Sans bouche de chair
vous goûtez la saveur
grise
de la matière.
Éternelle seconde de l’univers
êtes vous la Pierre ?
Les visions de l’alchimiste
La porte est close.
Les genoux sont usés par la prière, le vieil alchimiste au visage ravagé par les vapeurs mercurielles, à l’esprit ébloui par la Lumière de la Nature, quitte son oratoire et regarde
le vase sur l’athanor.
Longtemps il contemple le vaisseau de verre.
Son imagination méditative est une étoile qui brille
très loin dans le labyrinthe souterrain des hallucinations.
Il fixe l’eau de vie métallique qui se tord et se morcelle,
et à la fin il voit.
Mondes aquatiques où s’ouvrent des gouffres d’où émergent des formes reptiliennes qui se mordent la queue, mandragores trop humaines en couples enlacés, dragons portant entre leurs ailes l’Homoncule Fils des Philosophes, et combien d’autre êtres issus du ciel ou de l’enfer.
C’en est trop,
et le vieil alchimiste, oubliant qu’il est très chrétien,
se prosterne devant le vase devenu utérus.
La voix à l’oreille
C’était une voix sans corps et sans visage.
C’était une voix qui murmure parfois à l’oreille de son cœur.
C’était la voix du vieil alchimiste qui habite dans les profondeurs de ses abysses.
Il lui disait : te souviens tu des temps où tu étais mon âme sœur ?
Unis par l’amour enflammé de l’Oeuvre, nous regardions du rivage de nos méditations passer les fiers vaisseaux des quatre vierges. Elles se tenaient en équilibre sur quatre globes, figures de proue vêtues de leurs voiles d’eau de terre d’air et de feu.
Unis dans la recherche sans fin des quatre degrés du feu,
consumés corps et âme,
nous allions de l’oratoire au laboratoire et du laboratoire à l’oratoire car il fallait sans cesse nourrir et faire grandir, comme un enfant, le feu de l’athanor.
Souviens toi …
Le premier feu doux comme la chair du nouveau né.
Le deuxième feu semblable à un soleil de printemps.
Le troisième feu brûlant comme un bois qui se calcine
Le quatrième feu, celui de la fusion.
Souviens toi …
Nous étions le vase sur l’athanor et ce quatrième feu à toujours été celui de notre mort, sœur trop aimée.
Et si c’était un rêve mon vieil ami ? lui répondit-elle,
les mains serrés sur son cœur dissous…
La Fleur d’Or
La Fleur d’Or pousse sur le fumier
me murmure à l’oreille le vieil alchimiste
visiteur de mes abysses.
Rejette la brillance menteuse de l’or vulgaire.
Ramasse le caillou jeté dans le chaos fertile
par un enfant en loques
rieur.
Ouvre les yeux de l’esprit
et dans l’ombre profonde du continent noir
tu verras clignoter une flamme d’Amour.
Recette alchimique
Sur l’athanor du feu d’un soleil intérieur
dépasser les limites
du chaos où fermentent les puissances séminales
et verser une goutte
infinie
d’or alchimique si pur
que par porosité le mélange grossier
se change lentement
en conscience totale.
Poésies d’Ariane Callot
Poésies alchimiques
- Alchimie, œuvre au noir
- Alchimie, matière première
- Alchimique conjonction
- Alchimie de l’ici et maintenant
- Alchimie de la mort
- Alchimie de la nature
- Alchimie divine
- Amours alchimiques
- Travail alchimique
- En écho à C.G. Jung
- Regards
- Rêves et visions alchimiques
- Microcosme
- Dans les profondeurs
- Musiques
Mémoires de l’Océan
Article de présentation des poésies