Sous le titre Contagion/Contamination ce numéro des Cahiers jungiens de psychanalyse regroupe un ensemble d’articles, tous en lien et bien ancrés dans l’actualité du moment.
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24,6 cm x 17 cm x 1,5 cm – 176 pages
Contenu du numéro Contagion/Contamination
Éditorial
Véronique Beldent, Laurence Lacour, Christian Marnette, Samira Richer-Villar
Images de rêve autour de la maladie et la guérison
Aniela Jaffé et Carl Gustav Jung, traduit de l’allemand par Alicia von Reiswitz Schlie
Autour du Phénix
Véronique Beldent
Au fil du temps, de l’histoire des sociétés, le mythe du Phénix s’est figé jusqu’à ne plus être que « renaître de ses cendres ». Pourtant dès son origine les éléments nucléaires du mythe sont ceux de la quaternité vivante du Soi primitif que l’image actuelle du Phénix ne représente plus. Les éléments structurels imagés perdurent, fragments dispersés et statiques, sans plus s’inscrire dans un récit mythologique. Dans ses dimensions temporelles verbales et poétiques le mythe est encore vivant et susceptible de métamorphose et de renaissance.
Contagion dans un foyer pour demandeurs d’asile et dans un pays d’accueil
Maria Giovanna Bianchi traduit de l’anglais par Sophie Braun et Laurence Lacour
L’auteure présente le cas clinique d’un demandeur d’asile âgé de neuf ans, originaire de Syrie. Elle illustre comment celui-ci a été exposé et a tenté de résister à une double contagion : celle des émotions non élaborées de l’ensemble des résidents du foyer de demandeurs d’asile où il vivait, et celle produite par la peur de « l’autre étranger » dans le pays d’accueil.
L’auteure avance l’idée que la psychologie analytique jungienne est une approche précieuse pour le traitement des victimes de violations des droits de l’homme. Ceci en raison du caractère crucial qu’elle accorde au dialogue conscient-inconscient, tant au plan individuel que collectif, ainsi que de sa capacité de penser l’inconscient collectif et l’ombre collective, qui sont le terreau fertile des graines de la contagion.
Paranoïa : La folie qui fait l’histoire
Préface à l’édition française
Luigi Zoja
La guerre des symboles
Dmytro Zaleskyi traduit de l’anglais par Laurence Lacour
L’auteur, analyste jungien ukrainien, nous expose certaines des conséquences psychiques de la guerre entre la Russie et l’Ukraine, au niveau individuel, dans la relation analytique ainsi qu’au sein des populations.
Il insiste sur les vécus de distorsion temporelle, de variabilité et de polarisation des attachements et finalement sur les effets de confusion de la « zone grise » des états traumatiques. Il examine également les relations historiques complexes et agitées entre l’Ukraine et la Russie en remontant à leur période impériale, où elles ne formaient qu’un seul état.
Il pointe les catastrophes collectives avec des millions de victimes survenues au xxe siècle, avec une politique secondaire d’amnésie, qui a empêché l’élaboration des traumatismes collectifs. Dans la période plus récente lui apparaît le mouvement d’émancipation et de différenciation du peuple ukrainien, dans une recherche de symbolisation authentique. C’est l’occasion d’un questionnement sur les usages et mésusages des symboles au niveau collectif et sur les dynamiques de constitution des sentiments d’identité nationale.
Fragments d’une « rêverie photographique », ombres portées du transfert
Ingrid Berckmans
Cet écrit propose une approche originale de la pratique du contretransfert sous la forme d’une rêverie photographique. Les photographies prises par l’analyste tout au long de la cure sont interprétées comme des représentations des scories déposées par la patiente dans l’espace analytique.
Elles ouvrent un champ réflexif qui nourrit la dynamique transférentielle et contre-transférentielle. Il traite de la contamination psychique, de la destructivité projetée, de l’élaboration d’une forme symbolique chez l’analyste et du passage de l’irreprésentable au figurable chez la patiente. Il interroge le rôle de la créativité de l’inconscient, oeuvrant à l’émergence du processus de symbolisation chez l’analysant et permettant l’accès au dégagement d’une commune inconscience.
La contamination et Marguerite Duras
Christiane Fonseca
À son époque, Marguerite Duras a créé une véritable pandémie littéraire. Les uns, comme Alain Vircondelet, Xavière Gauthier, Colette Fellous, Yann Andréa l’ont portée aux nues, d’autres comme Philippe Sollers, Jean-Paul Sartre l’ont très mal supportée.
Mais son œuvre a fasciné et fascine encore nombre de ses lecteurs qui sont comme imprégnés par ses romans poétiques, ravis par ses histoires d’amour, envoûtés par son écriture, comme contaminés par ce qu’elle appelle son « ombre interne » qui joue un rôle essentiel dans son écriture.
Portfolio
Maryse Dardaillon
Mon expérience du début de la pandémie de COVID-19 en Italie
Antonio Karim Lanfranchi
À bien des égards, l’impact psychique de la pandémie est encore souvent traité comme une parenthèse que l’on préfère oublier. Au pire, elle apparaît comme une brève discontinuité dans la trajectoire linéaire de la modernité, un traumatisme passager à réintégrer dans le schéma uniforme de la normalité. Ou comme un défaut transitoire dans la production économique des corps dans un but de profit et de croissance.
Dans cet article, je rassemble mes réflexions sur la pandémie comme opportunité de changement, comme une blessure qui peut ouvrir à une dimension autre, inconnue ; non pas un événement traumatique collectif à oublier ou à réintégrer, mais une ouverture apophatique et donc une réelle perspective de crise systémique.
En partant de mon expérience personnelle, je décris ma découverte de la proximité naturelle de la maladie et de la mort et la façon dont seule l’expérience collective du deuil peut honorer la mémoire sans nier ou refouler la vulnérabilité commune.
Reconnaître que notre vie ne nous appartient pas complètement nous met dans la condition d’affirmer activement notre interdépendance, de pouvoir nous ouvrir à une alternative à la théologie apocalyptique ou postapocalyptique dominante et à ses dérives paranoïaques. Le Compost devient donc un paradigme de la conscience collective, non pas vers une écologie de durabilité systémique, mais comme un « être avec l’autre » qui respecte l’inconnaissable et peut ouvrir au changement.
Plaie mobile n’est pas un jeu d’enfant
Carole Mercier
Comment s’extraire d’un espace mortifère et laisser respirer sa vraie nature ?
La profondeur des dessins de cet enfant va y contribuer tout au long de ce processus créatif. Symbole du soi, la tortue dessinée par Timéo va prendre vie. Véritable guide de bord commun permettant de respecter la temporalité intérieure de cet enfant, la tortue va nous aider à supporter les tensions et accueillir les émotions tapies dans l’inconscient.
Entre le Titanic, métaphore de la dépression masquée et l’Hermione, celle de sa propre restauration intérieure, la tortue va nous aider à prévenir les risques d’une contamination négative et réguler les pics anxieux, pendant le processus thérapeutique mais aussi au cours de ce travail d’écriture.
Coronavirus : l’activation d’archétypes du mal provoque-t-elle un excès de souffrance psychologique ?
Nancy van den Berg-Cook traduit de l’anglais par Samira Richer-Villar
La peur et la douleur causées par la pandémie ont produit dans la psyché collective un puissant récit inconscient, à savoir que le coronavirus est dirigé par une force intrinsèquement maléfique ou éventuellement divine. La dimension archétypale de peur qui en résulte génère une couche supplémentaire de douleur psychique chez les individus.
Cet article étudie comment et pourquoi ce récit est créé et en quoi il est si convaincant. L’article procède en examinant la nature de la psyché humaine qui tend à fabriquer des mythes, les dynamiques psychiques de la peur qui motivent le récit, les propriétés du coronavirus et de la pandémie qui activent les pôles négatifs de certains archétypes, et en particulier l’archétype du mal, puis la façon dont la psychologie analytique peut aider à soulager la douleur psychique produite par ces récits négatifs. Invoquer la fonction transcendante est une possibilité.
Les expériences personnelles de l’auteure à la fois biochimiste et analyste, éclairent sa conception selon laquelle la fonction transcendante peut promouvoir la guérison.
Rêver la pandémie
Delphine Renard
En se fondant sur des écrits de Jung concernant les rapports des rêves et du collectif, l’auteure analyse une vingtaine de rêves des premiers dix-huit mois de la pandémie de covid en France. Il en émerge une évolution chronologique : les cataclysmes naturels ou la guerre cèdent peu à peu la place à des scènes plus réalistes en rapport avec le confinement et les interdits sociaux. L’inconscient collectif se diffracte ainsi à travers les rêves dans les inconscients individuels, permettant alors au moi de chacun, seul apte à le traiter, de s’en saisir pour travailler à un élargissement des consciences.
En mémoire de Denyse Lyard (1926-2022)
Brigitte Allain Dupré
Bloc-notes
Delphine Renard
Revue des revues
Laurence Lacour
Décembre2022
A lire également
- Entretien autour des Cahiers Jungiens de Psychanalyse avec Reine-Marie Halbout, à l’occasion de la sortie du no 152, février 2021
Présentation des numéros suivants des Cahiers Jungiens de Psychanalyse sur le site EFJ :
- Jung dans le monde, no 159 – 2024
- Brûler, no 158 – 2023
- Esprits de la nature, no 157 – 2023
- Contagion/Contamination, no 156 – 2022
- Des fins, no 155 – 2022
- Au commencement, no 154 – 2021
- Intimités, no 153 -2021
- Nature(s), vivre la terre, no 152 – 2020
- Souviens-toi de ton futur, no 151 – 2020
- Images, représentations et mondes virtuels, no 150 – 2019
Ouvrages :