Que pense Jung des phobies et de leur traitement ?
Qui n’a pas une phobie plus ou moins handicapante ? Phobie des serpents, du vide, de la foule et autres choses ou situations parfois surprenantes. On a du mal à comprendre la terreur que quelqu’un peut ressentir devant un clown ou un papillon.
L’origine des phobies selon Jung
Dans son livre Aïon, Jung propose une explication sur l’origine des phobies et des obsessions sans fondement apparent.
Pour résumer sa pensée en quelques mots, l’origine de ces troubles serait due à un manque de matériaux symboliques. Il s’agit d’enfants auxquels on n’a pas raconté assez de contes ou de légendes, ou d’adultes qui auraient eu besoin de s’appuyer sur des concepts religieux. Les contenus de l’inconscient qui arrivent à la conscience ne peuvent être ni interprétés ni intégrés ce qui provoque des phénomènes pathologiques de submersion du conscient.
Peut-on guérir les phobies ?
C.G. Jung dans son ouvrage Psychologie du transfert exprime une opinion très personnelle au sujet des phobies. Il met en garde contre un excès de soins, ce qu’il appelle « l’enthousiasme thérapeutique », et dit que « tout ne peut pas être guéri, tout ne doit pas être guéri ». Il raconte, à titre d’exemple, deux histoires qui seraient incroyables si on ne connaissait pas le sérieux de Jung.
La première concerne une femme qui souffrait depuis longtemps d’une dépression et d’une phobie de de la ville de Paris. La dépression fut guérie mais la phobie demeurait. Cependant, elle se sentait tellement bien qu’elle décida de prendre sur elle et de venir à Paris. Elle réussit à atteindre Paris mais le lendemain de son arrivée elle eut un mortel accident d’automobile.
La seconde histoire est celle d’un patient atteint d’une étrange et inguérissable phobie des perrons. Il fut pris par hasard dans un affrontement de rue. Il y eut des coups de feu et, terrorisé, il voulut, malgré sa phobie, se réfugier dans un édifice public auquel on accédait par un perron. Il gravit le perron en courant et c’est alors qu’il fut atteint par une balle perdue. Il s’écroula sur les marches et mourut.
Jung en conclut que les symptômes psychiques doivent être considérés avec une grande prudence et que la psychothérapie doit se montrer modeste car nous sommes loin de connaître toutes leurs significations.
Les personnes rationnelles diront qu’il s’agit d’un hasard mais Jung évoque « d’inexplicables complications du destin qui se voilent sous le couvert d’une névrose ».
On reste perplexe. Une interprétation un peu hardie de la pensée de Jung ne peut-elle pas suggérer que certaines phobies sont la mise en garde d’un inconscient qui fonctionne dans une autre temporalité et qui « sait » qu’un danger menace ?
Ariane Callot, mars 2023
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