Nous vous présentons le numéro 9 (automne 2020) de la Revue de Psychologie Analytique (@RPA) qui regroupe 5 articles.
14,9 cm x 21 cm x 0,9 cm – 188 pages
Édité par la Revue de Psychologie Analytique
Au sommaire
Déifier l’âme. De Ibn Arabi à Carl Gustav Jung
La rencontre d’Ibn Arabi à la Kaaba avec Nizhâm bint Makin ad-Din, sensuellement et intellectuellement séduisante, marque un tournant dans la vie et l’œuvre du grand mystique soufi.
À partir de son histoire, l’auteur réfléchit à la dynamique de l’anima, à la place de l’ambigüité dans les traditions mystiques, et que Jung évoque notamment à propos de Job.
Pour Jung, l’incarnation de Dieu,est un paradigme enraciné dans la psyché humaine en tant que relation entre le Soi et le moi, expression de la structure religieuse de la psyché et de son aspiration à la transcendance.
Navid Kermani, traduit par Christian Raguet
Né en 1967, il vit comme écrivain à Cologne. Il a étudié l’orientalisme, la philosophie et le théâtre à Cologne, au Caire et à Bonn, où il a obtenu un diplôme postdoctoral (« Habilitation »). Il est membre de l’Académie allemande de langue et de poésie et de l’Académie des sciences de Hambourg. Pour son travail littéraire et académique, il a reçu de nombreux prix, dont la médaille Buber-Rosenzweig, le prix Hannah-Arendt, le prix Kleist, le prix Joseph-Breitbach et le prix de la paix.
Ouvrir un cœur fermé : travail clinique centré sur les affects, avec les victimes de traumatismes précoces
Cet article commence par montrer qu’un traumatisme précoce conduit à de puissantes défenses dissociatives qui nuisent à la capacité à ressentir. Il explore ensuite les moyens de restaurer cette capacité grâce à une attention centrée sur le corps quand survient l’affect en situation psychanalytique.
En s’appuyant sur l’expérience personnelle de l’auteur quand il était en analyse ainsi que sur un cas de traumatisme précoce grave, il démontre l’effet destructeur de conscience des défenses primitives et indique comment les techniques corporelles sont prometteuses pour restaurer le sentiment de vitalité chez le patient et donc ouvrir l’inconscient à ces images d’affect qui sont les éléments constitutifs de l’imagination humaine.
Une dernière partie se concentre sur la négligence des sentiments dans la psychologie jungienne et suggère que « créer de la conscience », ce que Jung évoque comme « le mythe de [sa] vie », est fondamentalement un processus de transformation émotionnelle – consistant à faire prendre conscience de la souffrance inconsciente, en tant que sentiments.
Donald Kalsched, traduit par Christian Raguet
Ph.D., analyste jungien et psychologue clinicien, il exerce à Santa Fe, au Nouveau-Mexique. Il est membre de l’Institut C. G. Jung de Santa Fe, membre enseignant senior et superviseur au sein de la Société interrégionale des analystes jungiens (IRSJA). Il donne des conférences aux USA et à l’étranger sur le thème des traumatismes précoces et de leur traitement. Il est l’auteur de nombreux ouvrages.
L’analyste en tant que citoyen du monde
Commençant avec un « grand rêve » d’il y a presque cinquante ans, cet article suit le mouvement d’aller et retour entre l’adaptation intérieure/individuelle à la vie et les adaptations extérieures/collectives, ceci à travers les différentes étapes du voyage de la vie.
Une orientation plus intérieure à une étape de la vie cède la place à une adaptation plus extérieure à une autre étape et vice versa. On peut trouver un parallèle entre ce mouvement et l’alternance entre une phase de la vie où l’accent est mis exclusivement sur l’analyse et une autre phase où l’analyse et l’activisme se partagent le terrain.
Au cœur de ce récit on trouve la réalisation qu’un grand rêve intérieur fait il y a plusieurs dizaines d’années symbolisait à la fois un chemin intérieur consistant à développer une relation avec les énergies qui soutiennent la vie et une voie dans l’extériorité consistant à faciliter la découverte et la participation d’autres personnes à ces énergies.
Le rêve anticipait ainsi un avenir plus activiste, reliant l’intérieur avec l’extérieur, l’individuel avec le collectif dans divers projets professionnels. Il en est résulté des moments fugaces de réalisation du fait que « l’esprit des profondeurs » et « l’esprit du temps présent » peuvent avoir un point de rencontre.
Thomas Singer, traduit par Brigitte Vienne
MD, psychiatre et psychanalyste jungien il exerce à San Francisco. Il est l’éditeur d’une série de livres explorant les complexes culturels en Amérique latine, en Europe, en Asie, en Australie et en Amérique du Nord. Ses intérêts incluent l’étude de la relation entre mythe, politique et la psyché dans The Vision Thing et la série Ancient Greece, Modern Psyche. Il est l’actuel président de National ARAS, une archive d’images symboliques qui a créé Le Livre des symboles.
La Psychose, une réponse à la Peur
Cet article vise à offrir un modèle de compréhension de l’expérience psychotique, intégrant à une base neurologique des concepts psychologiques utilisés par diverses approches psychothérapeutiques. La pharmacothérapie y occupe une place secondaire, non négligeable.
À partir d’une description détaillée de la réponse neuro-physio-psychologique face à la menace/danger, soit le « figer, fuir, foncer » typique et l’émotion de peur comme indice de cette réponse, nous verrons comment l’enchaînement stimulus-réponse s’applique autant à la réponse anxieuse qu’à la solution psychotique.
Un continuum est proposé allant de la phobie simple avec son évitement de type comportemental jusqu’à la psychose et son évitement de nature psychique.
Dans ce modèle, la psychose constitue une forme d’évitement. Elle fait partie d’un système de protection activé lorsque le patient est « menacé » de ressentir un trauma/souffrance/danger « insupportable ». Les réponses de ce système (isolement, hallucinations, délire, etc.) se produisent de manière automatique. Ces réponses psychiques orientent l’attention du patient et celle des soignants à distance de l’objet véritable de la peur.
L’origine du problème demeure donc inconsciente pendant que le patient et les soignants sont « occupés » par une « autre réalité », par une peur attribuée à l’extérieur, résultat de la projection de ce qui demeure dénié à l’intérieur.
L’article propose des moyens pratiques illustrés par des exemples permettant de remonter jusqu’à l’objet de la peur à partir du contenu des manifestations psychotiques. Dans le contenu des hallucinations, des phénomènes paranoïdes, des délires et des rêves se trouvent les éléments qui permettent d’éclairer ce qui est évité au moyen de ces manifestations.
En pratique, l’identification de l’objet de la peur ne résout pas tout. Il faut aussi que la souffrance suscitée dans le patient soit contenue, d’abord par le thérapeute, ensuite par le thérapeute avec le patient puis par le patient lui-même. On peut ainsi espérer que le patient se voie libéré de l’emprise du système de protection contre cet objet. Cette personne peut alors devenir libre de vivre sa propre vie.
Ce trajet « idéal » est impossible si le thérapeute ne possède pas une représentation adéquate de ce qui se passe à l’intérieur du patient et entre lui et ce patient. Cet article propose une telle représentation.
Daniel Bordeleau
Il est médecin, psychothérapeute, analyste jungien et superviseur clinique. Diplômé de l’Inter-Regional Society of Jungian Analysts, il est aussi professeur adjoint de clinique au département de psychiatrie de l’Université de Montréal. Après plus de trente ans de pratique clinique en psychiatrie institutionnelle, il est maintenant membre honoraire du département de psychiatrie de l’Institut universitaire en santé mentale de Montréal où il offre de la supervision à des psychiatres et des psychologues. Il est l’auteur de plusieurs ouvrages : « Face au suicide », « Les personnages de contes de fées en nous » et« La psychose, une réponse à la peur ».
Flournoy entre Freud et Jung, L’inconscient mytho-poïétique
Cet article se propose de relever un défi historiographique sur une des ruptures les plus importantes dans l’histoire de la psychanalyse, celle de Sigmund Freud et Carl Gustav Jung, sur laquelle chacun des protagonistes a donné sa version.
Pour parler de l’inéluctable, l’un et l’autre ont trouvé des images. Histoire d’un complexe paternel, procès d’individuation et de prise d’indépendance, « déviation théorique » à l’orée du maternel et du religieux, différence de tempérament. Drame d’un dauphin très tôt reconnu et embarrassé de l’être…
Défi historiographique où il s’agira d’« oublier Freud », non pas pour se passer de la psychanalyse, mais plutôt pour introduire la présence de Théodore Flournoy et ses recherches sur l’occultisme, derrière la rupture entre Jung et Freud. Entre Jung et Flournoy, des intérêts communs pour l’occulte, l’imagination créatrice, le religieux. Entre Jung et Freud, la dementia praecox et la paranoïa.
Aussi dans cet article, tracerai-je autour de ces trois hommes, via les rêves et les évènements auxquels ils ont été mêlés, des correspondances entre l’imagination créatrice, l’inconscient …
mythopoïétique, le délire, la démence précoce, la guérison.
Karima Amer
Docteure en psychopathologie et psychanalyse, et historienne indépendante de la psychanalyse, elle est membre du National Coalition of Independant Scholars (États-Unis). Ses recherches historiques portent sur l’inconscient au XIXe siècle et l’héritage des psychologies du subliminal sur les fondations de la psychanalyse et en particulier l’apparition d’un inconscient mytho-poétique. Elle est également psychologue clinicienne dans un service de psychiatrie infantile et travaille sur l’exil et la migration des parents, des bébés, des enfants et adolescents et notamment sur le risque transculturel de grandir dans un pays autre que celui de ses parents, parfois dans une autre langue.
Un éditorial et une revue des livres et des revues complètent ce numéro.
Revue de Psychologie Analytique (@ R P A)
Cette revue francophone à vocation internationale, de niveau universitaire, est ancrée dans la pensée jungienne et ouverte à d’autres approches de la psyché humaine. Voici les numéros présentés sur le présent site :
- Revue de Psychologie Analytique no 12 (été 2023)
- Revue de Psychologie Analytique no 11 (été 2022)
- Revue de Psychologie Analytique no 10 (automne 2021)
- Revue de Psychologie Analytique no 9 (automne 2020)
- Rencontre entre psychologie analytique et recherches universitaires les 29 et 30 août 2018.