Des scènes oniriques violentes montrent le combat que se livrent les animus positifs et négatifs.
Les scénarios d’affrontement
L’histoire des affrontements et même des guerres sont, dans les séries du Rêveur et de la Rêveuse, un thème permanent ne perdant de sa violence qu’après une lente évolution.
Observons les moments marquants du combat entre deux animus aux projets opposés. Nous prêterons aussi attention aux conseils de l’inconscient pour surmonter cette situation et arriver à une réconciliation, destinée à favoriser l’acceptation par la Rêveuse de sa féminité.
Les soldats, guerriers, gendarmes et autres militaires font partie des scénarios. (cf.rêves 11, 15, 48, 70, 87, 98). Les armes sont nombreuses et variées. Rien que dans la première partie, on trouve des couteaux, un fusil, un revolver, des épées, un sabre, et une tronçonneuse. Même la petit fille du rêve 43, brandit des tenailles pas très rassurantes . Dans la deuxième partie se trouvent encore un glaive, un fusil et des flèches (cf. rêves 106, 112, 119).
Rêve no 43 : l'afficher
Il n’est donc pas étonnant qu’on arrive, au rêve 70 vers la fin de la première série, sur un champ de ruines. Heureusement, une possibilité de paix est évoquée puisqu’un soldat propose une jolie robe à fleurs à la Rêveuse.
Rêve no 70 : l'afficher
Mais cette guerre, qui consiste essentiellement en un affrontement entre la Rêveuse et son inconscient, ne pourra s‘apaiser que par l’établissement d’une relation harmonieuse conscient-inconscient.
L’homme humilié
Comme nous l’avons déjà dit, l’animus négatif ne supporte pas que la Rêveuse soit une femme. Il préfère représenter la féminité sous l’aspect d’hommes humiliés.
On observe, dès le rêve 6, une triste vision du père, première apparition pour une fille du principe masculin. Il est montré en piteux état, réduit à un pantin qui n’est mû par aucune volonté propre. La Rêveuse et lui sont nus, et la seule chose qui rende supportable ce contact c’est que ce n’est pas mal, termes que l’on peut aisément traduire par ce n’est pas un mâle, c’est un homme castré.
Le personnage du père revient au rêve 17 où la Rêveuse montre quelque tendresse envers cette pitoyable image masculine. Le père retrouvera, bien plus tard (cf. rêve 98) sa juste place de racine masculine de la Rêveuse. En effet, il est au centre, il danse et il a l’air très heureux car il est le roi du bal.
Rêve no 17 : l'afficher
L’homme a aussi l’opportunité d’être un homme, tout en étant femme, un homosexuel. C’est ainsi que la Rêveuse explique son malaise en disant à sa mère : si nous avons eu des différents c’est à cause d’une vieille folle de tante qui a raconté des histoires pour nous faire disputer (cf rêve 21). Cette projection sur un homosexuel se retrouve dans un autre rêve non répertorié parce que trop personnel.
Le point de vue à partir de l’animus d’un homme faible, torturé, humilié, atteint son acmé dans une série de rêves récurrents. Le rêve 57 où un malheureux homme nu est torturé à la tronçonneuse par une ombre menaçante vêtue de cuir noir est digne d’un film gore.
Rêve no 57 : l'afficher
Cependant, toutes ces manifestation de l’animus ne sont pas à la hauteur de l’idéal inconscient de la Rêveuse, inconscient dominé par un animus négatif dont l’image avait été proposée au rêve 20. Rêve qui montre que le véritable souhait de la Rêveuse serait d’être un vrai homme puissant et brillant, tel ce chef d’orchestre reçu triomphalement dans sa ville natale.
Ainsi, ayant perdu toute féminité elle ne risquerait plus d’être une victime. Nous rappelons ici que selon la théorie de Jung du noyau central de signification l’ordre dans le temps de l’apparition des rêves d’une série n’a pas d’importance.
Ainsi, au cours de plusieurs songes, la Rêveuse est un homme. Comme cette situation est tout à fait inacceptable dans le cadre du projet de l’inconscient, nous avons affaire à des scènes très violentes. Un groupe de rêves, dont le rêve 37 est est une bonne illustration, décrit cette lutte qui se termine par un concours entre un homme et une femme.
Rêve no 37 : l'afficher
Le rêve 35, à lui tout seul une petite tragédie, fait allusion au Yi king, ouvrage dont on peut raisonnablement supposer que la Rêveuse a pris connaissance. Le pair est féminin et l’impair masculin. Un homme avec un fusil exerce une violence sur la Rêveuse. Il l’oblige à l’accompagner, l’implique, pendant qu’il tue l’impair masculin. Ce tueur remplit alors le contrat d’un inconscient familial pour lequel l’homme doit être éliminé.
Rêve no 35 : l'afficher
0n franchit un autre degré au moment où le tueur pense que la Rêveuse est impair, c’est à dire masculin. L’homme au fusil représente alors la rétorsion de l’inconscient, qui depuis un moment (cf rêves 20, 28 et 29), demande avec insistance que l’identité masculine de la femme soit abandonnée. C’est cette identité qui est visée et la grave menace inconsciente planant dans toute cette série de rêves atteint ici un point culminant. On peut remarquer que l’on se trouve, avec ces rêves, dans une ambiance policière très noire.
Cependant, probablement parce que son conscient n’est pas submergé, la Rêveuse a l’énergie suffisante pour retourner le fusil contre les violentes forces inconscientes qui l’agressent. Le fait de retourner le fusil symbolise un nouveau mouvement dans le parcours chaotique de ce cheminement. Elle est sauvée et elle a pris conscience du danger encouru.
Nous avons dans certains des rêves décrivant cette guerre au sein de la psyché un bel exemple du côté très scénarisé des productions oniriques.