A l’heure où sont prises des mesures de confinement liées à la propagation du Covid-19 à l’échelle mondiale, une possibilité nous est offerte de goûter aux bienfaits de l’introversion.
L’introversion n’est pas synonyme de repli sur soi
Le grand public et les médias associent la plupart du temps l’introversion au repli sur soi, à une attitude maladive. Ce n’est bien évidemment pas le cas et l’on compte parmi les extravertis, et dans des proportions voisines, bon nombre de personnes repliées sur elle-même et autocentrées.
Chacun de nous a la possibilité de se tourner vers la vie intérieure. Les extravertis découvrent le plus souvent leur monde intérieur par le biais de lectures ou de rencontres extérieures. Les événements de la vie les contraignent parfois à un retour sur soi bénéfique. Lorsqu’ils comprennent l’importance de la vie intérieure, ils deviennent les meilleurs ambassadeurs de l’introversion.
Extraversion et introversion
Nul n’est totalement introverti ou extraverti. C.G. Jung qui a défini les concepts d’extraversion et d’introversion dans son ouvrage Les types psychologiques, l’indique très clairement. Marie-Louise von Franz, dans son livre Psychothérapie, plus accessible et didactique, précise les différences d’attitude:
« Chez l’extraverti, la libido consciente se dirige habituellement vers l’objet, mais il y a en retour une secrète réaction inconsciente vers le sujet.
Dans le cas de l’introverti, c’est l’inverse qui se produit : il a le sentiment qu’un objet envahissant cherche sans cesse à l’affecter et qu’il doit continuellement s’en éloigner. Tout lui tombe dessus ; il est constamment submergé par des impressions, mais il ne se rend pas compte qu’il renvoie secrètement de l’énergie psychique à l’objet par l’intermédiaire de son extraversion inconsciente. » p. 27/28
Un lieu propice à la réflexion
Les êtres humains de grande envergure sont tous familiers de moments d’introversion profonde. Jung, pour sa part, s’est souvent retiré, plusieurs semaines durant, dans sa tour de Bollingen située en bordure du lac de Zurich. Marie-Louise von Franz, l’une de ses plus proches collaboratrices, lui a emboîté le pas dans la tour qu’elle a édifiée sur les coteaux de ce même village suisse.
Ces lieux, propices au retour sur soi, font fuir la plupart de nos contemporains. Ceux-ci préfèrent s’agglutiner dans des espaces exigus, côtoyer des milliers de personnes. Les liens à partir d’internet leurs sont indispensables. Reliés à un monde hyperconnecté, il sont le plus souvent complètement déconnectés de toute réalité et en totale solitude. L’extraversion est ici poussée à son maximum.
La promiscuité est malheureusement le seul choix pour certains. Nombreuses sont les personnes qui occupent des logements trop exigus, ou qui sont contraintes de survivre dans des camps de fortune, sans oublier ceux qui n’ont pas d’autre domicile que la rue.
La nécessité de disposer d’un espace personnel
Aménager un espace personnel favorable au travail sur soi, à la méditation ou au recueillement, est une nécessité. Cet espace doit être inviolable, respecté de l’entourage. Dans la plupart des cas cela est possible: un simple rideau peut cloisonner une pièce dans un appartement situé en plein cœur de nos cités.
Cette nécessité est du même ordre que le besoin d’être raccordé aux différents réseaux: eau, assainissement, électricité, internet etc. C’est un moyen indispensable pour favoriser la différenciation et le développement des individus.
« C’est l’individu qui, en tant que donnée irrationnelle, est le véritable porteur de la réalité. C’est dire que c’est l’individu qui est l’homme concret, par opposition à l’homme normal ou à l’homme idéal… »
C.G. Jung, Présent et avenir, p. 20
Se tenir à bonne distance
Jung n’a cessé sa vie durant de souligner les dangers liés à la massification. L’épisode de confinement (2020) nous oblige à prendre toute une série de mesures, dont l’une d’elles consiste à se tenir à une certaine distance des personnes que nous rencontrons.
Nombreuses sont les personnes qui empiètent, voire envahissent notre territoire, et sont contagieuses. Elles peuvent l’être lors d’épisodes de transmission de virus (grippe, etc.) qui sont des phénomènes naturels auxquels il est difficile d’échapper, mais plus insidieusement sous d’autres formes et dans la vie de tous les jours.
Les virus sur le plan symbolique
Les virus sur un plan symbolique, mais tout aussi réel, regroupent des charges affectives composées d’affects, d’idées, d’images, de pensées, infondées et négatives. Elles se propagent et nous contaminent.
Les porteurs sont souvent des sujets sains dits « normaux ». Or leur toxicité est avérée et, à notre tour, nous courrons à leur contact le risque d’être contaminés et de transmettre, en toute inconscience, ces charges négatives.
Les antidotes
Les rêves sont comme une newsletter quotidienne à laquelle nous sommes abonnés. Les informations reçues nous concernent au premier chef. Prendre le temps de les noter, d’y ajouter croquis ou dessins, de les placer dans le contexte du moment, de les analyser, sont le plus sûr moyen de faire contrepoids à tous les éléments qui nous assaillent de l’extérieur.
S’ajoutent les synchronicités qui jalonnent nos trajets de vie et qui ne manquent pas de nous surprendre, alors qu’on s’y attend le moins. Elles font écho au lien qui existe entre matière et psyché.
Une juste distance avec autrui et avec les événements extérieurs doit être observée. Elle favorise l’altérité, la différenciation. Chacun, ainsi, occupe sa juste place et est relié plus fortement et durablement aux autres.
Il nous appartient de construire et de protéger notre espace intérieur !
Mars 2020
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Jean-Pierre Robert
Jean-Pierre Robert, fondateur du présent site, assure la mise en ligne des contenus. Il est le rédacteur de plusieurs articles, présentation d’ouvrages, entretiens et assure la mise en page du site.
Il a coanimé des séminaires de formation en binôme avec Chantal Armouet de 2017 à 2023.
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